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Théorie Néo

AVERTISSEMENTS

AVERTISSEMENTS

Hier, aujourd’hui, demain.

Ce livre est dédié à ceux qui ont découvert,
À ceux qui en profitent
Et à nos enfants qui en payeront le prix.


Toute ressemblance
Avec certains personnages présentés ici
Et des personnes vivantes ou ayant vécu
Ne pourraient être que le fait d’une coïncidence.

L’auteur décline toute responsabilité à cet égard
Et rappelle qu’il s’agit ici d’une œuvre de pure fiction.


Sébastien A.



Nous sommes tous :
Coupables, victimes ou complices silencieux.


En un mot : reponsables.


Chapitre I

Chapitre I

- Le piège -

15 h 30, Comité scientifique international.

Quentin Leblanc, Scientifique, professeur et chercheur en archéologie de réputation mondiale, spécialiste dans l’étude des sociétés disparues et directeur du comité scientifique de la « Fondation internationale des sciences et des savoirs », institut qui ouvrait aujourd’hui les portes de son forum géant au public qui venait écouter le professeur qui avait organisé ce jour cette grande rencontre, n’en menait pas large.

Quentin Leblanc avait la sensation d’avoir fait un retour d’une cinquantaine d’année dans sa vie, et se présentait comme l'élève qu’il fut, le dos ruisselant de sueur et les mains moites.

Du haut de ses 78 ans, il était comme un enfant tremblant devant une expérience nouvelle et qu’il devinait dangereuse.

Dans les coulisses du grand forum, il tremblait et refusait de monter sur l’estrade pour s’adresser à ses collègues, aux politiques, aux scientifiques de toutes natures et mécènes de la puissante organisation réunis par lui pour l’occasion.

A 78 ans, il n’est pas facile d’être au mieux de sa forme quand on a passé toute la nuit à lire et relire son discours, apportant ici et là quelques retouches jugées essentielles pour satisfaire à un auditoire qui, à n’en pas douter, ne lui donnerait aucune marque de bienveillance.

Ce n’était pourtant pas la première fois que Quentin Leblanc se présentait devant une assemblée, loin s’en faut, mais cette fois ci, il savait que le combat d’une bouche et d’une détermination sans faille contre quelques milliers d’oreilles hostiles ne serait pas facile.

Dans son esprit, il partait perdant d’avance, ce qui n’est pas l’idéal lorsqu’on doit vaincre.

Bien qu’il se soit plusieurs fois convaincu que tout irait bien, il ne pouvait chasser le doute qui s’était installé en lui dès la dernière convocation envoyée.

Pourtant il le fallait, il fallait passer par ce mauvais moment comme le capitaine de navire se doit d’affronter la tempête quelles qu’en soient les conséquences. On ne saborde pas son navire sous prétexte que l’on a peur de se mouiller.

Cette fois ci, il n’était pas question de dire ce que tout le monde savait déjà, de faire un compte rendu d’activité ou des finances de la fondation.

Cette réunion c’était la réunion que Quentin Leblanc avait sans le savoir préparé toute sa vie.

Un coup d’œil entre les grands rideaux qui clôturaient la scène ou était dressé le podium d’où il allait s’adresser à la planète via le gratin du monde réunit par les soins précieux de sa jeune secrétaire et un frisson parcouru le corps du vieil homme.

Quentin Leblanc à put voir presque tous ses invités de marque individuellement depuis plusieurs mois, mais, et bien qu’ils aient tous essayé de lui soutirer des informations, ils ne savaient pas la raison qui les avait réunis ce jour.

IL mit sa main dans sa poche et y rencontra un morceau de papier plié en quatre.

Une crampe d’estomac figeait Quentin Leblanc et le :

- C’est à vous professeur ! le cloua sur place.

Déjà le grand rideau s’ouvrait et le silence s’installait dans la grande salle.

Quentin Leblanc était livide, les membres tremblants et une envie de vomir lui torturait le ventre.

- N’ayez pas peur professeur.

- Vous savez ce que vous avez à dire.

- Nous savons que tout va bien se passer, tenez, prenez votre discours.

Les mains de Quentin Leblanc tremblaient, sans en avoir conscience, il lâcha la feuille de son discours qui virevolta avant de s’allonger en silence.

- Pardonnez moi mes enfants, je suis stupide, je ne devrais pas trembler comme ça mais, je ne le sens pas, je n’ai jamais aimé parler en public, et toute cette agitation me presse, je crois qu’il faut que j’aille vomir.

Rapidement, l’assemblée des proches élèves et amis du professeur s’ouvrait pour accompagner le vieux monsieur à barbichette vers les lavabos.

La détresse du vieil homme brisait le cœur de l’assemblée réunie pour le soutenir. Quentin Leblanc entra dans les sanitaires et s’y enferma.

Il sorti le morceau de papier de sa porte et relu le derniers des innombrables messages qui l’assaillaient depuis plusieurs mois :

« Professeur, ne vous obstinez pas, nous vaincrons, il est encore temps de reculer.»

- « Je suis idiot de réagir comme ça », se dit-il.

Il se regarda dans le miroir qui surplombait un lavabo en verre d’une propreté irréprochable. Ses yeux étaient fiévreux et il tremblait. Un instant il eut envie de fermer les yeux et laisser son esprit torturé quitter son corps de vieil homme malade. Au bord du miroir, coincé contre le mur, Leblanc reconnaissait la couleur et la trame, il extirpa le petit papier.

« Vous vous entêtez Leblanc, pourquoi ? À votre âge, l’aquarelle ou la cuniculture serait un bien meilleur moyen de vous occuper… »

Machinalement, il prit dans sa poche une petite boite en argent trouvée il y a une trentaine d’année sur un chantier de fouille et en retira une petite pilule blanche à l’aspect inoffensif. Il la contempla se demandant s’il était bien utile de prolonger encore cette vie qui, finalement, ne lui apportait pas tant de satisfaction.

De l’autre coté de la porte il devinait l’angoisse de ses amis, ses collèges proches. Sans plus réfléchir, il goba la gélule qu’il fit passer pas un peu d’eau versée au creux de sa main.

Devant le miroir, il mima en silence son discours qu’il connaissait par cœur, cela faisait presque quarante ans qu’il le préparait, se le répétait dans l’espoir, un jour, de le livrer au monde, quarante ans, une vie, sa vie.

- « Je suis comme une vedette, j’ai le trac ».

Une amie chanteuse professionnelle lui avait dit un jour qu’elle combattait son trac en brisant tout ce qu’elle pouvait se mettre sous la main, le seul fait de voir que les techniciens, l’impresario et tous les gens en coulisse ne pouvait pas l’arrêter dans ses actes de vandalisme lui redonnait confiance. Quentin Leblanc ne s’imaginait pas en train de tout briser au palais de congrès, pour le coup, il était sur qu’on ne lui laissera pas faire son discours et que sa carrière s’achèverait sans doute dans un de ces asiles de luxe ou l’on a déjà placé quelques uns des ses anciens camarades d’étude et de travail.

Tous ses étudiants et amis étaient derrière la porte et l’un d’entre eux osa un petit :

- Professeur ?

- Oui j’arrive immédiatement.

Une fois de plus la petite pilule blanche avait bien rempli sa fonction.

A la porte, à nouveau la masse s’ouvrit pour laisser au professeur la voie libre pour l’entrée sur scène via la coulisse

- « L’entrée des artistes » pensa Leblanc, cette idée le fit sourire.

Près de vingt milles personnes attendaient patiemment dans l’enceinte du forum « Palais des sciences et des savoirs », les équipes de télévision avaient travaillé depuis deux jours pour que la retransmission en direct soit effectuée dans les meilleures conditions pour preuve les nombreux camions aux logos des grandes chaines de communication du monde qui étaient garées dans le grand parking du palais. Déjà, quelques chaines présentaient le professeur Leblanc via divers reportages qui trainaient dans leurs archives.

On savait, tout du moins on se doutait, qu’ici se préparait un moment historique comme le premier pas sur la lune ou la première diffusion en direct d’images sous marines.

Bien que personne ne sût la raison pour laquelle Quentin Leblanc avait mit en branle toute cette organisation, on se doutait (au vu de sa réputation) que ça n’était pas pour rien, et que de toute façon, il y aurait du sport.

Édouard Night, grand ami du professeur montait sur la scène, il était entendu qu’il « ouvrirait le bal ».

Night s’installa au pupitre puis tapotât du doigt le micro qui émit un « doum-doum » qui valut à Night le regard assassin de l’ingénieur du son.

- Hem ! Mesdames messieurs, le comité scientifique international est heureux de vous recevoir de jour. Puisque j’ai l’honneur d’être le premier à prendre la parole, je souhaiterai tout d’abord remercier toutes les personnes qui soutiennent le comité depuis de longues années et qui ont sut, parfois avec fair-play, perdre beaucoup pour gagner un peu, quelques lignes dans un livre d’histoire.

Quelques membres rirent sous cape car il est vrai que de nombreux mécènes avaient engraissé le comité sous prétexte de posséder leurs noms sur une nouvelle ville ou un squelette d’animal.

Tout le monde connaissait évidement Night dont les discours étaient toujours légèrement poivrés, voire salés, parfois acides, mais jamais méchant.

Il avait coutume d’être le premier à parler lors des congrès ce qui permettait aux retardataires de ne pas louper l’essentiel de la réunion et de mettre tout le monde à l’aise. Night continuait :

- Permettez-moi de faire un bilan des dernières découvertes suite aux recherches que nous avons entrepris sur l’apparition d’engins volants dans le ciel.

- Je souhaiterai aussi faire le point concernant les découvertes dont la rumeur c’est fait véhicule au sujet de notre satellite lune.

Son discours se résumait à peu près à cela :

- « …Il est certain que les nombreuses apparitions d’objets volants qui ont été déclarées auprès des autorités un peu partout sur la planète sont tout à fait surprenantes. Les témoignages qui ont été recoupés font état de deux types de « véhicules » en formes de sous tasse ou de cigare aperçu un peu partout autour du globe. Ceci n’est évidement pas une raison pour céder à la panique. A ce jour, rien ne prouve que ces « apparitions » révèlent l’existence d’une vie extérieure à notre système. N’oublions pas que pour l’année passée ce sont seulement quarante huit déclarations qui ont été jugées recevables et cette année seulement vingt quatre. On observe donc deux fois moins de visiteurs cette année que l’année passée. Notre planète aurait elle perdue son attrait ? Serait-on en face d’une crise du tourisme spatial ? Je laisse à la rumeur le soin de répondre à ces questions. »

L’assemblée se fendait d’un rire à demi sincère et à demi de complaisance. L’humour moyen du professeur Night était bien connu de tous.

- « Plus sérieusement, peu de scientifiques ou politiques, « Bonjour messieurs » oseraient s’avancer sur le terrain glissant de « visiteurs venus d’autres planètes », certains que le cinématographe est sans doute plus approprié à ce genre de sujet que les assemblées dirigeantes. Nous ne pouvons pas les en blâmer, ceci laissant la place libre à quelques fantasmatiques ou illuminés dont je fais partie comme vous le savez. En effet mes chers amis, il ne faut pas être réticents aux idées un peu folles pour oser les théories et faire avancer la science. Il faut reconnaitre notre ignorance, seul moyen pour nous autres de ne pas laisser closes les portes derrières lesquelles se dissimule la vérité. Il nous faut accepter que nous ne sommes qu’au début de notre chemin. Nous sommes comme des enfants nouveaux nés, à peine savons nous nous lever, il est prématuré de nous imaginer courir. Notre propre aventure extra-terrestre est balbutiante, nous ne sommes qu’aux prémices de notre propre capacité à explorer l’espace, ce n’est pas demain que nous poserons le pied sur mars croyez moi. Je rougis presque lorsque j’ose dire « exploration spatiale ». Pourtant vous le savez, toutes les vérités confirmées sont bonnes à dire même celle qui sont désagréables à entendre et ce jour restera pour vous je l’espère un grand jour, un jour que vous tous réunis, vous souviendrez comme du jour ou vous avez ouvert votre esprit et votre cœur en vous disant, « j’accepte ». Nous vivions de rêves, de défis à surpasser, d’objectifs, et chaque révélation nous conduit plus avant dans le tunnel de la vérité et chaque pas dessine pour nous tous, le plan du grand labyrinthe du savoir partagé. De grands projets doivent être lancés, n’ayons pas peu du premier pas. Qui n’est pas monté sur une bicyclette ne sait pas faire de bicyclette. Je prends volontairement l’exemple de la bicyclette pour parler de nos fusées. Voyez l’évolution, voyez le génie de l’homme. D’un coup de mollet, l’homme se propulse sur le sol, d’un coup d’esprit il se propulse dans l’espace et ceci grâce au génie humain, peut être au génie de la vie. J’en profite pour vous livrer quelques informations concernant les derniers relevés si vous le permettez. Tout le monde sait que deux sondes ont été envoyées il y a moins d’un an autour de notre planète et je peux vous donner aujourd’hui quelques informations toutes fraiches décryptées. J’affirme devant vous ce jour que divers objets de conception intelligente ont été observés en orbite autour de notre planète. L’origine nous est malheureusement inconnue. Ce « secret » puisqu’il a été traité de cette façon depuis longtemps, ne doit pas nous inquiéter. La rumeur c’est chargé de propager le secret qui petit à petit n’en est plus devenu un. Je puis vous annoncer que très bientôt une autre série de sondes seront envoyées autour de notre globe afin de photographier les objets en vue de les étudier plus avant Je ne vous cache pas que nous espérons par la même pouvoir relever quelques échantillons de ces objets mystérieux afin d’en savoir plus. D’autre part, et ceci est sans doute la nouvelle la plus bouleversante de mon intervention, j’affirme que les équipes chargées de la cartographie de notre satellite ont ramené avec eux plusieurs clichés montrant de nombreuses traces de pas ainsi que celles d’engins motorisés.

En conclusion, nous pouvons commencer à affirmer qu’à moins d’une conjonction d’évènements tout à fait extraordinaires, il parait évident que nous ne sommes pas les seuls à avoir foulé le sol du satellite. Je vous laisse le soin d’en tirer les conclusions que vous souhaitez, un enfant de huit ans en serait capable. Je tiens par ailleurs à la disposition de qui voudra, les copies des clichés prouvant que je ne tiens pas devant vous je ne sais quelles élucubrations rocambolesques comme on a put me le reprocher. Je vous remercie de votre attention et vous prie de bien vouloir accueillir maintenant le professeur Quentin Leblanc ».

Édouard Night quittai la tribune sous les applaudissements en demi-teinte de l’assemblée. En quelques pas il se trouvait derrière les rideaux qui séparaient les coulisses de la scène et rejoignait Quentin Leblanc qui l’attendait les bras ouvert.

- Belle démonstration Édouard !

Le vieux professeur gratifiait son ami de tapes amicales sur le dos.

- A toi maintenant Quentin, ils sont chauds ! Après mes déclarations, difficile de faire plus fou ! Quoi que tu leurs dise maintenant, tout passera pour le plus sérieux de monde.

- Merci mon bon ami tu m’as donné du baume au cœur !

Édouard se libérait de l’accolade de Quentin et il se dirigeait le bras tendu vers la scène.

Aller à toi maintenant, en scène l’artiste !

Dans les coulisses, les élèves et amis du professeur l’encourageait d’applaudissements discrets et de doigts croisés.

Le professeur Leblanc montait sur la scène sous les applaudissements académiques de ses invités invisibles derrière la lumière éblouissante du palais des congrès.

Une camera fixée au bout d’un brand bras mécanique suivait le professeur dans ses déplacements en un traveling en contre plongée.

Leblanc se plaça derrière les micros sur l’estrade, il les ajusta sous le regard furieux d’un technicien, posa et organisa ses notes, parcouru la salle pleine de congressistes invisibles qu’il gratifiât un petit signe et fit taire les applaudissements d’un geste de la main dans lequel on pouvait lire des remerciements.

Il inspira un grand coup avant de commencer son discours.

Quentin Leblanc avait retrouvé sa force, plus que jamais, il était sur de lui.

Après des années d’étude de vieux documents, de légendes, de textes sacrés, d’études climatologiques, géologique, toponymiques… Après avoir organisé avec méthode, épluché toutes les hypothèses qui s’offraient à lui sans en refuser aucune même si elle paraissait improbable voir impossible (l’expérience à montré que parfois l’impossible se réalise dans les domaines de la science.

La vision du scientifique reste limitée par l’horizon qu’il se crée lui-même), après des centaines de clichés aériens et 11 expéditions sur le terrain, Quentin Leblanc était en mesure d’affirmer l’impensable, il avait fait une découverte qui remettrait en cause les fondements même de la civilisation et ouvrirait des voies nouvelles pour la science, la connaissance que la société à de sa planète et peut être même les religions.

Il n’a pas été facile pour le professeur Leblanc de réunir tous ces gens. Il lui a fallut jouer de ses contacts, éplucher son carnet d’adresses et ceux de ses amis.

Du haut de ses 78 ans et avec son allure de professeur poussiéreux plus habitué aux bibliothèques qu’aux diners mondains, il s’était corrompu avec les medias, avait passé l’hiver dans la station ou il est de bon gout d’être vu, et une partie de l’été naissant dans les lieux de séjour des stars et des starlettes, du gratin mondial… Il s’était même rendu à l’inauguration d’une discothèque !

En deux ans, depuis le début de son projet d’annoncer sa nouvelle au monde, il avait déjeuné avec la moitié des dirigeants de la planète, et épuisé les medias par des interventions mystérieuses et passionnées annonçant pour bientôt un cataclysme culturel.

Finalement, jours après jours, semaines, mois, années, les gens avaient fini par s’intéresser à ce professeur à barbiche. On attendait maintenant qu’il dévoile son secret avec impatience.

C’est une fameuse marque de boisson gazeuse à la marque blanche sur fond rouge qui fut le catalyseur final (celle la même qui prétendait exister depuis l’histoire du monde libre).

La marque de soda avait imprimé sur ses emballages la date fatidique qui serait celle du grand jour et sous son influence, quelques très riches investisseurs s’étaient regroupés pour « exploiter le filon » qui, selon les spécialistes, s’avérait riche en concepts commerciaux.

En peu de temps, les investisseurs étaient déjà rentrés dans leurs fonds et ce, juste en spéculant sur l’événement.

On attendait que le professeur lève la vague pour sortir les produits commercialisable en mémoire de l’événement.

On imaginait même la création à moyen terme d’une fondation et d’un musée ou seraient exposées les hypothétiques futures découvertes physiques du professeur. Tout ceci restant bien sur un projet, on attendait l’aval des dirigeants des pays et les chiffres de répercutions sur le public.

Compte tenu du secret qu’il était impossible d’arracher à Leblanc, tout n’était que spéculation.

Cependant la couverture médiatique et le mouvement généré par Quentin Leblanc faisait déjà des vagues telles que les débats sur les « affabulations Leblanc» faisait le bonheur des émissions de fin de soirées.

La moitié des intellectuels et « têtes pensantes » du globe se passionnait pour les projets de Leblanc qui, bien que baigné du brouillard du mystère, étaient forcement innovants donc intéressants, Leblanc était bien connu pour « lever le lièvre ».

L’autre moitié le considérait comme un vieux fou prédisant la faillite de la société, un prédicateur de mauvaise augure, un agitateur public, ils pariaient sur ses échecs comme on le fait sur les chiens de course, et on espérait que ses mécènes se fatigueraient de lui.

Ils considéraient que ces derniers avaient bien mieux à faire de leur argent que de le jeter dans les fantaisistes délires d’un vieillard sénile.

- Nous connaissons tous les élucubrations de ce professeur qui, régulièrement, nous fait une crise de délire paranoïaque et nous régurgite dans la foulée toutes sortes des propos ressassés et digéré de son aigreur à ne pas aboutir tous ces rapports abracadabrant n’ont pour but que de décrédibiliser nos textes fondateurs. Dans quel but ? Il faudra lui demander quand la fièvre sera retombée.

- L’argent du contribuable serait plus utile s’il était utilisé pour éradiquer la misère, la maladie ou la faim dans le monde, certes, avec ses appointements, Leblanc est loin de ces considérations bassement humaines.

- Tout ceci n’est qu’histoires et légendes acculées aux mythes païens, flagorneries, flaconnerie, flatuosité, flonflons fleurissant et fanfares de foutaises folie et faux feux follets, un peu de sérieux mes chers collègues ! Avait-on entendu au Sénat.

- Le professeur Leblanc, collaborateur du premier jour, est un pantin du système capitaliste ayant pour but de semer le trouble dans l’esprit du prolétaire, de planter dans l’esprit du peuple des idées contre-révolutionnaires dans le seul but de servir les nations ennemies en détournant du chemin tracé par le guide des masses les ouvriers épuisées par main du capital qui assujetti les masses à son propre confort, le révolutionnaire ne se laissera pas… etc. Entendait-on ici.

- Quentin Leblanc, je devrais plutôt dire, Quentin Lerouge !

Cet hurluberlu à la solde de tortionnaires de pays dont on sait sans les nommer qui ils sont, et quelles sont leurs méthodes !

Dont on sait comment ils mènent leur peuple !

A la baguette et au pain dur !

Quentin Lerouge qui n’a comme seul objectif que de semer la peur et le doute dans l’esprit des hommes libres et fiers qui forment notre terre de liberté et de droits !

Non Quentin Lerouge, tu ne nous terrasseras pas par le marteau !

Non Quentin Lerouge, tu ne feras pas de nous tes esclaves attachées aux chaines de tes mensonges ! Non Quentin Lerouge nous garderons la tête haute et resterons fier de notre état de droit, nous, gardien de la démocratie et garants de la paix et de la stabilité du monde !

Nous Quentin Lerouge, nous qui portons la race des seigneurs sur les routes de la gloire et de la liberté ! Nous Quentin…Etc.

- Le message de notre seigneur tout puissant qui dans son infinie bonté nous a donné à la vie et qui nous distribue chaque jours notre pain, ne saurait être corrompu par cet agnostique dont le fanatisme est sa volonté d’annihiler la vraie croyance. Parasite depuis trop longtemps la communion avec dieu, le vrai dieu, notre dieu tout puissant…

- Seul le livre unique détient la vérité de la foi ! Pour qui se prend cet homme qui vient jeter le trouble sur la vérité écrite de la main de dieu lui-même ? Sus à l’ennemi, terrassons l’indigent, ne laissons pas plus longtemps à voix à ces infidèles…

Tous étaient dans la salle car il était indispensable qu’ils donnent leur accord pour la mise en branle du chantier de fouille.

Quentin Leblanc n’était pas dupe et savait que la partie allait se jouer serrée.

- Mesdames et messieurs, bonjour et bienvenue au siège du comité scientifique international, c’est un vrai plaisir de vous savoir tous réunis. C’est avec une grande joie que je vous accueille ce jour qui restera je l’espère un grand jour dans l’histoire de l’archéologie et de la connaissance des sociétés disparues. Comme vous le savez tous, j’ai passé ma vie à rechercher une citée mystérieuse. J’ai recueilli des milliers de documents relatifs aux peuples anciens dont seuls quelques uns d’entre nous croient.

Un murmure s’élevait dans la salle.

- Voila qu’il remet ça avec sa cité disparue, je t’avais dit que l’on faisait le déplacement pour rien, Leblanc est cuit.

Certains regrettaient d’avoir fait le déplacement.

- Sa cité disparue, si c’est pour cela que Leblanc dépense des millions pour organiser une réunion …

Leblanc continuait.

- Mes amis, mes amis, croyez bien que si je vous ai fait déplacer jusqu’ici ça n’est pas pour rien, reprenait le vieux professeur avec des gestes d’apaisement en direction de la foule baignée de lumière.

Cependant, déjà quelques uns se levaient et quittaient la salle à grands bruits.

- Mes amis, je suis trop vieux pour garder des secrets, il n’est pas une information que je souhaite emmener dans la tombe avec moi. Je souhaite qu’ensemble nous partagions les connaissances extraordinaires dont je suis le porteur, si je vous ai tous réuni c’est que j’ai bon espoir, nous sommes à l’aube d’une découverte extraordinaire ! J’ai la preuve grâce à divers vues aériennes de l’existence de plusieurs centaines de pyramides inconnues, certaines géantes et datant sans doute d’au moins trente milles ans ! Tout ceci ne peut plus être tenu secret ! On ne peut plus interdire l’accès à ses sites ! S’il vous plait mes amis, écoutez moi.

A grands bruits et cris injurieux, de plus en plus de spectateurs quittaient la salle multipliant le tumulte et invectivant le professeur de propos insultants, certains n’hésitèrent pas à monter sur la scène repoussés par le service d’ordre, d’autre vandalisaient les hauts parleurs.

- On sait maintenant que de grandes constructions furent réalisées il y a de cela plusieurs siècles, nous avons les preuves d’une gigantesque voie de communication de plusieurs milliers de kilomètres dont on devine parfaitement les pourtours mais dont aucun document officiel ne fait état. Pourquoi ne reconnait on pas les réalités ? Pourquoi se refuse-t-on à accepter les faits démontrés ? L’existence de tels lieux ne remet pas en cause notre société, c’est notre héritage !

Un homme était arrivé jusqu’au niveau du professeur et lui décrochait un violent coup de poing avant d’être arrêté par le service d’ordre. L’arcade sourcilière de Leblanc saignait abondement, il s’épongeait avec son mouchoir et se cramponnait chancelant à son pupitre.

- Ne croyez pas aveuglément dans les vérités établies par les inquisiteurs, n’acceptons plus que soient détruites systématiquement les anciennes constructions sous les dents voraces des bulldozers et des pelles mécaniques, ce sont les constructions de nos ancêtres, elles nous renseignent sur ce que nous sommes, refusons que les accès aux sites berceaux soient interdits ou réservés à quelques élus, laissons la science pénétrer dans les bibliothèques interdites, censurées par les religieux, dénonçons la censure des publications controverses, il est évidement plus simple de nier que d’affronter la réalité, mais notre passé nous enseigne notre avenir ! Ne nous bouchons pas les yeux, il nous faut…

- Nous sommes prêts, la société est prête à affronter la réalité ne croyez pas ceux qui vous mentent !

Quentin Leblanc s’affaissait, épuisé par le choc physique et psychologique. La lumière venait de s’éteindre et il pouvait maintenant voir la grande salle vide qui s’étendait devant lui. Presque tout le monde avait quitté l’enceinte du forum. Quentin Leblanc avait échoué.

Non la société n’était pas prête, non, Quentin Leblanc n’était pas prêt.

Il était désemparé et ses membres se mirent à trembler. Seul l’œil vicieux de la camera le fixait inexpressif,

- « Un beau rush pour les archives » devait ricaner le réalisateur.

Il ne restait qu’une quarantaine de personnes dans la grande salle. Une larme naquit au coin de l’œil de Leblanc. C’en était fini pour lui.

- « Voila à quoi mène une vie » se disait il, « Une vie passée pour finir devant une salle vide. Vaincu par les créationnistes ».

Il y avait crut, oui, il y avait crut mais la preuve était là devant lui, ça n’était pas possible, la société n’était pas prête, les mentalités n’étaient pas mûres, ce ne serait pas lui qui révélerait la réalité au monde, il était trop vieux, usé... fini.

Dommage.

Il ne lui restait qu’à faire une ultime déclaration et remettre sa démission au comité.

Chapitre II

Chapitre II

-La chute-

Tout le monde regretta la décision de Leblanc.

Tôt le matin, une assemblée d’urgence s’était réunie comprenant le conseil d’administration et, à neuf heures trente, la lettre de démission de Leblanc était validée par les sages du conseil.

Ce fut un moment pénible car tous savaient que si le comité scientifique international avait vu le jour, c’était grâce à Quentin Leblanc.

Tout le monde avait en tête les grandes réalisations soutenues ou parrainées par le comité.

Les membres réunis étaient amers car le professeur était l’âme du comité, cependant il leur avait bien expliqué que :

- « nul n’est irremplaçable et il vaut mieux sacrifier un vieil homme qu’une belle idée comme l’institution, il faut sauver le comité de ses détracteurs»

Car ils avaient maintenant l’ascendant sur Leblanc.

Personne n’osât s’approcher pour partager la peine du professeur quand, celui-ci, les traits tirés et l’œil poché, se dirigeât sans se retourner vers la sortie.

En silence, tous baissèrent la tète et acceptèrent la défaite.

Abattu, Quentin Leblanc sorti du grand bâtiment qu’il avait fait sortir de terre et où les employés réunis formaient un grand cordon silencieux.

Tous les journaux de la planète avaient fait leurs gros titres et leurs choux gras de l’échec de Leblanc, et tous les gens ici rassemblés les avaient lu ou du moins parcouru.

Quentin Leblanc fit quelques pas vers son véhicule ou l’attendait son chauffeur en livrée et la casquette à la main.

- « Mon corbillard » se dit Leblanc.

Il regarda Alfred son chauffeur qui semblait être la seule personne indifférente à ses malheurs.

- Rentrez à la maison Alfred, quant à moi je retournerais à pied, j’ai besoin d’air.

- Monsieur veut il que je le suive à distance ?

- Non Alfred merci.

Leblanc avait besoin de s’aérer, oublier, laisser derrière lui tout ce qu’il était.

En secret il espérait que la mort vienne le faucher dans un jardin public, sur un banc.

Le professeur Quentin Leblanc n’était plus rien, plus rien qu’un piéton.

- Professeur Leblanc ?

Un grand véhicule de type 4x4 de luxe aux vitres teintées était monté à sa hauteur et le passager installé à l’arrière, la vitre baissée, portant lunettes fumées et montre en or lui tendait une main manucurée.

- Non. Je suis Quentin Leblanc, le professeur c’était une autre époque.

- Ne faites pas l’enfant professeur, ne vous laissez pas abattre par un petit obstacle nous sommes sans doute votre meilleur soutien.

- Nous ?

- Montez, je vous en prie.

L’homme ouvrait la porte arrière du véhicule encourageant Quentin Leblanc à le rejoindre. Le professeur resta un moment dans l’expectative pour finalement décider de monter. Qu’avait-il à perdre ? La vie ? Maigre butin…

A 78 ans, il venait de tout perdre, à son âge il n’avait pas peur de mourir, de toute façon il était déjà un peu mort, s’il devait dans cette grosse voiture perdre la dernière chose qui lui restait et bien c’est qu’il en était ainsi et le plus rapidement possible serait le mieux et de préférence sans douleurs.

L’homme qui l’accueillait dans l’automobile était très élégamment vêtu d’un costume de tailleur et suintait l’argent. Il avait les cheveux convenablement plaqué sur le crane dans une coiffure d’élève studieux et ses gestes étaient doux, ses mains semblaient effectuer des chorégraphies digne d’une conférence d’abeilles.

Ses mouvements étaient emprunts d’une grande sureté et d’une confiance en soi à toute épreuve.

D’un petit « tic-tic » de son briquet en or contre la vitre qui le séparait de son chauffeur puis, d’un signe mystérieux de la main en direction du regard rivé au rétroviseur de ce dernier, il indiqua la direction à suivre.

Des doubles vitres opaques montaient en plus des vitres des portières et l’espace du véhicule fut plongé dans l’obscurité que compensât immédiatement une lumière diffuse et bleue pale.

Une vitre noire sépara le chauffeur des occupants.

Depuis l’intérieur de l’habitacle, il était impossible de voir dans quelle direction se rendait le véhicule, les seules sensations étaient celles des amortisseurs au travail et de quelques pointes de vitesse.

- Pardonnez-moi ce protocole professeur mais la sécurité, la notre, la votre, passe par le secret.

- Ne vous formalisez pas mon bon monsieur, répondit le professeur, je suis habitué par le secret, je suis entouré par des hommes de secret depuis bien longtemps, parfois du coté des confidences, parfois du coté de la proie.

- Rassurez vous cette fois ci vous ne vous trouvez pas du coté de la proie.

- C’est à voir mon cher

- Nous n’en auront pas pour longtemps, d’ici moins d’un petit quart d’heure nous serons arrivés à destination. Voudriez-vous boire quelque chose pour patienter ?

Dans une des garnitures du salon arrière l’homme révélait un minibar bien garni.

- Une eau minérale gazeuse suffira merci.

- Est-ce cela le secret de votre énergie professeur ?

- Non ceci est le secret de l’heure, ne n’ai pas pour coutume de consommer d’alcool à 10 heures du matin.

- C’est juste professeur quant à moi j’ai totalement perdu la notion du temps, depuis votre intervention…

- Avortée

- Depuis votre intervention d’hier, je n’ai pas dormi.

- Vous m’en voyez bien triste cher ami, je regrette d’être la cause de vos insomnies.

- Non au contraire, c’est une grande joie pour moi, pour nous, et je l’espère bientôt pour vous.

- Vous êtes bien mystérieux !

Du regard, Leblanc essayait de deviner les intentions de son interlocuteur. Celui-ci reçu les yeux de Leblanc avec désarroi.

- Ne vous inquiétez pas professeur, tout va bien se passer.

- Mais je ne m’inquiète pas, répondit le vieil homme en se callant profondément dans le siège en cuir du véhicule « Je ne m’inquiète pas », répéta il en levant son verre d’eau gazeuse comme on porte un toast à la vie.

Un ange passa dans l’habitacle.

Quentin Leblanc contemplait les bulles de son verre d’eau et le secret inconnu se servait un verre d’alcool aux reflets ocre jaune et bruns dans lequel il fit glisser deux glaçons qui tintèrent joyeusement.

Dehors le 4x4 glissait anonyme dans les rues grouillantes de gens affairés à leur quotidien.

On sentit le véhicule ralentir et s’engager dans une descente.

- « Sans doute un parking souterrain se dit Leblanc ».

Le véhicule s’immobilisa.

- Voici la fin du mystère, nous sommes arrivés, après vous professeur.

A l’extérieur, dans une pièce unique fermée d’une lourde porte, se trouvait un homme en noir vêtu d’un costume coupe croisée et les yeux couverts de lunettes fumées.

Il tenait la porte du 4x4 ouverte et invitait les deux passagers à le suivre devant une issue ou se trouvait un autre homme de même modèle portant un détecteur de métaux.

- J’ose espérer que vous nous pardonnerez pour toutes ces mesures de sécurité mais personne n’est assez prudent.

- Mon bon ami, vous présentez chaque obstacle avec une telle compassion que l’on ne saurait vous en vouloir.

Le vigile scanna le professeur ainsi que son hôte avant de permettre l’ouverture de la porte grâce à un petit rayon dirigé dans un œil électronique.

La porte s’ouvrit dans un son pneumatique et découvrait un petit espace qui semblait être un ascenseur dans lequel se trouvaient deux sièges à l’allure sportive.

- Installez-vous professeur, dit l’homme en noir en désignant un baquet.

L’inconnu resta dans le parking et l’homme qui portait le scanner s’installa dans le second siège.

La porte se refermait et l’on devinait l’ascenseur qui plongeait rapidement vers les abimes avant de s’arrêter.

Il repartit rapidement mais cette fois ci à plat durant environs cinq minutes. Il ralentit et s’immobilisât.

Quand la porte s’ouvrit, Quentin Leblanc découvrit une grande pièce ou se trouvait une table ronde autour de laquelle siégeaient une trentaine de personnes, hommes ou femmes portant toge blanche et masque inexpressif.

A l’entrée du professeur, ils se levèrent et le saluèrent en s’inclinant ensemble avec respect et sans un mot.

On lui désigna un siège monté sur une estrade au bord de la pièce, Leblanc s’y installa.

Sur l’assise se trouvait une cagoule sans ouverture.

- Veuillez vous couvrir le visage Monsieur Leblanc dit une voie d’homme jaillie d’un des masques livides.

Quentin Leblanc s’exécuta.

- Avant tout professeur il vous faut jurer devant tous de garder le silence et de tenir secret sur tout ce que vous allez voir et entendre à partir de maintenant.

- Ah bon et pourquoi ?

-

Le silence fut la seule repose qui fut apportée à Leblanc.

A lui seul ce silence pesait plus lourd que n’importe quel reproche.

- Bien oui, pardonnez-moi, oui je vous jure de garder le secret, bien sur.

La voix repris :

- De l’obscurité du fond de la terre sont nés les géants maitres des savoirs, enfants des forces du monde ils ont légués la mémoire universelle. La graine porte en elle le fruit comme l’arbre est déjà présent dans la fleur. Le monde est un cycle éternellement recommencé et nous sommes les gardiens de la porte du jardin.

- Est tu ange ou démon ?

- Quelles sont tes intentions toi qui te présente au pied de l’arbre ?

- Vas-tu cueillir, couper, observer ?

- Vas-tu faire de la branche ta demeure ou de son corps un feu ?

- Étranger venu dans le jardin est tu ami ou ennemi ?

-

Leblanc attendait la suite, visiblement il n’y en avait pas, il osa un murmure :

- « Ami…? » qui sembla se répercuter avec force dans la pièce.

- Alors bienvenue ami, découvre nous ton visage que nous puissions te fêter.

Quentin Leblanc retirait sa cagoule et pouvait voir les membres réunis qui retiraient leurs masques. Là, il écarquillait les yeux.

- Édouard, mais qu’est ce que tu fais là ?

Votre parrain répondit l’homme du véhicule qui avait pris place autour de la table.

- Quentin mon vieil ami, repris Édouard Night, je suis heureux de te voir enfin parmi nous !

- Enfin ? Parmi vous ? Que veux-tu dire ? Ou suis-je ? Qui êtes-vous ?

- Monsieur le Professeur repris l’homme inconnu, vous vous trouvez maintenant membre de la société du « Lys-rond ». Quoi que vous entendrez ou verrez lors de nos réunions devra rester secret sauf si le collège ici réuni décide de le rendre public vous êtes d’accord ?

- Oui je suis d’accord.

- Et bien maintenant levez vous et venez nous rejoindre autour de cette table.

Édouard Night désignait un fauteuil qui se trouvait à sa droite. Leblanc s’y installa.

- Bien, puisque nous sommes tous réunis je propose que nous ouvrions la séance, dit une femme âgée.

Elle prit une feuille de papier qu’elle tira d’une enveloppe de cuir aux armes des « Lys-rond » et lut.

- En tant que secrétaire rapporteur de la société du « Lys-rond », je déclare pour la soixante-treize-mille-quatre-cent-vingt-deuxième fois que nous sommes un, et assemblé.

- Que les puissances dans leurs justesses nous montrent la voie du juste et que notre route ne s’écarte pas du droit chemin des deux ascendants fondateurs.

- Nous sommes heureux d’accueillir parmi nous un nouveau membre, un ami, un frère, un juste parmi les juste, un homme qui sera un et pour notre ensemble. Nous lui jurons fidélité et fraternité.

- Fidélité, fraternité. Reprit l’assemblée.

- Nous lui assurons notre soutient qui fait la force des « Lys-rond » depuis l’aube de l’humanité.

- Je vais maintenant laisser la parole a notre nouveau frère, notre compagnon de route, le professeur Quentin Leblanc.

La femme désigna le professeur qui comprit qu’il lui fallait improviser un discours. Il se leva et se racla la gorge.

- Bien, hum, je, hum, bonjour à tous, j’avoue être assez impressionné par votre accueil. Si j’avais sut que je serais intronisé ce jour dans une société secrète j’aurais préparé un discours ou j’aurais put feindre la surprise, mais comme je vois que c’est un peu tard pour cela alors, hum, et bien, je, heu, vous remercie de votre intérêt pour ma personne et, hum, je, hum, j’espère vous être de quelques intérêt, ressource ou assistance. Je hum et bien, heu, ne sais pas vraiment ce que je, hum, peux, hum, fait là, ce que je pourrais vous apporter, j’espère que vous allez éclairer ma lanterne en me, hum, heu, disant dans quel but vous m’avez convié parmi vous…Voila, je hum, vous prie d'excusez mon désarroi mais je suis très surpris et un peu déboussolé par une journée tout à fait spéciale je constate. Merci de m’accueillir parmi vous…voila…Merci.

La femme repris la parole.

- Merci professeur, vous vous en êtes bien tiré, nous ne prendrons pas mention des « hum » et des « heu », dit elle avec un sourire amical. Sans tarder je propose de laisser la parole à Monsieur Night qui voudra bien éclairer monsieur Leblanc sur son utilité au sein du groupe, ainsi que l’alliance que nous venons d’établir ensemble.

- Merci Agatha. repris Édouard Night. Tout d’abord, je voudrai signaler que c’est sans doute la première fois dans l’histoire de la dialectique que l’on verra Night éclairer Leblanc, mais je vous dispense de me complimenter sur mon légendaire sens de l’humour qui n’engage que moi.

- Pour en revenir à l’affaire qui nous concerne.

- Voici réunis autour de cette table les plus grands spécialistes mondiaux dans les domaines de l’art, la science, la politique, la finance, la littérature, la chimie, l’occultisme, la physique, l’exploration etc.

- Nous connaissons tous à notre façon Quentin Leblanc par ses publications, sa réputation, ou comme moi pour avoir eut la chance de travailler à son coté ainsi que partagé des bons moments de nos vies civiles.

- Nous étions tous évidement présent hier au comité, certains plus que d’autres, et avons vu avec quel mépris notre ami et confrère a été traité par les perturbateurs. Pourquoi ? Parce que les autorités officielles refusent la réalité. Ces mêmes réalités que nous connaissons tous ici autour de cette table, certaines vérités ont par ailleurs jaillit de notre groupe comme la sphéricité de notre planète, le cinquième continent, la vie extraterrestre…

- Ici sont gardés de nombreux secrets qui un jour paraitrons à la lumière du monde. Ici sont réunis depuis d’incomptables années les connaissances du monde découvertes et diffusées via nos propres réseaux mis en place par d’autres avant nous, et d’autres après nous, qui nous ont précédé, et qui nous succéderons, pour que la vérité soit gardée ou révélée avant que les équilibres ne soient rompus.

- Notre responsabilité est grande et notre devoir noble. Nous sommes les gardiens de l’arbre.

- C’est pourquoi aujourd’hui nous avons décidé qu’il suffit.

- On ne peu plus taire les témoignages du passé. Notre société est malade et se morfond, les créationnistes sont aux postes clé du pouvoir, personne ne laissera l’information se rependre. Il va de notre futur immédiat de combattre les négationnistes, nous nous devons de jeter le voile de la dénégation de l’histoire pour que chacun des citoyens, que chaque humain sache et ait la possibilité de fermer les yeux en demeurant complice ou de tirer la sonnette d’alarme, agir pour le futur dans le respect de l’humanité et de notre planète pour un avenir meilleur.

- Voila pourquoi mon cher Quentin nous t’avons convié à cette assemblée, voila pourquoi tu es invité à cette table, nous mettrons en œuvre les moyens qui te seront nécessaires pour mener ton projet à terme.

- Accepte notre main tendue et ensemble nous porterons tes découvertes au fronton du temple de la connaissance universelle.

- Oui j’accepte avec plaisir votre aide et votre soutien, c’est un grand honneur pour moi de me compter parmi vous.

Et bien mon ami, si tu veux exposer à tes frères et tes sœurs ce que tu n’as pas put dire hier au comité je puis t’assurer que nous ne quitterons pas la salle avant la fin de ton exposé.

- Merci de ton humour Édouard, et bien chers frères et sœurs donc, je vais, sans notes, vous éclairer sur une théorie que j’ai élaboré ces dernières quarante années de recherche.

Bien évidement tout ceci n’est qu’une théorie donc tout reste à prouver.

Je vous propose un bond de plusieurs milliers d’années dans le passé.

Chapitre III

Chapitre III

-Théorie Néo-

« Pour des raisons qui me sont encore inconnue à ce jour, sans doute en raison d’un accroissement soudain de la radioactivité de la surface du sol ou des émissions de gaz solaire, une dégénérescence d’une partie du groupe anthropopithèque qui occupait la surface de notre globe a muté jusqu'à créer plusieurs autres groupes distincts développant à leur tours des caractères humanoïdes propres à une race.

Selon les témoignages que j’ai put glaner, dans les textes anciens et quelques études de squelettes échappés des mains des négationnistes, il apparait que ces catégories d’humanoïdes ne pouvait pas se reproduire avec d’autres catégories qui, semble t’il, étaient assez proche de ce que nous sommes aujourd’hui.

J’utilise le mot race pour bien faire apparaitre une différence fondamentale entre les deux groupes, l’un et l’autre réunis ne pouvant donner de descendance.

Il semblerait que les principales différences marquées entre les différents groupes de cette époque étaient dues à la modification d’un ou plusieurs de leurs chromosomes ainsi sans doute de leur chaine de génome. Malheureusement nos technologies actuelles ne permettent pas encore de recherches supra-génomiques. Cependant il apparait presque certain que la radioactivité en serait pour bonne part responsable.

Ces émissions auraient touché des cellules alors qu’elles étaient en tout début de développement et aurait influencé le développement de plusieurs classes d’humains dont je ne vous ferais pas la liste ici. Pour simplifier, je diviserais les groupes en deux catégories.

Les hommes primaires comportant 5 types différents, et « l’homme de Néo » comme je le nomme, c'est-à-dire le nouvel homme, car son squelette fut visiblement plus affecté que les 5 autres catégories.

J’ai put observer, consciencieusement conservé dans une cité religieuse dissimulée dans d’hostiles montagnes couvertes de neiges éternelles, deux corps embaumés de ce qui semblerait être les restes de « l’homme de Néo ».

Bien que datant de plusieurs milliers d’années et qu’il soit difficile de pouvoir manipuler les momies, j’ai put faire quelques relevés.

Tout d’abord je fut frappé par la grande taille des sarcophages ou sont conservés les corps, je dois signaler en toute honnêteté que l’on ne m’a pas laissé inspecter sous les bandelettes de lin pour m’assurer qu’il y avait bien des corps dans ce que j’ai put observer, il est évident que les bandages pourraient tout aussi bien couvrir un corps d’animal ou bien un simple totem symbole d’une civilisation oubliée.

Cependant, j’ai eut la révélation que c’était bien des corps de ce qui furent des « humains » que j’avais devant moi.

Je ne saurais vous dire pourquoi, l’instinct du chercheur …

J’ai donc put voir ces momies gigantesques d’environs trois mètres cinquante pour la « déesse » et plus de quatre mètres pour le « dieu », un masque de pierres et de métaux précieux recouvraient leurs visages qui représentaient des faces sereines et empruntes de noblesse, j’ai put remarquer des traces de galvanisations sur les marques funéraires, puis il m’a fallut quitter le lieu rapidement car je fut accusé d’avoir violer un sanctuaire, je dus donc fuir dans la montagne caché par le soin de quelques moines avides de pierres précieuses.

Selon la légende que j’ai composée à partir d’une montagne de documents lus à travers les sept grandes bibliothèques du monde, il apparait que « l’homme de Néo » disposait d’une grande capacité intellectuelle et de pouvoirs surnaturels.

Malheureusement la pression terrienne était telle qu’ils vivaient rarement au delà de leur quarante-cinquième année, la majorité d’entre eux mourant généralement de troubles cardiaques ou de tassement de leur colonne vertébrale.

Il apparait que leurs cerveaux étaient plus performants que ceux de la race « souche », le groupe souche restant de taille « humaine » c'est-à-dire correspondant à notre anthropométrie actuelle et d’une intelligence classique, c'est-à-dire basse.

J’insiste ici pour rappeler que les deux groupes, bien que nés de la même souche n’étaient pas compatibles, il n’y eut donc pas de « croisement » entre « l’homme de Néo » et « l’homme Primaire ».

Il parait donc évident, s’il était encore aujourd’hui besoin, que cette découverte objecte aux groupes qui se considèrent successeurs de la civilisation perdue des grands maitres et héritiers par le sang. Mais ceci est sans doute un autre débat que je n’entamerai pas ici.

Il apparait que « Néo », au vu de la grande taille de son son cerveau contenu évidement dans son crane dont j’ai put, il y a bien longtemps maintenant, observer par hasard quelques spécimens fossiles avant qu’ils disparaissent « par accident » dans le broyeur, permettait à « Néo », sans aucun doute via sa surface, soit plus du double des capacités notre petite noix de un kilo et trois cent grammes et sans doute les plus de deux tiers des cent millions de cellules qu’il possédait permettait des multitudes de connexions que nous ne pouvons pas nous permettre. « Néo » était indubitablement plus intelligent que « l’homme Primaire » sous des airs cependant plus bourrus, « brut de décoffrage » oserais-je dire.

Il serait l’initiateur des arts. Certaines légendes parlent de pouvoir télépathiques, télékinésique, « Néo » serait le créateur de la musique, de la philosophie et de l’abstraction de la pensée.

Il aurait été à l’origine de la production des premiers objets en série, des premières constructions en dur ainsi que de l’élevage.

Son intelligence hors du commun du fait de la taille de son cerveau ajouté à sa force physique lui aurait permis de construire une civilisation à partir de rien, ou du moins de pas grand-chose, ce dont n’était pas capable l’homme « primaire » intellectuellement trop faible, psychologiquement trop fragile, et dont l’esprit n’était capable que de rancœur et de méchanceté.

Il fallut quelques années pour que « l’homme de Néo » construise ses villages, capture des animaux sauvages, les sélectionne et en fasse l’élevage en les utilisant pour porter de grands poids, titrer des chariots, labourer la terre et produire des protéines.

«Néo» fit des sélections parmi les plantes sauvages et organisa la production agricole à partir de celles-ci. J’ai put voir conservées dans des boites vitrées sous vide ce que les moines nomment « les graines premières ».

«Néo» fit des croisements pour obtenir des récoltes plus abondantes et plus régulières.

Il organisa les réserves ainsi que la distribution des denrées afin que tous les villages puissent profiter des résultats du travail de manière équitable.

Plusieurs individus du groupe «Néo» se découvrirent des dons pour le façonnage, ils fabriquèrent donc toutes sortes d’outils permettant le travail des sols, des matières minérales et des matières en fusion, ils fabriquèrent des objets en verre, en terre, en fer, en utilisant les techniques du moule ou de la forge.

«Néo» organisa les voies de communication entre les cités nouvelles ainsi, plus tard, que divers appareils permettant de se mouvoir à grande vitesse sur terre, sur l’eau et visiblement dans l’air, mais aussi les moyens de produire de l’énergie à partir du feu, de l’eau, de l’air, du soleil et surtout de la stocker.

Pendant ce temps « L’homme primaire » vivait dans des conditions misérables, animales.

Bête parmi les bêtes, animal parmi les animaux, « L’homme primaire » survivait de chasse, de pêche, de cueillette et du vol qu’il pouvait faire dans les jardins de «Néo».

« L’homme primaire » se multipliait sans contrôle avec un taux de mortalité infantile énorme. J’ai put lire même, dans certain textes anciens, que n’ayant aucune conscience de l’âme, en période de disette, ils se nourrissaient de leurs propre progénitures.

Les conflits étaient nombreux ainsi que les pillages entre « meutes » « L’homme primaire » était un parasite.

Son habitat était cavernicole et il vivait nu ou presque.

Les squelettes qui ont put être observés révèlent une créature souvent malade d’abcès, édentée, « L’homme primaire » n’avait pas une grande espérance de vie, environ trente ans, ceci peut expliquer sans doute la fertilité excessive des femelles.

Il apparait à un moment de l’histoire que « L’homme primaire » et « L’homme de Néo » se sont rapprochés. Selon ma théorie, je pense que « L’homme primaire » désespéré par sa condition ajoutée à un refroidissement des températures, se rendit de lui-même aux portes des villes pour se libérer en servitude auprès de ces qui voulurent bien les prendre sous leur protection.

C’est ainsi que « L’homme primaire » devint « L’animal intelligent » de «Néo», des esclaves volontaires en quelque sorte, comme un chat se donne à une maison sans autre pensée autre que celle de se « domestiquer » de son propre fait en se soumettant à un maitre dans le seul but de manger, dormir, et assurer sa sécurité et celle de sa progéniture, sans sacrifice particulier, tout en vivant avec un maitre aimant et attentionné.

On peut observer des bas reliefs gravés représentant des grands êtres suivis de petits humanoïdes sur certains temples du grand continent du sud.

Les deux espèces cohabitaient avec respect.

Les premiers étudiaient et développaient toutes sortes de techniques dans les domaines de l’agriculture, de la science, de l’architecture et de l’astronomie.

Les second les servaient et bénéficiaient de formations.

Ils apprenaient à appliquer les techniques développées par leurs maitres.

Un jour, et pour une raison encore inconnue, « L’homme primaire » se rebella contre son bienfaiteur pacifiste et a, en l’espace d’une nuit, assassiné purement et simplement tous les habitants «Néo» d’une des cités en se rendant maitre des lieux sans autre forme de démocratie.

Les « hommes de Néo» étant pacifistes et le prônant, ils n’avaient pas développé le concept de vol, de trahison et de violence gratuite. Par la même ils n’avaient sans aucun doute jamais envisagé d’être victime de ce qu’il est à la mode de nommer aujourd’hui un acte de « terrorisme urbain ».

Permettez moi de rappeler que les « hommes de Néo » vivaient en bonne entente avec leurs voisins et que les échanges entre les cités étaient courants sans aucune forme de violence.

Les cités n’étant pas fortifiées pour se prémunir d’éventuels attaquants mais pour protéger les troupeaux des animaux sauvages qui les menaçaient la nuit, elles n’avaient ni soldats, ni veilleurs et qui savait utiliser ses mains pour un geste d’enclenchement et de déclenchement, pouvait entrer et sortir de ces dernières sans aucun contrôle.

Je me permets de rappeler ici que, du fait de sa grande taille et d’un cœur faible, «l’homme de Néo» ne pouvait s’énerver ou combattre avec violence car la fragilité d’un cœur, sans doute trop petit par rapport à la surface à irriguer, ne leur permettaient pas des efforts violents, intenses ou de longue durée ce qui par ailleurs, justifierait la raison pour laquelle ils avaient accepté la promiscuité avec « L’homme primaire ».

Pour faire une réduction, je dirais que « L’homme de Néo » était la tête et « L’homme primaire » était les bras.

Le couple fonctionnait en symbiose, voir en osmose et, le jour ou les bras prirent le pouvoir sur la tête ne fut sans doute pas le meilleur jour dans l’histoire de l’humanité, mais c’est ainsi.

Il faut noter ici que face à cette agression, « L’homme de Néo » ne changeât pas sa façon d’être ce qui accéléra sans aucun doute sa chute. Ainsi sont les témoignages que j’ai put recouper grâces aux milliers de documents mis à ma disposition en plus de quatre décennies.

Une sorte de théorie des espèces, le plus fort en bras détruit le plus fort en tête.

La sauvagerie animale triomphant de la sagesse.

- Nous vivons cela tous les jours n’est-ce pas ?

- C’est avéré mon cher Édouard, malheureusement avéré, ainsi naissent les traditions.

- Ayant pris le pouvoir d’une cité avec les technologies qu’elle exploitait, « L’homme primaire » se lança dans une véritable guerre de conquête des autres cités avec et c’est nouveau, des armes. « L’homme primaire » mit rapidement les sciences de la défense contre les grands animaux « prédateurs » des troupeaux au service de l’attaque contre les humanoïdes.

Les années et les générations que « homme primaire » a passé au service de «Néo» devinrent un atout dans l’élaboration de stratégies contre les villes voisines de celles d’ou était parti la révolte.

On trouve dans divers documents, chants, livres religieux, psaumes, traces archéologiques et géologiques, des traces de batailles nées au fond des âges entre plusieurs cités.

On connait des chants de victoire et de deuils nés à l’aube du monde et arrivés jusqu’à nous par les prêtres.

Il apparait que « l’homme primaire » ne détruisait pas son contemporain de façon systématique et qu’à travers diverses alliances entre groupes il finit par s’en créer deux distinct. Les rebelles et les fidèles.

Les rebelles attaquaient les villes que les fidèles défendaient, se sacrifiant même pour protéger leur maitres «Néo».

Les guerres durèrent plusieurs générations, créant des écoles, des corps, jusqu'à l’armée avec sa chaine de commandement de chaque coté.

Les uns attaquant et les autres se défendant.

Bien sûr, les guerres entrainaient de nombreux désastres dans les troupeaux et les cultures et la misère s’installait qui arrosait la haine des uns et le désespoir des autres.

Les « Libres » comme on le trouve inscrit sur de nombreux parchemins, attaquaient sans relâche.

Lorsque la faim était plus forte que la raison, les libres s’attaquaient entre eux dans des guerres de l’avoir, ainsi petit à petit se créèrent des empires militaires dirigés par des tortionnaires qui se renfermaient sur leurs territoires conquis et développaient leurs propres systèmes sociaux, culturels, religieux, linguistiques et politiques.

Petit à petit, les empires devinrent des pays, des territoires clos, on compartimentait la grande nation de «Néo» pour en faire ce que nous savons, plusieurs centaines de pays à ce jour.

Certains pays composés uniquement d’hommes «primaire » basculèrent dans la folie et la violence pendant que d’autres, dirigés par les sages géants de «Néo», étaient tournés vers l’étude, la mythologie, la méditation, les sciences, le recueillement...

Les géants vivaient dans de grands palais ou les fidèles les avaient placé pour qu’ils y vivent enfermé certes, mais en sécurité.

Pour cette raison, les palais étaient démesurés, gigantesques, ils étaient aussi fort luxueux afin que les « hommes de Néo » ne souffrent pas trop de leurs conditions.

Dans leur intérêt, il valait mieux pour eux qu’ils ne soient pas en contact avec un grand nombre d’hommes «primaires » car l’ennemi pouvait se dissimuler dans la peau de l’ami.

Dans le trouble ils ne savaient plus trop qui était qui, la confusion régnait sur la planète, seul quelques élus ayant fait preuve de leur foi et de leur fidélité pouvaient sans risque être mis en contact avec les géants de «Néo». Ils étaient toujours accompagnés.

La tradition voulût qu’on ne levât pas les yeux en présence des géants et que l’on gardât la tête baissée garantissant la sécurité des « protégés ».

En effet, lever la tête aurait put permettre de voir, voir donc viser, viser donc tuer.

Pour contenter le peuple, les géants faisaient des sorties régulières lors des fêtes du grain ou de la moisson ainsi qu’a d’autres dates clés dont je n’ai pas le détail ici. Malheureusement pour « l’homme de Néo », « l’homme primaire » avait pris le pouvoir sur la quasi-totalité de la planète et les Géants de « Néo » étaient en danger partout.

Dans les pays constitués uniquement d’hommes « primaires » les combats faisaient rage.

L’homme «primaire » avait retrouvé ses habitudes ancestrales et se reproduisait sans contrôle, la famine sévissait et son cortège de maladie et de dégénérescence, les femmes étaient considérées comme des « pondeuses » et les hommes des guerriers. On ne faisait plus grands cas des enseignements de « Néo », on se battait pour la nourriture, pour assujettir des esclaves pour travailler la terre, on pillait ses voisins sans vergogne, l’homme «primaire » cherchait à conquérir de la terre, des objets, des accessoires, et du pouvoir.

Chaque querelle dégénérait en meurtre, vengeance, rixe, pugilat, bataille, guerre, ce qui avait au moins le mérite de réguler la population.

Les plus vulgaires criminels, victorieux monstres survivants de batailles sanguinaires ou l’on décapitait en un tournemain, ou l’on étripait à tout va, ou les organes encore en activités, arrachés aux corps déchiquetés et mutilés jonchaient la terre boueuse mêlée de sang qui dégageait une odeur d’excrément et d’urine lâchés par les soldats apeurés, acculés à la mort, sous les coups répétés des épées ou des lances, gisaient, battants de fonctions désormais inutiles, frétillant dans d’inutiles spasmes au désespoir d’un rôle devenu superflu pour l’ensemble, les vulgaires criminels donc, avaient, ultime affront à la philosophie de « Néo », élevé la guerre au nombre des arts.

L’art que les géants avaient élevé au nombre de six, le chant, la musique, la peinture, la sculpture, l’écriture et la danse perdait maintenant sa valeur sacrée dans l’abstrait par ce qu’il y a de plus vil en l’être, la terreur de la peur et le plaisir du déni du vivant.

Ils agissaient et développaient une philosophie qu’ils enseignaient à leurs enfants, montrant la guerre comme une forme noble, on connaissait le nom des militaires mieux que le noms de sages, on faisait croire que la guerre était juste, qu’elle actait d’une lumière pour les générations futures, qu’elle apportait le bien et la sécurité, on faisait croire que la guerre était une exacte raison de se projeter dans le futur, de regarder plus loin que la condition de simple vivant, de créateur, de porteur de vie et de justice, on disait que la guerre transcendait l’homme par le fait, qu’elle générait un monde plus juste, une équité dans les rapport, on disait que le plus fort était le plus courageux, donc le plus noble, donc celui qui devait diriger les peuples sur le chemin de la victoire.

Du coté des géants, on se désespérait de voir la situation, les documents mémoires témoignaient d’un temps ou l’on avait plaisir à vivre ensemble avec les valeurs fondamentales développées par les anciens, le partage et la compréhension mutuelle.

Le temps passa et les générations succédèrent aux générations.

Un jour, il y a bien longtemps maintenant, à force de combat et de batailles, le dernier « Néo », vieux géant solitaire et triste, enfermé dans sa cage dorée, dernier gardien de chair de la connaissance des anciens fut assassiné par une horde « d’hommes primaires » assoiffés de sang et de pouvoir et qui avaient forcé toutes les protection pour venir abattre comme un vulgaire arbre ce vieil homme faible.

Ce jour fut le plus triste de l’histoire des civilisations.

L’ « humanité » toute entière venait de perdre son dernier guide sur le chemin de la sagesse.

« L’homme primaire » avait vaincu « l’homme de Néo » avait vécu.

« L’homme primaire » avait pris le pouvoir sur toute la surface de la planète.

Cependant cette victoire ne signifia pas pour « l’homme primaire » la victoire et la paix, « l’homme primaire » ne se résolut pas.

Cet être de faiblesse et de violence ne put se résoudre à jeter les armes faute d’ennemi, au contraire, dès ce jour il ne cessa de combattre contre ses contemporains pour obtenir plus de terres, plus de bêtes, plus d’esclaves et une nouveauté, plus de métal jaune et de cailloux qui brillent.

Sans aucun doute « l’homme primaire » avait irrémédiablement sombré dans la folie, et désormais, les sociétés nouvelles n’auraient plus comme but unique que le désir de posséder toujours plus de cailloux qui brillent et de métal.

De nombreux documents hérités de l’homme de « Néo » étaient maintenant dans les mains de « l’homme primaire ».

Il se créa une congrégation de fidèles rassemblés autour de la mémoire du dernier géant.

Dans ce groupe, plusieurs instruits prirent comme objectif la perpétuation de la mémoire et des savoirs, et les fidèles furent « illuminés », ils eurent la « révélation ».

Il y avait plus en « Néo » qu’un homme organique géant, il y avait l’homme et sa connaissance.

Les « hommes primaires » comprirent qu’eux aussi étaient plus.

Ils prirent conscience qu’eux aussi n’étaient pas qu’un amalgame de chair et d’organes.

Ils prirent conscience qu’ils étaient par ce jeu de miroir devenu plus qu’ils n’étaient pas encore parvenu à être. Certains se consacrèrent à l’étude des textes et de leurs personnes intérieures.

L’approfondissement de la compréhension des recueils laissés dans les bibliothèques du vieux géant fit regretter amèrement aux hommes de connaissance la destruction de ces êtres doués de compréhension et d’altruisme.

Ainsi, quelques hommes de connaissance se destinèrent à l’étude et à la conservation des textes laissés par les géants qui, depuis de nombreuses années, avaient consigné leurs découvertes spirituelles et technologiques ainsi que leurs observations astronomiques, physiques, logiques…

Les hommes de connaissance conservèrent avec soin ces documents et les recopièrent au fur et à mesure qu’ils s’effaçaient, s’usaient ou étaient détruit par une attaque, une mauvaise intention… Nombreux furent ceux qui connurent plusieurs grands livres qu’ils pouvaient réciter par cœur.

Avec le temps, à chaque copie, les hommes de connaissance apportèrent leurs réflexions personnelles ainsi que des rapprochements avec d’autres chapitres situés dans d’autres livres.

Tous les livres des géants devinrent rapidement sacrés.

Dans l’intérêt de la conservation de la mémoire et de l’objet, les sages en interdirent la manipulation pour qui n’était pas membre du groupe.

Pendant ce temps, de l’autre coté des grands murs des bibliothèques, le monde sombrait dans l’ignorance et l’obscurantisme, les maitres des armes et du feu se faisaient adorer comme des dieux, et tout ce qui pouvait rappeler l’existence des géants coulait dans le néant.

Il semblait se dérouler dehors ce qui était écrit dans les livres.

Les textes parlaient de l’aube des temps, de grandes batailles, de guerres violentes, les livres contaient la mémoire des guerres civiles d’avant l’apocalypse, des pluies de pierres chaudes, de lumières éclatantes qui transformaient en poudre ou en verre tout ce qu’elles touchaient, on pouvait lire l’histoire de destructions de villes entières dans un grand souffle venu de mondes invisibles, interdits.

Les textes racontaient comment le monde avait basculé et sombré dans le chao avant d’être recouvert par les eaux, ils contaient les esprits de la terre refugiés dans des lieux secrets.

Plus loin, ils contaient la naissance des premiers «Néo » animés de conscience, « fils et fille des sept génies de la terre », façonné dans le centre du monde.

Ils exhortaient les héritiers de « Néo » à ne pas oublier le témoignage des anciens, à vivre dans la paix, la concorde, le respect mutuel, ils interdisaient á la civilisation de "Néo" de faire commerce de l’usure, de bannir la spéculation et de prohiber toute forme de capitalisation.

Les textes contaient la violence destructrice qui avait envahi les terres des anciens, ils mettaient en garde le lecteur contre le courroux du dieu plus-petit-que-ce-qui-est-petit, plus-grand-que-ce-qui-est-grand, le début et la fin de tout et sa puissance déchainée, capricieuse et incontrôlable.

Les livres des anciens interdisaient à l’homme de Néo de chercher à étudier les fragments de la création invisibles à l’œil nu.

Ils insistaient sur la nécessité de la communion et de la vie en groupe basée sur le respect de la fragilité du nouveau et de l’ancien, ils reprenaient, telle une litanie épuisante, l’importance d’étudier les textes et de les conserver sans les modifier (ce que ne firent pas les fidèles) pour témoigner aux générations futures des contenus de ceux-ci afin que les erreurs du passé ne se reproduisent pas.

J’arrive maintenant à ce qui nous intéresse :

Les textes donnaient, je dis bien donnaient car il est évident que des textes premiers il ne reste rien, cependant, ils donnaient de nombreuses explications dont la référence permettant de situer la cité maudite dont le chemin était tracé dans les étoiles.

Une ville qui n’avait pas totalement disparue à l’occasion du grand cataclysme, une ville fantôme peuplée des morts maudits, derniers témoins des temps révolus ou les hommes se prenaient pour des dieux.

Une ville ou l’on ne pouvait se rendre que pour répondre à des questions qui forçaient les frontières de la science, de la raison ou du bon sens, la ville mère matrice des premiers « Néo ».

Cette ville avait le pouvoir de remettre l’homme égaré dans le sens de la raison. Une fois contemplé cette ville, l’homme prétentieux mourait écrasé par son arrogance à fouler le passé.

Une ville qu’on ne trouve pas avant d’avoir franchi le pont de la mort, une ville dont on ne revient pas ou d’où l’on revient fou, une ville maudite pour maudire les morts.

Merci de votre attention.

Quentin Leblanc avait terminé son intervention et s’était rassit.

Un silence de plomb était tombé sur l’assemblée non préparée à recevoir d’un seul coup toutes ces informations interdites.

Chacun était perdu dans ses pensées, allons y voir de plus près :

Une femme d’une soixantaine d’années aux mèches violettes pensait :

- "Tout ceci est il vrai, ne sommes nous donc pas les fruits uniques de la création qui est cet « homme primaire ? »

Un homme à la moustache proéminente maitre de conférences se disait :

- « Et la race première dont tout les grands se ventent d’être les descendant, qu’est-ce ?

- Les Néo, existent-ils vraiment ?

- Les barbares ?

- Je ne suis pas très grand, je ne descends pas de Néo, je ne suis pas grand, je suis gros… »

Un petit homme à son coté se demandait :

- « …Est il vraiment possible que Leblanc ait vu tout cela ?

- Qu’il ait put étudier ces textes ?

- Est-ce vrai ?

- Qui sommes-nous vraiment ? »

Une autre femme que l’on sait être la secrétaire se disait :

- « Ce brave Quentin Leblanc, il a l’air de bonne foi, comment cet homme sensé à put imaginer une seconde que la foule se laisserait raconter tout cela, et nous dans tout ça ? »

Un homme que nous n’avons pas encore vu pris la parole :

- Je suis stupéfait par votre théorie Leblanc !

- Cet homme, dirigeant de grands groupes financiers avait pour coutume de nommer les gens par leurs noms. - « le nom c’est la marque », disait-il aux personnes qui prenaient cette façon de parler comme irrespectueuse. - « Le prénom c’est le produit » finissait-il par dire.

- Est-ce cela que vous vouliez vendre hier au comité ?

- En quelques sortes oui, je n’ai pas mes notes, mon intervention aurait été plus étayée mais en quelques sortes c’est la trame du discours.

- Et vous pensez sincèrement que vous auriez put développer votre boniment jusqu'à la fin ?

- Heu…

- Oh! oh ! Leblanc ! jamais !

- C’est certain ! Dit la femme aux mèches violettes. Jamais vous n’auriez put finir et si tant est que la foule vous aurait laissé finir, les murs du palais en auraient tremblé.

- Pensez vous que les groupes d'intérêts vous aurait laissé mettre notre culture à la poubelle sans réagir ? Demanda le petit homme.

- Non la preuve, je n’ai même pas put commencer mon intervention.

- …vibrer les murs du comité, dépoussiéré les bibliothèques avec un réacteur d’avion…

- Quoi ?

- Non, rien…

- Vous rendez vous compte de la portée d’un tel message ?

- Oui bien sûr, mon but n’était pas de rentrer dans le rang des silencieux, je suis vieux, je puis donner un coup de pied dans la fourmilière et si les fourmis me mange et bien qu’importe, les vers ou les fourmis…

- Et maintenant ? La fourmilière ?

- Qu’importe, je suis trop vieux pour me battre, si les gens ne veulent pas écouter ce que j’ai à leur dire, qu’ils partent, je ne vais pas faire fermer les portes pour les obliger à m’écouter, je suis las.

- Il est évident que votre théorie va à l’encontre de toutes les croyances fondatrices ainsi que des dogmes qui régissent nos pensées.

- Je sais, j’ai passé quarante années à étudier les textes, je me suis vu m’écarter de la société. Pourtant si j’avance cette théorie, ce n’est pas à la légère. Je suis certain de ce que je dis, j’ai recueilli suffisamment de preuves pour affirmer quelques vérités, des documents, des objets, et une conviction inébranlable. Dussent mes révélations ne pas être partagée, il me reste quelques fidèles élèves et ami.

- Personne n’en doute professeur, reprenait l’homme qui était allé « cueillir » Leblanc dans la rue. Mais quel était le but de votre non-intervention ? Si je puis me permettre ce terme.

- Je puis affirmer sans l’ombre d’un doute que j’ai situé la cité maudite !

- Vous dites ?

- Je sais ou elle est ! Je suis sûr de savoir ou se trouve la ville dont on ne parle pas, seulement…

- Seulement ?

- L’argent !

- Ah… et dites nous en plus sur votre découverte : Comment ? Ou ? Quoi ?

- Au cours de ma dernière expédition au désert, j’ai vécu plusieurs mois avec les nomades, dont une les légendes raconte que par delà les grandes dunes rouges, se trouve une cité fantôme que le vent capricieux fait apparaitre et disparaitre rapidement dans les sables. cette légende parle d’une cité territoire du diable, matrice des géants et dernier pays des morts. Ils décrivent cette citée comme remplie de richesses et hantée de mauvais esprits, ils prennent bien soin de l’éviter.

- Seulement, les nomades suivant leurs troupeaux plus que le contraire, il arrivait que les bêtes se dirigent d’elles même sur la ville car il y a des résurgences d’eau à certains points du grand fleuve asséché et, selon les périodes, la recherche de l’eau prime sur les croyances et les peurs. Les bêtes sont si décidées qu’une armée ne pourrait les empêcher de se diriger vers l’élément essentiel à la vie.

- Quand les herbivores haut perchés sur leurs sabots usés par le frottement du sable à la recherche de leur substance quotidienne décident, il est impossible de les empêcher de se rendre sur le site et, bien que réticentes, les familles suivent le bétail, c’est le propre de leurs condition de nomade.

- Sur le site, les enfants, les simples d’esprits ne sont pas effrayés par les légendes et il arrive parfois que certains glanent quelques objets abandonnés par l’histoire.

- J’ai put observer des morceaux de verre feuilleté ramassés par des enfants et qui n’ont put être produit par la nature.

- Seule une société possédant la connaissance de ce matériaux à pût créer cette matière. Hors, ce lieu est désertique et connu comme tel depuis les premiers explorateurs.

- Voila pourquoi j’ai la conviction de pouvoir situer la cité maudite.

- En recoupant les textes et les légendes qui sont parvenus jusqu’à nous et les découvertes des nomades, j’affirme avec certitude que la cité maudite existe, que certains de nos contemporains l’ont foulé sans en prendre la mesure, qu’elle est encore explorable.

- Qu’attendez vous donc pour la découvrir professeur ?

- L’argent.

- Combien Leblanc ?

- C’est un peu brut comme question, il faudrait que je vous explique…

- Vous n’êtes pas au comité Leblanc, permettez moi de reposer la question, combien ?

- Et bien, considérant le transport, le matériel, les salaires, les…

- Combien ?

- Quatorze millions.

- Personnellement je suis d’accord, quelqu’un souhaite s’opposer au projet ?

- Non.

- Non.

- Non.

-

- Bien, voila pour vous Leblanc, quatorze millions, ils seront disponibles sous douze heures, avec ça vous allez nous faire une belle découverte.

- Bien, puisque cette question est réglée, repris la secrétaire, je propose que nous passions au second point de l’ordre du jour…

Tous les membres de la société du « Lys-rond » accordèrent sans plus de difficulté le crédit du budget au professeur Quentin Leblanc qui restait stupéfait par l’événement.

En moins de vingt-quatre heures, il avait été la risée du parterre le plus puissant du monde, il avait démissionné de son poste se croyant fini, il avait été intronisé dans une société secrète ou siégeait son ami de toujours, il avait réussi à développer sa théorie sans être interrompu et sans qu’aucun cri outrancier ne soit lancé, et obtenu, sans fournir le moindre bilan prévisionnel, le crédit qui devrait couvrir les frais de fouilles voté avec des « Non ».

Quelle journée !

Chapitre IV

Chapitre IV

-La fin des illusions-

Il était vingt-deux heures quand le bruit sourd retentit dans le bureau du président de la république.

Une heure exactement s’était écoulée depuis que ce dernier avait terminé son discours radiophonique.

On sentait dans la voix du président, portée par les ondes moyennes que l’on croyait éteintes depuis l’arrivée du tout numérique, un fond de texte lu et un manque flagrant de conviction.

- « Il est plus facile de mentir à la télévision », avait il déclaré à la fin de son discours à la nation.

Une minute plus tard et les auditeurs n’auraient pas entendu cette phrase.

Mais ça aussi c’était trop tard.

Le résultat fut que plutôt que de calmer le peuple en colère et la foule difficilement contrôlable, le discours n’avait fait que mettre un peu plus d’huile sur le feu et de rajouter à l’ambiance de bateau coulant, l’orchestre continuant à jouer, ambiance « Titanic » mais sans les violons.

Enfermés dans leurs palais, les gouvernants élus et non élus du monde étaient trop loin de la réalité pour pouvoir juger les événements en cours.

Leurs secrétariats, trop attachés à les ménager, avaient légèrement minimisé la crise, et n’avait pas tout dit comme d’habitude.

Lorsque la crise atteignit son point culminant c’était déjà trop tard depuis longtemps.

Impuissants, enfermés dans leurs bureaux capitonnés, les maitres du mondes étaient spectateurs aveugles et sourds des événements et ne pouvaient pas réagir. (les aurait-on seulement laissé réagir ?)

Dans son bureau, le secrétaire présidentiel, celui qui lui écrivait tous ces discours depuis la campagne, pondait comme une poule, un autre discours plein de métaphores, d’allégories, de symboles, un apologue, un peu de théologie, beaucoup de patriotisme, un peu d’aphorisme, du lyrisme, de l’optimisme, un esprit de mobilisation sans n’omettre de surligner quelques termes au feutre orange-fluo pour marquer les mots-valises, les apocopes et les aphérèses. Comme à son habitude, il avait glissé quelques contrepèteries subtiles dont il était maitre, et qui lui valait des sourires entendus dans les couloirs du pouvoir. Il écrivait, certains que ces indéchiffrables gribouillis de lettres pouvaient éviter le chao.

Il avait sursauté.

- C’est quoi ce son ?

Et puis il fut pris d’un frisson.

- C’EST QUOI CE SON ?

Les hommes de la garde présidentielle, postés à l’extérieur du bureau du « maitre du pays » à la demande expresse de celui-ci qui, selon ses dires :

- « Souhaite me recueillir ».

Sortirent de leur torpeur.

Cela faisait trois jours qu’ils n’avaient pas dormi, qu’ils n’avaient pas eut un vrai temps de repos et, malgré eux, ils se sentaient flotter dans leurs corps.

Ils se sentaient étranger à eux même, on comprend qu’ils ne se soient pas fait prier quand le président, ni lavé, ni rasé depuis qu’il était rentré en toute hâte, en râlant sur le fait qu’on lui gâchait ses vacances sur la cote d’azur, leur avait demandé de le laisser seul un instant comme nous le savons pour « se recueillir ».

En moins d’une seconde tous les gardes étaient sur leurs pieds et tentaient d’ouvrir la porte mais elle était fermée de l’intérieur.

Certains plus vaillant que les autres se démirent l’épaule en tentant de l’enfoncer.

Enfoncer une porte blindée à coup d’épaule, voila une idée bien saugrenue.

Il faut dire que par les temps qui couraient, tout était devenu si incontrôlable et absurde que cette absurdité de plus sur « le tas de poussière de l’erreur montagneuse » ne faisait pas d’ombre au tableau.

Le chef de la sécurité tambourinait la porte comme un dément en hurlant, il appelait le président par son titre, puis par son nom pour finir, la voix étranglé par l’appeler par son prénom.

Aucun des trois ne répondit à l’appel du désespéré.

- C’est sans doute ce qu’il y a mieux à faire maintenant, se dit il à voix haute. En finir une bonne fois pour toute ici et maintenant.

Personne ne doutait de ce qu’avait put faire le président, un coup sec, étouffé par le capitonnage du bureau, tout le monde depuis ces trois derniers jours avait à un moment donné pensé à faire la même chose.

- Allez voir par la fenêtre du jardin ! Cria le chef de la sécurité en larmes.

- Il avait craqué, il avait échoué, son président était mort sans doute.

Tout le monde était au bord du gouffre dans les couloirs de l’Élysée, même les ministres ne s’étaient pas présenté à leurs postes ce matin.

Une grande partie des secrétaires d’état, des employés de la prestigieuse demeure, huissiers, gardes, agents d’entretien, secrétaires, avaient déserté pour s’occuper de leurs affaires personnelles.

L’homme (fidèle) qui était parti voir du coté des jardins revenait avec sur le visage un air soulagé et résigné.

- C’est fini, dit-il à l’intention de tous.

Chapitre V

Chapitre V

-La vie à la carte –

Tout avait commencé quelques mois auparavant avec le grand « crack », une chute boursière sans précédant dans l’histoire de la finance mondiale.

La bouse de Paris, New-York, Tokyo et Londres avaient perdu plus de quatre-vingt pour cent de leurs valeurs en l’instant d’une heure après l’ouverture.

Les grands maitres de la finance mondiale avaient trébuché, c’était le glissement de trop et personne ne put arrêter la chute vertigineuse de l’économie planétaire.

On ferma les bourses du monde pendant quatre jours pour « donner aux operateurs les moyens techniques pour rectifier le tir », « mettre l’économie dans le coma afin d’enrayer l’hémorragie ».

Dans les journaux on parlait de l’économie comme d’une grande malade avec des adjectifs comme : obèse, diabétique, on parlait de souffle au cœur de la finance, d’infarctus de l’économie, d’ulcère, on parlait de greffer de nouveaux organes sains pour faire tomber la fièvre, on y allait de bouffées délirante du système de régulation, on parlait de la déficience des anticorps monétaires, de caillots financiers, de plaies , de migraine passagère, rien n’était trop imagé pour expliquer que la vieille dame capitaliste ne survivait que grâce à des soins constants et par la surveillance des médecins de l’économie, aux injections de sang frais et aux nombreux systèmes mécaniques sous lesquels elle était branchée depuis des décennies.

La vieille femme n’en finissait pas de mourir et ses râles, ses spasmes occupaient les pages des magasines financiers transformés en rubrique nécrologiques aux épitaphes graphiques destinées aux membres endeuillés de la finance mondiale.

Il ne se passait pas un jour sans qu’on apprenne la fermeture de tel groupe ou de telle banque.

Puis, comme elle était venue, la tentions baissait, le rythme redevenait fluide, et la vieille mourante reprenait un nouveau souffle dans de nouveaux élan de spéculation et de fusions. Plusieurs fois au cours du drame qui se jouait sur toutes les place financières du monde, on se félicitait de l’acquisition de gros portefeuilles bradés, de nouveaux empires nés à partir d’une action unique, on croyait que la crise était passée une fois pour toute, l’optimisme rayonnait.

Il y avait tellement longtemps qu’on tentait d’enrayer la crise à coup de milliards « sorti du chapeau du magicien » et qui étaient mis à fond perdus, que plus personne ne faisait crédit à qui que ce soit, les états débloquaient avec une telle désinvolture des sommes considérables (comme si ce n’étaient que des numéros sans signification) qu’il fallut bien qu’on finisse par les comparer à ce qu’ils étaient réellement, c'est-à-dire rien du tout.

Par le fait, et en toute logique, plus personne ne fit plus confiance à personne.

Les états dédaignèrent les banques qui elles même avaient fini par perdre toute crédibilité, jusqu’à douter de leurs propres capacités à absorber les coups de boutoir du système.

- « Avec un indice Dow-Jones à trois mille points, difficile de croire encore à quelque chose », murmuraient les spécialistes installés dans les gros fauteuils en cuir de leurs clubs très fermés.

La F.E.D., ou du moins ce qu’il en restait, avait depuis plusieurs mois abaissé ses taux directeurs à zéro.

C’était l’époque de l’argent gratuit.

Le galon d’essence avait atteint des sommets et les conditions étaient telles, que chacun prenait le risque d’un joueur de poker qui bluffe lorsqu’il s’agissait d’acheter et même de vendre.

Il fallut à peine deux heures après la réouverture des bourses du monde au terme de leurs comas artificiels pour voir les principaux indice mondiaux : C.A.C. 40, DAX, FOOTSIE, NIKKEI et DOWN-JONES, descendre jusqu’au point zéro.

Zéro ! Personne ne pouvait y croire ! Ça n’était pas prévu, ça n’était mathématiquement pas possible !

Dans toutes les bourses du monde, personne ne voulait plus vendre ni acheter.

Tout était à vendre pour une allumette usagée et pas un acheteur ne se décidant, il régnait dans les places un silence digne de la mort du roi. Le monde s’était éteint.

Même les rapaces de l’économie, les équarisseurs de portefeuilles, ceux qui se réjouissaient de grossir leurs empires à coup d’O.P.A. sur les banques affaiblies et les groupes d’investissement dans l’incertitude, ne voulaient mettre un cent dans la corbeille.

Un seul indice était à son maximum, un seul frisait les quatre mille mètres, celui du stress financier.

Il y avait trop longtemps que les états du monde vivaient à flux tendu.

En une demi seconde la vérité apparu à tous comme une évidence : Il n’y avait plus rien à acheter ou à vendre, il fallait trouver une solution et vite !

A nouveau on mit les bourses en veille.

On se réunit, on discutât sur le frôlement de catastrophe en s’encourageant à rester positif et constructif.

On avait réunit le G20 dans un grand congrès très cher. (Qui payait ?)

Certains pays prônaient la confiance, d’autres avaient donné de la voix et proposaient « Une bonne guerre » solution à tout.

Au Dix-septième siècle on proposait des saignées aux malades faibles.

Personne ne voulait faire la guerre.

De toute façon ça aurait été du suicide.

Avec la menace nucléaire des pays libres, c’est l’humanité entière qui aurait fini dans un grand éclair biblique.

- Hors de question de faire la guerre, trop cher ! Disaient les spécialistes.

- Il vaudrait mieux s’allier que de se combattre et mutualiser les ressources et les savoirs faire, disaient d’autres.

Il y eut de nombreuses réunions dans des lieux très chics ou les dirigeants du monde s’entendirent sur le nouveau modèle économique, et chacun finit au bout de 48 heures de marathon à l’épuisement (car on sait que se ne sont pas toujours les bonnes idées qui finissent par s’imposer, mais le diplomate qui résiste le mieux à la fatigue, ceci dans contrôle anti dopage à la sortie des conciliabules) par accepter le nouveau plan mondial.

- Un bijou ! Disaient les vainqueurs des négociations.

Le plan, le voila, une économie bridée, une spéculation contrôlée, et une meilleure utilisation des ressources, mais surtout, la fin de l’argent papier, la dévalorisation de l’or, de l’argent, du nickel, des pierres précieuses et de l’horlogerie suisse pour les pays riches.

Seuls les pays sous le sous-seuil de pauvreté et qui vivaient de leur propre maigres ressources, continueraient à conserver leur « monnaie de singe » (ce qui veut tout dire).

Tous les acteurs de la scène économiques ou se jouait un vaudeville mis en scène comme un drame, avaient accepté de se temporiser jusqu’à la sortie du mauvais cap et puis, pour le reste, on gérerait les événements au fur et à mesure qu’ils se présenteraient, on écoperait là ou les fuites apparaitraient en faisant confiance au bon sens humain, et à la bonne étoile de la civilisation.

C’avait été difficile de définir une ligne pour le présent, les gouverneurs et spécialistes hautement qualifiés, reconnus par tous pour leurs connaissances des mécanismes complexes de la finance mondiale, ne s’étaient pourtant pas trop mouillé pour définir un cadre pour le futur.

De cette réunion de tête pensante, était né le cadre des quarante jours.

Quarante jours pour remettre sur pied l’économie mondiale,

Quarante jours pendant lesquels les cours seraient remis à niveau et maintenus artificiellement à un cours moyen tenant compte des besoins et des ressources de tous de manière équitable.

Ce qui veut dire en clair que pendant ces quarante jours, les pays développés pourraient piller légalement les pays trop pauvre pour s’asseoir à la table des négociations, (de toute façon il était hors de question de négocier quoi que ce soit) en leur achetant leurs productions au prix « sortie d’usines ou de mines » sans droits de douane et au prix d’un manipulateur local.

Le tout déguisé en transfert de crédit de la part des pays « riches » vers les pays « en devenir » comme on disait pudiquement.

Rien de bien nouveau direz-vous, certes.

Une superbe arnaque comme seul l’occident est capable, ainsi qu’un bâillonnement des pays pauvres qui, de toute façon, ne pouvaient rien acheter car ils dépendaient déjà de la manne financière des pays riches.

Le « Club des blancs » avait défini un prix du baril de pétrole brut à quarante dollars malgré l’opposition des pays producteurs et membres de l’O.P.E.P., bâillonnés à coup de centrale nucléaire à crédit livrées clé en main, ainsi que les dernières découvertes en matière de désalinisation d’eau. Certains avaient même mit en ultimatum l’installation de la démocratie.

On avait exceptionnellement (et pour la unième fois) accordé des cotas de pèches supplémentaires et sacrifiés quelques milliers de kilomètres carrés de la forêt Amazonienne.

Pendant quarante jours, on avait mit en berne le drapeau des droits de l’homme ainsi que ceux de la femme et des enfants pauvres, au profit d’un nouveau boum économique digne d’une après guerre ou toutes les énergies étaient devenues nécessaires.

Dans les ateliers du monde, on sentait bien la différence car dès l’acceptation du plan, les usines se mirent à fonctionner à plein régime d’une main d’œuvre non qualifiée et bon marché.

Dans le moyen orient, on faisait fit des contraintes environnementales, et l’on extrayait des millions de litres d’or noir qui étaient acheminés par les énormes supertankers à travers le monde, via des routes de navigation jusqu’alors interdites du fait des nombreux bateaux qui les fréquentaient, ainsi que du risque de pollution pour les cotes sauvages et les sites protégés.

En Asie et dans le sous-continent indien, les centrales thermiques crachaient d’épais nuages noirs visibles depuis les satellites exosphériques.

Les moteurs étaient poussés au maximum afin de tirer toute l’énergie nécessaire aux fabriques de tout ce que l’occident désirait (à ne pas confondre avec « avait besoin »).

La communauté européenne avait levé ses droits de douane et abaissé sa T.V.A. à cinq pour cent pour tous les secteurs de l’industrie et du commerce.

Les branches du bâtiment, grande créatrice d’emploi, avaient été encouragées par la levée des normes environnementales, et des grands chantiers étaient inaugurés aux quatre coins du monde pour comme le disait les spécialistes « doper la croissance ».

Seulement le problème c’est que la croissance, à forte d’être dopée, commençait à friser l’overdose mais ça :

- « ça faisait partie du risque calculé, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs », avait declaré un homme vêtu d’une blouse blanche installé devant un tableau noir.

Seulement ce que n’avaient pas prévu les grands manitous de la finance, avec pour totem une corbeille et pour grigri une calculatrice, c’est que l’économie, ce n’est pas un feu d’artifice.

On ne l’envoie pas en l’air en la propulsant avec force pour la regarder péter en faisant des « oh ! » et des « ah ! » admiratifs.

L’économie quand elle explose, elle ne fait pas de belles couleurs, et les scories finissent toujours par retomber et bruler la tête de quelqu’un, ces quelque uns, ce sont souvent des spectateurs, les pompiers et les artificiers sont casqués eux.

C’est ainsi que dans le monde entier, sous l’effet de la poussée, dans tous les pays, on a entendu le sifflement de l’économie qui montait qui montait, et les gens la suivait des yeux l’air ébahi et heureux.

La petite bête comme on dit dans les chants d’enfants.

Les gens regardait monter la petite bête sans imaginer une seule seconde qu’elle finirait peut être par péter, et les gens n’imaginaient pas que leurs vies puissent exploser en même temps qu’elle.

Et pourtant, ça avait marché, sur le papier tout semblait comme les prévisions.

En quarante jours, on avait vu s’augmenter le nombre de création d’entreprises libres de taxes, les gens s’étaient rués sur les crédits gratuits, les échanges internationaux libres de droits plafonnaient à des niveaux records, seuls les spéculateurs faisaient mauvaise figure car ils étaient écartés du jeu.

Tout le monde s’était jeté sur les logements à vendre, les voitures.

Tous les objets de haute technologie que le peuple désirait, il pouvait y accéder grâce à un simple formulaire.

Une petite signature (une croix suffisait) et votre carte de crédit était gonflée d’un montant de votre choix au taux zéro, mieux encore, si vous n’aviez pas les moyens d’un compte en banque, on vous offrait la carte « anticrise ».

Inaugurée avec tambour et trompette sur toute la planète, la carte de crédit verte (couleur de l’espoir) c’était l’antibiotique anticrise, l’aspirine miracle contre les migraines de l’économie de marché.

Une carte de payement sans argent !

Un solde disponible mais intransférable comme pour une carte de crédit traditionnelle (bleue) seulement il était impossible de retirer de l’argent papier.

L’argent papier ?

Ça c’était une autre époque.

Une époque maintenant révolue.

Impossible de retirer son argent, les cartes de crédit avaient pour fonctions uniques l’achat et le transfert sur une autre carte, un autre compte.

Ça avait marché.

Les consommateurs avaient retrouvé les bonnes habitudes et leur entrain.

On fabriquait en orient et l’on vendait dans le monde entier des lecteurs, des téléphones multifonctions, toutes sortes d’objets aussi inutiles qu’ils trouvent leur indispensables place dans une société vide de sens en créant quelques secondes de bonheur à leurs nouveaux propriétaires, ce qui n’était déjà pas si mal.

Car selon les spécialistes, le problème était là.

Les gens n’étaient pas heureux, de ce fait ils réfléchissaient trop et ne consommaient plus assez.

Le système global de l’économie de marché est, comme son nom l’indique, un système marchand.

Si l’un des maillons de ce système (et non des moindres) de ce fameux piège à con, c'est-à-dire le consommateur, arrête de jouer son rôle (quand le consommateur arrête de consommer) c’est tout le système qui se grippe et se met à grincer et ça ce n’est pas bon pour l’économie, donc la diplomatie (nous vivons dans un monde dirigé par les marchands) donc la sécurité, donc la confiance, donc le bonheur.

On se souvient de G.W. Bush après les attentats du 11.09.01 qui exhortait les foules américaines à ne pas céder à la panique, à continuer à sortir dans les rues et surtout dans les boutiques, on se souvient qu’il priait presque ses concitoyens de dépenser leurs dollars.

L’argent rendait le système à la fois fort et faible, ça n’était un secret pour personne.

Ce n’était pas un problème de production, des millions de petites mains analphabètes et esclaves remplissaient quotidiennement leurs taches et les stocks d’objets à rêves étaient suffisants.

Ça n’était pas un problème de distribution ou de promotion, car le peuple avait le cerveau largement lavé par les publicitaires et les medias qui leur faisaient consommer n’importe-quoi.

Il leur suffisait de matraquer les cerveaux pendant trois ou quatre jours, pendant les matchs de football ou les séries à l’eau de rose, par des spots colorés et rythmés, avec des logos bien choisis dans la symbolique freudienne, pour voir les ventes décoller et les graphiques témoigner rapidement de la qualité de la force d’impact, par la concrétisation en lignes et colonnes de l’évolution du marché.

De ce coté tout allait bien.

Là ou ça n’allait pas, c’est que le consommateur n’avait plus d’argent et ses désirs se transformaient en frustration, et que de la frustration naissait la prostration, qui asséchait le canal des fantasmes, et démontait l’échafaudage des désirs.

Prostré chez lui, le consommateur n’achetait plus, il ne sortait plus, naviguait peu sur les sites commerçants, il n’allait plus supplier son banquier pour obtenir des avantages, des rallonges de crédits, il n’allait plus flâner dans les centres commerciaux désirer des articles inutiles qui le hanterait plusieurs jours avant qu’il ne craque.

De ce fait, les objets restaient sur les étagères durant des semaines.

Voila ce que les gens nommaient « crise », certains diraient « bon sens et libre choix ».

Durant les derniers mois, en Asie, plusieurs usines avaient dut fermer les chaines de production pour écouler leurs stocks, les employés bon marché s’étaient retrouvés dans la rue et sans activité, ils s’étaient réunis et avaient parlé, le sujet de la démocratie étaient venu sur la table, il fut traité dans le sang par les autorités.

Un peu partout on dut ralentir le rythme de production et réduire le personnel à peau de chagrin.

Partout les mots étaient sur les lèvres : catastrophe, effondrement, choc, révolution.

Voici la genèse de la vie sans argent papier, ainsi c’est installé l’unique payement possible.

La carte de payement platine pour les très riches, or pour les riches, bleue pour le peuple et verte pour les exclus.

Voila l’histoire des quarante jours ou les gouvernements du monde, plutôt que de renflouer les banques, décidèrent de renflouer le peuple.

Mettre l’argent dans la poche du consommateur semblait la meilleure solution mais, c’était sans compter sur la bête…

Chapitre VI

Chapitre VI

-Le pèlerin-

Au bord du grand erg saharien arrêté par les montagnes de l’Adrar, entre roches nues et sable, écrasé sous un soleil éblouissant qui mettaient aux couleurs ce petit quelque chose de surexposé qui ne trompe pas le visiteur, entre plaine désertique et canyons montagneux ensablés par l’avancée du déserts se trouvait un petit village oasien peuplés de nomades nonchalants à la vie tranquille.

Pour vous donner la taille du village, imaginez un petit centre commercial (parking compris).

Dans le petit village construit en pierres sèches ramassées au bord des grandes montagnes qui le borde, les cases traditionnelles circulaires couvertes d’un toit de palmes de palmier dattier, jouxtaient les "tikits" faits de bois glanés ici et là au hasard d’une rencontre et de palme et d’herbe à chameau solidement tressées et liées ensemble.

Dans le petit village oasien, on vivait bien.

L’été, quand il faisait trop chaud pour dormir dans les maisons, on sortait les khaïmas histoire d’avoir un toit sur la tête.

Quand la vie était trop fatigante, on s’allongeait sur les nattes de jonc et de cuir achetées à une caravane de passage qui avait fait halte pour renouveler sa réserve d’eau, et on fermait les yeux.

Les femmes étaient bien en chair et vêtues de voiles colorés, les mains peintes d’arabesques au henné.

Les hommes s’habillaient de boubous bleus ou blancs portant d’abondantes broderies qui perdaient leur charme lorsqu’elles étaient faites à la machine ce qui, paradoxalement, était considéré plus luxueux que le travail d’une brodeuse.

Ils portaient le chèche blanc ou bleu ou beige, ils fumaient la pipe qu’ils rangeaient consciencieusement dans leur chambre (petit étui de cuir) et buvaient du thé en palabrant ou chantant, téléphonant à quelques amis ou familles de l’autre coté du goudron, du cordon de dune, du monde.

Dans le paysage, des enfants, nombreux, maigres, à demi-nus et heureux, le flou de la poussière de sable soulevé par le vent infatigable.

Dans tout ceci les khaïmas semblaient poser des accents circonflexes sur l’immensité comme pour affirmer : le câlme, le thê, la siêste…

Depuis quelques jours cependant, une agitation particulière animait le village lové entre les vertigineuses montagnes aux sommets plats dont les flancs étaient marqués par les troupeaux, et la palmeraie qui s’étendait à l’est suivant le cours souterrain de la source jaillissant à quelque deux kilomètres plus au nord dans la faille de l’oasis.

Après avoir parcourue son chemin entre les palmiers et les canaux de l’oasis, après avoir rafraichi les habitants et touristes de ce petit paradis terrestre qu’est l’oasis, l’eau retournait à ses chemins mystérieux perdus sous les sables orangés de la palmeraie.

La seule trace de la présence de cet élément sans qui rien n’est (ne nait) étaient les cristaux de sel qui remontés à la surface du sol par capillarité, donnaient la vision d’un sol givré ou recouvert d’une fine couche de neige sous quarante degrés à l’ombre.

Les palmiers dattiers offraient leurs fruits sucrés à qui savait bien manier le caillou pour les décrocher des régimes haut perchés, ou aux plus habiles escaladeurs de troncs.

Là où l’élément vie ne passait pas (dans les grandes dunes encerclant le village), quelques rares acacias à l’écorce puissante couverte d’épines et aux feuilles rares, c’étaient résigné à pousser sans eau.

Ahmed Ould Ahmed préparait ses chameaux.

Ça n’était pas la première fois qu’il partait au désert mais c’était toujours une expérience à ne pas prendre à la légère.

Le désert du Sahara reste un des lieux les plus hostiles et les plus dangereux du monde, un voyage dans ce monde est une expédition périlleuse qu’il ne faut pas sous estimer, surtout lorsqu’on part seul avec trois chameaux.

Le moindre incident pouvant tourner au drame, il ne faut surtout pas négliger les préparatifs qui sont plus que la moitié du voyage.

Hier soir, les filles ont chanté pour lui.

Les filles, vêtues de leurs mélafas avaient psalmodié le prophète, les routes sableuses qui accompagnaient le pèlerin en d’autres temps pour le pèlerinage du lieu saint des saints des musulmans, les djinns et les histoires d’esprits qui traquent l’égaré.

Chinguetti-la Mecque, c’est le trajet qu’avait prévu d’accomplir seul Ahmed.

9 mois de périple à travers le grand désert du Sahara.

Ça avait été toute une aventure pour obtenir les autorisations, les visas, les papiers pour les bêtes mais tout était réglé (non sans difficultés et bakchichs).

Ahmed avait décidé de faire la route comme ses ancêtres avant lui.

Alors que tout le monde voyageait désormais par avion, lui avait décidé d’emprunter les pistes tracées par des milliers de personnes avant lui depuis l’aube des temps.

A Chinguetti, il avait consulté les anciens manuscrits qui font la renommée de la ville du désert.

Il avait passé des années à recopier, à définir son itinéraire pour marcher exactement sur les pas de ses ancêtres.

Guide pour les trekkeurs il avait une grande expérience du désert et des chameaux, mais le contact prolongé avec les touristes, avaient brisé en son fort intérieur, quelque chose de l’ordre de la racine ethnique, il sentait qu’il se diluait.

Il s’était laissé corrompre entre les bras des femmes faciles qui voyageaient plus pour les hommes que pour le désert, et avait touché, entrainé dans la folie, à l’alcool dont les blancs ne pouvaient pas se passer, même ici.

Par un jeu ou se mêlait peut être la bêtise de l’être qui a perdu ses valeurs, on lui avait fait manger du porc à son insu, puis on lui avait révélé cette ingestion à grands rires et tapes amicales dans le dos avec des :

- Tu vois tu n’en es pas mort !

- Ahmed en doutait.

Il se sentait en rupture avec sa croyance et son identité, il se sentait impur et, seul un voyage dans le désert et une purification à la Mecque, pouvaient, lui semblait-il, le remettre sur le chemin d’un paradis tout les jours plus difficile à atteindre, alors que, paradoxalement, tous les jours nous rapprochent un peu plus du grand jugement.

Cérémonieusement, il chargeait tout ce dont il pouvait avoir besoin pour son voyage.

Quatre cent litres d’eau, un grand sac de riz, sa hachette, des allumettes, sa théière, du sucre, du thé, un couteau, sa khaïma, une natte, un coussin, du tabac noir et son coran aux pages jaunies hérité de son père qui lui-même le tenait de son père, qui le tenait de son père etc.…

Les amis du village oasien lui offrirent plusieurs boubous et sarouels neufs, ainsi que plusieurs petites choses qui pourraient lui être utile dans son voyage pour remercier ses hôtes par des cadeaux, ainsi qu’un gros sac de viande séchée, du charbon de bois et des dattes en quantité bien conservées dans une peau d’agneau.

Les trois chameaux étaient convenablement chargés, et sous les youyous des femmes et l’accompagnement des enfants de Tergit, Ahmed pris la piste du désert pour s’engager sur la voie de son long périple saharien.

Le soleil montait dans le ciel et déjà la chaleur faisait apparaitre des ondes sur le sol poussiéreux.

Les chameaux habitués aux conditions du désert semblaient ne pas ressentir le poids de leurs charges.

Une fois passé la montée pour le plateau d’Oujeft, le grand reg s’ouvrait à lui.

Paysage de pierres et de rocs cuits par les rayons solaires ouvrant sur la piste du grand désert.

Il lui faudrait quatre jours pour atteindre Chinguetti, (il pourrait faire le chemin plus vite mais il considérait mieux économiser les bêtes au départ) puis de là, après avoir fait une petite fête avec ses amis et sa famille et reçu à nouveau encouragements, bénédictions et cadeaux, il pourrait s’engager dans la mer de sable recouvrant la vieille cité et ses innombrables mosquées.

Sous ses pieds, le sable chantant dissimulant les vestiges de la ville engloutie le portera loin, très loin des hommes et de leurs agitations.

Dès ce moment il sera seul avec ses chameaux et sa chamelle qui lui donnera son lait.

Lui, le désert et dieu, tous les trois réunis dans une union sacrées d’où il sortira béni, lavé, purifié, nouveau…du moins espère t’il, et s’il est trop tard pour lui, que son offense à été trop importante, alors les djinns viendrons le chercher ou le diable l’emportera dans son monde maléfique.

- La ilâh illallâh, La ilâh illallâh… reprend il sans cesse pour accompagner sa marche dans le monde. La tête enrubannée et son boubou de basin riche attaché autour de sa taille avec la grande ceinture des Maures.

Au loin un berger le salue et lui fait signe d’un verre de thé. Ahmed s’engage vers lui pour partager ce moment.

Il n’est pas pressé, son voyage ne fait que commencer…

Chapitre VII

Chapitre VII

-Le camp dans le désert-

En quelques jours la grosse organisation s’était mise en branle.

La société du « lys-rond », via quelques entreprises floues installées dans de non moins obscurs paradis-fiscaux, organisa la création d’une « Fondation Quentin Leblanc » et rapidement les millions promis remplirent les caisses.

Les fouilles pouvaient commencer.

Pour un maximum de sécurité et de discrétion, on avait corrompu les dirigeants du pays concerné par l’opération, qui avaient cédé, moyennant quelques avantages matériels et financiers pour eux, le terrain des fouilles en un bail de quatre-vingt dix neuf ans renouvelable par tacite de reconduction pour une somme frôlant le ridicule.

Jamais dans l’histoire de l’archéologie, on avait lancé un tel chantier dans un endroit aussi isolé et singulier.

Perdu au milieu du grand désert, entouré de sable et de roches vitrifiées s’étendant sur plus de trois cent cinquante milles kilomètres carrés, le professeur Leblanc affirmait avoir découvert la cité perdue, une aiguille dans une meule de foin.

Dans un premier temps, il avait fallu créer les voies d’accès au site à plus de cinq cent kilomètres des cotes maritimes par où il était plus facile d’aborder le désert.

De grosses machines étaient acheminées dans le pays sous prétexte de coopération et d’aide au développement des infrastructures dans le domaine du transport et de la communication.

Les énormes tractopelles déblayaient des passages au milieu des dunes de sable qui atteignaient parfois plusieurs dizaines de mètres de haut.

Les engins transportaient le sable un peu plus loin dans le sens du vent.

Malgré les gros moyens mis en œuvre, la route avançait doucement et se refermait derrière des terrassiers car le vent infatigable transportait du sable comme de l’air.

La volonté des hommes et la force des machines eurent finalement le dessus sur les éléments, et au bout de quelques semaines, la longue file de camions chargés de toute la logistique dont le chantier aura besoin, arriva à destination sous les « ouf » des chauffeurs épuisés.

Ils avaient subit des conditions pénibles pendant l’épopée qui les avait conduit depuis le port, jusqu’à la zone sauvage d’abordage sur les cotes sableuses du pays qui obligeaient les pilotes à des zigzags entre les bancs de sable qui se mouvaient au rythme des marées et forçaient les capitaines à la plus extrême prudence, sondant les fonds au fur et à mesure de leurs tentatives d’approcher les côtes, les obligeant à rebrousser plusieurs fois chemin en tirant bords sur bords dans le vain espoir de toucher cette terre qui, vue du pont, semblait si proche.

Parfois ils étaient seulement à quelques mètres, mais ça n’était pas encore assez proches, et le capitaine du vaisseau qui ouvrait le chemin dans ce labyrinthe d’eau et de sable pestait, râlait, hurlait sur son second en lui promettant chaines, enfer et damnation, maladies exotiques et mort cruelle avant de l’envoyer sur une vedette légère inspecter un nouveau passage, en espérant que celui-ci ne se refermerait pas devant lui avant qu’il ait le temps de l’atteindre et de débarquer son monde.

Les nombreuses carcasses de bateaux qui étaient échouées tout autour d’eux créaient le soir une ambiance sinistre qui donnaient des frissons au plus aguerris loups de mer.

De nombreux marins avaient laissé leurs peaux sur ces eaux dont on voyait les côtes et dont la réputation n’était plus à faire.

Depuis l’histoire de la marine on ne comptait plus les navires qui s’étaient perdus corps et âmes en tentant de sortir du piège ou ils s’étaient mit plus ou moins volontairement ou par accident.

Ces eaux étant très poissonneuses, de nombreux bateaux venaient braconner sur les côtes.

C’était un bon endroit pour débarquer le matériel car il était presque sûr qu’il n’y aurait pas de témoins, l’avantage sur les braconniers qui repartaient cale pleine était qu’à leur inverse, les navires déchargés de véhicule et du matériel repartiraient avec une ligne de flottaison plus haute.

Finalement, au bout de dix jours de recherche à ratisser le moindre espace de la cote désertique, on avait réussi à approcher suffisamment près pour que les gros porteurs puissent s’extirper du ventre des bateaux.

Depuis lors, c’est mètres après mètres que la longue chenille de véhicules aux allures futuristes avançait dans le grand erg qui s’étendait devant eux à l’infini.

Une fois les véhicules garés, il fallut encore tout décharger et installer les infrastructures pour que les équipes puissent travailler correctement.

Salles de réunion, de repos, cuisine, lieux d’hygiènes, laboratoires, infirmerie et bloc d’opération d’urgence plusieurs salles de décontamination et de travail.

Pour les repos on avait opté pour des tentes militaires et des khaïmas achetées aux nomades.

Des équipes aéroportées amenaient le matériel trop fragile pour être convoyé par voie terrestre (lecteur de spectre, lasers, infrarouges…) ainsi que les techniciens comptants pour la manipulation et la gestion de ceux-ci.

Le balai aérien dura plusieurs jours jusqu'à ce que soient livrées et installées toutes les installations nécessaires au bon fonctionnement du lieu de fouille.

La société du « Lys-rond » finançait grassement les recherches, et des moyens digne d’une mission gouvernementale étaient à la disposition de Leblanc et de son équipe composée en grande partie de ses assistants du comité qui avaient pour certain démissionné à la suite de leur collègue, et de quelques élèves de l’université triés sur le volet.

Les fouilles devaient durer cent vingt jours et tout était en place pour le confort et les besoins des deux cent personnes qui y acteraient.

Des purificateurs étaient installés près des forages dans le lit d’un oued d’où sortait une eau rare, potable bien que légèrement saumâtre.

Les aliments déshydratés, en conserve et sous vide, étaient en quantité suffisante pour plusieurs mois.

Le camp était installé et fonctionnel et cela représentait déjà un exploit en soi.

Il se trouvait dans une des zones les plus inaccessibles et chaudes du monde, un désert de sable et de roche ou ne vivaient que des insectes robustes, des serpents venimeux, des hommes, des femmes et des bêtes aguerris à la solitude et au manque d’eau.

Les humains comme les troupeaux c’étaient adaptés à manger des aliments au sable, boire de l’eau au sable, et respirer de l’air au sable.

Leurs dents étaient usées par le frottement continuel du sable et de nombreuses irritations de leur système respiratoire les obligeaient à des raclements réguliers de gorge ainsi que des claquements de leurs parties nasales, phonème qu’ils utilisaient aussi pour dire « oui » ou « non ».

De nombreux habitants des environs étaient mis à contribution car dès que la nouvelle des fouilles circula dans les camps de nomades et les oasis de la région, tous les hommes en âge de travailler, les garçons, bravant les craintes que leur inspirait le site, s’étaient présentés pour demander qu’on les embauche.

Le travail n’était pas dur mais il était pénible.

- Avez-vous une pelle ? demandait l’agent recruteur.

Dans le cas d’une réponse positive, le propriétaire de l’outil était invité à le prendre avec lui et dans ce cas, recevait une indemnisation supplémentaire.

Près de quatre cent personnes issues des populations locales furent embauchés en moins de deux jours.

On attendait plus que le top départ de Quentin Leblanc et le chantier pouvait commencer.

On fit monter le professeur Leblanc dans le godet d’un tractopelle (suffisamment grand pour y mettre une voiture) qui l’éleva en l’air de sorte que, d’où il se trouvait, Leblanc embrassait toute la vue du chantier dont l’horizon se perdait dans la perspective floue qu’offraient le sable et le ciel mélangé par le vent.

- Mes chers amis, c’est avec une joie non dissimulée que je vous annonce que nous sommes prêts et que le chantier commencera son œuvre à partir de demain matin six heures trente.

- Merci pour le travail que vous avez fourni pour que nous nous trouvions dans les meilleures conditions. Je vous souhaite à tous de grandes découvertes et des instants mémorables. En attendant demain, réjouissons-nous et partageons cette soirée avec nos amis nomades qui nous font l’honneur de leur présence.

Tout autour du camp des chercheurs, les nomades avaient posé leurs tentes et le sang des moutons coulait à flot de leurs gorges ouvertes.

Les lits de braises rougissaient à la vue des hommes qui découpaient la viande en quartiers.

Les plus jeunes garçons préparaient le thé, et les filles chantaient.

Le professeur était déjà venu prospecter sur le terrain et pour les nomades, c’était à chaque retour de ce dernier parmi eux l’occasion d’une fête.

Son âge lui prévalait un respect parmi les habitants du désert, et ses apparitions-disparitions avaient forgé dans l’esprit des nomades la conviction que Leblanc était aussi un nomade, d’une façon différente, un voyageur, un homme comme eux.

Ils s’étaient amusés à voir ce vieux monsieur, aux cheveux blancs parsemant son crane dégarni, vêtu de son traditionnel pantalon de velours côtelé et de sa chemise blanche (dont la poche pectorale abritait toujours une quantité incroyable de stylos qui faisaient l’admiration et la convoitise de tous les enfants), s’agenouiller entre les dunes à la recherche d’on ne sait quoi jusqu’à ce qu’animé d’une joie enfantine, il se relève en trépignant, tenant un infime morceau de verre entre les doigts.

Souvent, le soir, on riait dans les tentes, quand on se remémorait le jour ou l’on des chefs de famille avait sorti d’une malle divers objets sans aucune valeur, qui avaient été ramassés par les enfants quelques temps avant.

Les enfants avaient tellement insisté pour les garder qu’on les avait gardés.

A la vue de ces objets de rien, le professeur s’était écrié en plusieurs langues.

Son visage c’était empourpré et il s’étouffait dans des exclamations bruyantes exprimées pour lui-même. Il gesticulait comme un pantin et traitait les objets avec tellement de soins que les nomades ne pouvaient s’empêcher de le mimer ce qui faisait rire tout le monde.

Les nomades étaient des gens au caractère agréable toujours disponibles et aux petits soins pour leurs invités.

Ils partageaient spontanément le peu qu’ils possédaient.

Le soir, ils se réunissaient et se racontaient des histoires venues du fond des âges, et qui se transmettait le plus naturellement du monde des anciens aux plus jeunes à la lueur d’un feu, dans des chants parfois gais, parfois tristes ou mélancoliques, la mesure frappée sur un bidon.

Leurs chants étaient plus vieux que le plus vieux des livres des bibliothèques du comité, ils en connaissaient une quantité incroyable, et étaient toujours près à en dévoiler un nouveau de jour comme de nuit, à la condition d’un verre de thé ou d’un plat de riz ou se perdaient quelques rares morceaux de viande séchée.

La soirée fut un grand moment d’allégresse et de communion entre les deux sociétés qui se rencontraient.

Dans la soirée, il y eut un spectacle improvisé ou les jeunes mimèrent le professeur débordant de joie à la vue des objets sortis de la malle.

Tout le monde rit beaucoup et quelques hommes vinrent embrasser la tête du professeur pour se faire pardonner l’offense qui lui avait été faite par la fougue des jeunes.

Le professeur riait beaucoup lui aussi et ses yeux brillants de larmes éclairés à la lumière de quelques lanternes semblaient ceux d’un tout jeune homme.

Au cours de la soirée, les nomades montrèrent aux élèves comment fixer leurs chèches autour de leurs têtes, et les professeurs et techniciens habitués à manger avec des couteaux et des fourchettes engloutissaient de grosses poignées de riz et de viande grillées récoltées à pleine mains dans les plats communs.

Tous se réjouissaient de l’expérience qui leur était offerte de partager quelques temps de vie avec les gens du désert.

Chapitre VIII

Chapitre VIII

-Les fouilles-

Tôt le lendemain, de grandes files de camions circulaient bon train sur une piste improvisée entre les dunes.

Ils attendaient, alignés les uns derrière les autres comme des animaux affamés de sable, que la grande pelle mécanique leur bourre le ventre de nourriture qu’ils allaient régurgiter plus loin à une dizaine de kilomètres sur un plateau rocheux, le vent se chargeant de le convoyer plus à l’ouest.

L’énorme pelle mécanique chargeait le camion en deux godets et aussitôt le camion prenait la piste, un autre se tenait à sa place et ainsi de suite dans un ballet sans fin.

Le chantier de déblayage allait vite et bientôt la piste des camions était bien visible. Le nuage de poussières soulevé par les roues s’élevait dans le ciel et s’étendait sur plusieurs kilomètres.

Beaucoup d’agitation pour cette zone habituellement calme et évitée par les gens du fait de son aridité et de sa mauvaise réputation.

Personne ne fréquentait le lieu car il n’y poussait rien. C’était le pays des insectes et des serpents qui, depuis l’arrivée des équipes, se faisaient curieusement discrets.

Les légendes des nomades disaient qu’on y entendait toutes sortes de sons étranges car le diable y tenait séance et charmait les bergers égarés.

Pour le moment, les seuls sons étranges que l’on pouvait entendre étaient ceux des climatiseurs, des éoliennes et des compresseurs, ceux qui y tenaient séances étaient les géologues et les chefs de groupe.

Le professeur Leblanc suivait les travaux de la pelle mécanique avec attention. Il scrutait les pelletés à la recherche d’un changement de couleur du sable ou d’un autre indice inattendu.

A l’arrivée au reg, les camions vidaient leur charge sur un énorme tamis qui filtrait la cargaison à la recherche d’improbables indices qui auraient put permettre d’affirmer que les recherches allaient dans la bonne direction.

Depuis maintenant une semaine et des tonnes de sable, pas un objet ne permettait d’affirmer qu’il y avait dans le désert autre chose que du sable et quelques agates.

Chapitre IX

Chapitre IX

-La bête-

La bête, c’est ainsi qu’il s’était présenté aux cieux du monde.

Il était bien connu des services de surveillance des réseaux pirates de l’informatique.

« La fin du monde est pour demain » avait-il prévenu la veille sur son blog.

Il avait aussi spammé par ricochet toutes les boites aux lettres électroniques à travers le monde.

Le message était sans ambigüité.

« 74 8373 »

Samedi 31 juillet 20h49 GMT

Demain premier aout commencera mon œuvre pour la sauvegarde et la désinfection de la planète terre.

Préparez vous tous à mourir car vous êtes inutiles.

Repentez vous pour vos erreur, dites adieu à vos familles, vos amis.

La fin du monde est pour demain et ça commence maintenant.

Merci de votre attention

LA BETE

Pour protéger la nature, n’imprimez pas ce courrier. Merci.

Directement informés par le message, les services de « répression de la délinquance informatique » avaient émit une alerte de niveau –un- à titre préventif car la bête n’en était pas à son premier coup de bélier dans le système. Il avait déjà piraté les sites du gouvernement et de l’armée en les redirigeant sur des sites anarchistes, écologistes, révolutionnaires ou zoophiles. Il avait aussi pénétré le site de l’O.N.U., de l’O.T.A.N. et violé l’entrée de l’intranet du gouvernement chinois qui avait très mal pris la chose.

Les fonctionnaires en poste au service de « répression de la délinquance informatique », firent état sur leur rapport du jour d’une « tentative d’intimidation », mais il leur était difficile d’agir.

Le message était envoyé un samedi, et de nombreux fonctionnaires avaient déjà fait leurs valises et étaient sans aucun doute huilés et allongés sur des plages paradisiaques aux antipodes de Paris et de la routine des chasseurs de « petits malins », les autres savouraient leur premier jour de vacances dans les restaurants ou les clubs un peu partout en France.

Un fonctionnaire plus zélé qu’un autre se mit dans l’idée de prévenir son chef à tout hasard.

La note directoriale affichée sur le tableau garni des cartes postales reçues ces quinze derniers jours était claire.

« En cas de menace, suivant votre intime conviction, informez les autorités supérieures ».

L’intime conviction du fonctionnaire était que cette menace lui faisait peur. Pourquoi ?

Il eut rapidement la réponse lorsqu’en essayant de joindre son directeur, le téléphone se mit hors service.

Il eut un frisson d’angoisse.

Il n’y avait pas de réseau téléphonique et il n’était pas assez gradé pour prendre une décision.

Il tenta de joindre son collègue par la ligne intérieure.

Celle-ci fonctionnait.

- Allo ? Pas encore parti au 24 ?

- Et non comme tu vois, il faut bien qu’il y en ait qui travaille ici, ça justifie que les lumières soient allumées.

- Tu as pensé à la cotisation du syndicat ?

- Non pas eut le temps je suis un peu juste en ce moment…

- Toi ?

- Et oui mon pote, c’est la crise tu sais !

- Foutaise !

- Peut être mais ça n’est pas pour ça que je t’appelle, dis moi, Nous avons un souci ici, un nouveau message de la bête.

- Oui je l’ai sur mon écran, tranquille mon pote, tu sonnes ton directeur et tu reprends un café.

- J’ai essayé de le joindre justement mais il n’est pas sous réseau.

- Non ce n’est pas lui, c’est général je crois, moi non plus je n’ai plus de réseau, je croyais que ça venait de mon mobile mais Robert n’a pas de réseau non plus, tu sais qu’il passe ses journées à causer avec sa fiancé et bien ça fait 10 minutes qu’il ne dit plus un mot ça fait bizarre…

- Ouaih, bon, qu’est-ce qu’on fait dans ce cas là ?

- T’es un vrai bleu toi ! ouvres ton livre d’opération, tu dois appliquer la procédure.

- Ce ne sont pas dans mes prérogatives et en plus je n’ai pas les codes, je suis juste un vigile, je ne peux pas déclencher les boucliers comme ça.

- Écoute, moi je quitte à vingt et une heures alors fait comme tu veux.

- Moi aussi je quitte à vingt et une heures.

- Ça n’est pas la première fois que l’on a un message de la « Bébête » ?

- Non ça doit bien être le dixième message en une semaine.

- Qu’est-ce qu’il nous a fait jusqu’à maintenant, hein ?

- Rien de bien méchant, à part détourner des U.R.L. on ne peut pas dire qu’il ait fait de gros dégâts.

- Quand même, on ne peut pas faire comme si de rien n’était.

- Écoute-moi bien. Toi tu fais comme tu veux, moi toute ma famille m’attend à la porte de la maison avec les valises, en plus je n’arrive pas à les joindre à cause de cette saloperie de réseau ! Ça fait deux ans que je reporte les vacances à cause de rigolos qui viennent nous agresser en plein été et pour rien, alors écoute moi bien mon pote, je n’ai pas l’intention de fusiller ma famille pour trente quatre mille euros par ans ok ? J’ai déjà frôlé le divorce à cause du boulot, et en plus j’ai grillé déjà la moitié de mon week-end en remplacement. Normalement j’aurais dut quitter vendredi à quinze heures.

- Désolé mais ça n’est pas moi qui fait les plannings.

- Ce n’est pas ce que je voulais dire ! Mais si on déclenche maintenant la traque, c’est grillé pour la soirée et ça va empiéter sur les congés sous prétexte que l’on était les premiers informés, et ça, la baronne, elle ne supportera pas, je préfère ma femme et mes enfants à mon boulot ok ?

- Alors qu’est-ce qu’on fait ?

- Moi, je me casse discrètement et je laisse à l’équipe de nuit d’accord ?

- D’accord

- Bon salut.

- C’est ça.

L’agent raccrochait son téléphone quand son replaçant fit son apparition dans le poste de surveillance.

- Bonjour les gens ! Quoi de neuf ? Rien j’espère !

- Et non mon pote, il y a un message pour l’équipe de nuit et l’équipe de nuit c’est vous non ?

- Il parait, il parait…Alors c’est quoi ce message ?

- Des nouvelles de la « Bébête ».

- Encore ! Qu’est ce qu’il à fait cette fois ?

- Monsieur nous annonce la fin du monde !

- Rien que ça et bien, « tremblez brave gens ! »

- Ouaih.

- Qu’est ce que vous avez fait ?

- Rien.

- Quoi ?

- On vous attendait c’est week-end et pour moi c’est vacances en famille tu vois ?

- Merci du cadeau ! Alors comme ça c’est la fin du monde ! C’est pour ça qu’il n’y a pas de réseau ? Ah! Ah ! Pourtant c’est tranquille dehors, pas d’araignées géantes ou de zombies qui sortent des cimetières peut être que les gens ne savent pas que c’est la fin du monde ! Tout ce qu’on peut dire c’est qu’on crève de chaud, que les taxis roulent comme des cons. J’ai même failli écraser un scooter en essayant d’éviter un taxi qui roulait en sens interdit, c’est à regretter l’époque ou j’étais à la circu, les mecs me font des queues de poisson et je ne peut rien faire…T’as pas une bière ?

- Non.

- Je n’ai même pas un Giro dans ma voiture, ça fait pitié. Sinon autre chose ?

- Non

- Bon tant pis je vais boire un café tu en veux un ?

- Non je me casse, avec les enfants on va à Nice, salut !

- Ouaih, salut.

Le remplaçant s’assoit lourdement sur son siège de bureau. Il lève les yeux sur la pendule murale puis se gratte la tête. Il pose les yeux sur son mobile et boit une gorgée de café et met le gobelet en plastique à sa droite.

- « Ils font chier avec leurs menaces le samedi soir, ils feraient mieux de sortir au resto plutôt que de se scotcher devant leurs ordis. Un samedi soir, tous les samedi soir c’est la même chose, pour certains, Internet c’est la sortie… et ce putain de portable, toujours pas de réseau. Merde ! C’est vraiment une journée pourrie.

- Il n'y a rien qui marche dans ce pays ! »

- Salut camarade !

- Déconne pas !

- T’as vu le message ?

- Oui j’ai vu mais je ne peux joindre personne pour prendre une décision.

- Qu’est ce qu’on fait ?

- Tu pourrais toujours mêler la sécurité intérieure.

- Bonne idée camarade !

- Non.

D’un geste assuré le fonctionnaire déplace son gobelet et saisit son clavier pour taper son message aux collèges de la sécurité intérieure.

Un clic là, et le message part.

La repose ne se fit pas attendre il ouvrit le mail et lut.

« 74 8373 »

Samedi 31 juillet 20h49 GMT

Demain premier aout commencera mon œuvre pour la sauvegarde et la désinfection de la planète terre.

Préparez vous tous à mourir car vous êtes inutiles.

Repentez vous pour vos erreur, dites adieu à vos familles, vos amis.

La fin du monde est pour demain et ça commence maintenant.

Merci de votre attention

LA BETE

Pour protéger la nature, n’imprimez pas ce courrier. Merci.

- Oh la ! C’est une blague ?

- La réponse est non.

Sur tous les écrans du monde, les boites à lettres électroniques affichaient toutes le même et dernier message envoyé par des dizaines, centaines parfois milliers d’adresses piratées.

Le message apparaissait dans toutes les langues et les alphabets différents.

- Pas de téléphone, pas d’internet ! Là mon pote on est dans la merde et il fallait que ça tombe sur nous !

- Cette fois ci je crois que la « Bébête » a fait fort.

- Qu’est ce que l’on fait ?

- On fait une communication physique, je vais au ministère de la défense pour voir ce qu’ils en pensent, quant à toi, essaye d’envoyer un traceur pour voir si ça donne quelque chose. On pourra au moins situer la « Bébête » cette fois peut être et lui gâcher ses vacances à ce fils de pute.

Le fonctionnaire quitta son siège et sorti rapidement de son bureau en laissant son café refroidir.

Ça n’était plus le moment de boire le café, il semblait que quelque chose de tout à fait anormal était en train de se passer, c’était le temps de l’action « enfin ! » pensait le fonctionnaire.

Il se rendait au ministère pour savoir ce qu’eux en pensaient est-ce qu’au moins eux étaient en état de communiquer ?

Son collège resté au bureau envoya son traceur qui en moins d’une minute donna la position source du message.

Latitude 3º33’ N – Longitude 35º54’ E. correspondait à un lieu situé dans la baie de Lokwakangole sur le bord du Lac Turkana.

Le message avait été envoyé depuis un ordinateur portable équipé d’une connexion satellite depuis certainement une barque flottant sur le lac.

Le traceur releva aussi la presence d’un virus avant de se brouiller et de s’éteindre automatiquement.

La « Bête », ce génie des réseaux avait réussi à pénétrer tous les systèmes de communication et avait créé « Le virus ». (Avouons ici qu’il n’avait pas fait exprès).

Ce virus une fois lancé ne s’arrêta plus. Il faisait fi des pare-feux et des anti-virus, au contraire, il avait tendance à s’en nourrir.

Le virus avait pénétré dans la moelle épinière du système central mondial et toutes ses branches aux quatre coins du monde.

Il avait craqué grâce à la puissance de calcul des ordinateurs piratés, tous les codes et ouvert tout ce qui était fermé générant une base de données hors du commun.

L’e-mail était explicite.

La « Bête » n’en avait pas après internet mais après les humains.

Pourquoi ? Comment ?

En un clic, un adolescent capricieux, chanceux et génial, installé sur un pédalo, véritable pirate des réseaux, avait du haut de ses treize ans, fabriqué un virus d’une agressivité sans pareil (en frappant un 0 à la place d’un 1 dans la grande série de chiffres) et décidé pour protéger la planète et se venger de quelques brimades qu’il avait reçu au lycée Français de Nairobi ces derniers mois, de faire du bruit, de faire parler de lui afin qu’il ait la possibilité de s’adresser au medias ou il souhaitait faire un discours dans l’intérêt de la planète.

Seulement comme personne ne l’écoutait, il continuait à harceler les gens via son système de spam.

Son intention était bien de rendre la vie pénible aux humains comme ceux ci rendent la vie pénible aux plantes et aux animaux.

Depuis Lokwakangole dans le pays berceau de la vie et de l’espèce humaine, il avait décidé de marquer un grand coup contre ses contemporains.

Manipulé par on ne sait quelle main, inspiré par un esprit maléfique, il avait créé un monstre puis l’avait envoyé dans l’espace numérique en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, enfin son ordinateur rendit l’âme et lui-même pédala pour retourner sur la plage.

Le virus, totalement autonome, se multipliait seul et à une très grande vitesse.

Ses applications étaient nombreuses et complexes.

Je ne m’y connais pas assez pour entrer dans le détail mais je puis vous assurer que plus il arrivait à contaminer d’ordinateur et plus il devenait intelligent et puissant.

En quelques minutes la planète fut organisée comme un cerveau dont les neurones étaient les processeurs des ordinateurs contaminés et ses synapses les circuits de l’internet.

Les ordinateurs qui arrivaient à résister au virus étaient éteints automatiquement, s’ils résistaient à cette extiction, le virus coupait le relais électrique depuis la société productrice d’énergie. Les ordinateurs qui tentaient de générer des anti-virus plus puissants que la bête (c’était possible) furent purement et simplement détruits par le feu par la mise en panne des systèmes mécaniques de refroidissement.

La bête gérait son réseau comme son corps et n’hésitait pas à sacrifier, comme on se coupe un ongle ou les cheveux, les ordinateurs qui la gênaient.

Toutes les plateformes informatiques furent bientôt en son pouvoir et rapidement le virus créât son propre système destiné à son œuvre – la destruction –

Le virus pénétrait les ordinateurs, vidait les disques durs et s’installait comme maitre absolu de la place.

Il triait, classait, recoupait photos, vidéos et archives, mots chiffres, I.D., mots de passe...

Le virus générait des serrures, des codes, montait ses murailles, brisait celles des autres, pénétrait dans les lieux les plus fermés en se faufilant par tous les interstices de celui-ci glissant comme de l’eau, de l’air à l’état de molécule, à l’état de proton.

Partout ou il y avait une faille, le virus entrait et bientôt il était assez puissant pour que rien ne puisse l’arrêter.

En moins d’une demi-heure, il avait pris la possession de tous les systèmes générés et gérés par ordinateurs.

Une fois bien installé dans la place, le système se rationnalisa et organisa la deuxième phase de son attaque, le dérèglement.

Chapitre X

Chapitre X

-Carte invalide-

Dimanche 1er aout, dès 0 heure 00 minutes 001 centième.

Dans les restaurants, discothèques, la tension était palpable.

Les terminaux de payement refusaient les opérations.

Les patrons des établissements étaient en transe pendant que les clients s’excitaient de ne pouvoir sortir des établissements.

On finit par trouver une solution via les reconnaissances de dettes manuscrites avec les papiers d’identité des clients comme maigre garantie.

La rédaction de ces papiers était longue et les clients agacés (repus d’alcool) donnaient de la voix.

Dans la rue, les terminaux de payement mis à disposition pour les transferts de crédit de carte à carte, avalaient les cartes de crédit et ne les rendaient pas.

Sur les terminaux de payement commerciaux du monde entier on pouvait lire la même phrase répétée en boucle :

CARTE INVALIDE.

Partout, dans les stations services, les restaurants, les péages autoroutiers, les magasins, la réponse était toujours la même :

CARTE INVALIDE.

Dès 0 h 15, l’information parut sur les ondes radio traditionnelles c'est-à-dire celles qui n’étaient pas numériques.

Dans le vieux studio conservé comme souvenir à la maison de la radio, France-Inter, passa une information destinée aux cas de force majeure ou de conflit nucléaire.

Partout en France, les sirènes se mirent à sonner.

En ce premier jour d’aout, on avait décrété le couvre feu. Seuls les systèmes C.I.B.I.E. et les radios à transistors fonctionnaient.

Le dernier avion se posa en sécurité sur l’Aéroport d’Orly, le dernier train circula en sécurité.

Déjà dans les villes les feux de circulations cessèrent de fonctionner.

Toutes les cloches des églises branchées sur le système global se mirent à sonner accompagnées du hurlement des alarmes des maisons.

A bord de son Airbus, le commandant Mugne se dirigeait sur Berlin depuis Paris, quand une partie des appareils de vol ne répondirent plus.

Il passa en manuel et contacta le sol par radio.

On lui annonça que les appareils d’assistance étaient hors de service pour une raison inconnue, et que l’aéroport subissait une attaque informatique.

Une partie des éclairages au sol étaient hors d’état, mais on avait allumé des feux dans des bidons pour signaler la zone d’atterrissage. Une extrême prudence était nécessaire car cinq avions devaient atterrir presque en même temps que lui.

Le commandant pesta, car il n’avait pas suffisamment de carburant pour tourner en attendant son tour.

Vieux de la vieille, ancien pilote militaire, il était entrainé à se poser dans les conditions les plus difficiles.

- Voila qui va nous faire un peu d’exercice, avait il déclaré pour détendre le copilote et le navigateur. La tour à des défaillances heureusement que nous, nous connaissons notre métier n’est ce pas messieurs ?

- Oui commandant, avait répondu en chœur l’équipe d’assistants.

Bien qu’indispensable les uns pour les autres, le capitaine avait gardé cette vieille habitude qu’ont les volants de taquiner les rampants avec des airs de supériorité.

L’avion survolait maintenant la proche banlieue de Berlin.

Vu d’en haut, tout paraissait calme.

Peu de véhicules, aucuns signes extérieurs d’agitations.

Mugne aimait naviguer la nuit.

Il aimait voir les phares des voitures, les lumières du monde, les monuments, les illuminations des villes et des villages.

Depuis le ciel, il regardait loin, et la terre se révélait en négatif, quand soudain, il vit les villages s’éteindre ainsi que les bourgs, les axes routiers…

Mugne connaissait la vue par cœur, depuis les années qu’il faisait la ligne… Mais à cet instant, lumières éteintes, il eut du mal à se repérer.

Ici et là des groupes électrogènes prirent le relais.

Les appareils de vol étaient en état et la cabine fonctionnait à peu près.

Le problème se situait dans le contact avec la tour ainsi que le positionnement G.P.S.

Il approchait de l’aéroport et vit la lumière des feux qui dessinaient la piste d’atterrissage.

Un avion venait de se poser et les bidons enflammés au kérosène créaient des volutes flamboyantes attisées par les déplacements d’air massifs de l’appareil à terre.

Il contacta la tour par radio pour demander l’autorisation d’atterrir.

- Autorisation d’atterrir acceptée vol 09AT, posez-vous sur piste deux, attention aux bidons, ne tenez pas compte des signalisations lumineuses électriques au sol, bonne chance.

- Bonne chance ! répétât-il. Ils en ont de bonne ceux là ! Ce n’est pas une question de chance, c’est une question d’homme et de machine, de savoir faire, bonne chance…

Du fait du bug, les signalisations au sol s’alternaient, marquant une piste, puis une autre, une troisième et une autre comme une guirlande de noël.

Un sapin de noël sans cadeaux.

Le commandant serrait les dents et amorça la descente.

Difficile, au juger…

- Presque impossible de se repérer avec les grandes flammes des bidons et l’épaisse fumée noire qui s’en échappent mais on va y arriver.

Il prit son micro.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bonsoir, ici le commandant Mugne qui vous parle. Nous allons amorcer notre descente sur l’aéroport de Berlin. Vous êtes priés de bien vouloir attacher votre ceinture. Compte tenu de quelques problèmes mineurs à destination, nous vous prions de bien vouloir vous préparer à exécuter une sortie d’urgence. Nous vous prions de bien vouloir conserver votre calme et de vous conformer aux ordres du personnel de bord. Le commandant et son équipage vous remercie de votre confiance et espère vous retrouver lors de votre prochain voyage.

Pour les hommes au sol, priorité absolue dans les hauts parleurs le message déroulait.

- « A tout le personnel au sol, préparez vous pour atterrissage, laissez les accès libres pour les services de première urgence ».

Il était évident qu’aucun avion ne décollerait tant que cette histoire de bug n’aurait pas été résolue.

Tous les vols étaient annulés jusqu’à nouvel ordre et les gens qui se trouvaient en salle d’attente étaient de mauvaise humeur.

Il restait six avions à poser pour fermer l’aéroport et tous les contrôleurs aériens craignaient un accident.

Un seul accident, même mineur, qu’un seul avion se loupe et les suivants ne pourraient pas atterrir.

La tension était papable et il y eut quelques coups de poings échangés.

Les équipes de sécurité étaient sur le qui-vive.

On avait préparé tout les véhicules d’urgence et chacun se tenais à son poste. Il ne suffisait pas que l’avion se pose, encore fallait il libérer la piste le plus vite possible.

Difficile de gérer un aéroport sans informatique.

Le vol 09AT se posa sans encombre.

Tout le monde respirait et applaudissait à tout rompre.

Il restait 5 avions à poser.

Vingt minutes plus tard, tous les avions étaient au sol sans complication.

Le supertanker « FUTURA » se trouvait à l’entrée du canal de Suez.

Il mouillait au ralentit en attendant l’autorisation de s’avancer plus avant dans celui-ci.

Avec plus de vingt mille bateaux par ans qui croisent dans la zone, il faut faire bien attention.

Quand on promène un gros bébé de trois cent vingt mètres de long chargé de près de deux millions de tonnes de pétrole brut, on n’est pas rien.

Bien que la partie du voyage la plus dangereuse soit passée la responsabilité de ce genre d’entreprise est lourde de conséquences.

Dans le golfe d’Aden quadrillé par les pirates, c’était presque un miracle d’être passé entre les maillages de filet des rançonneurs aguerris aux opérations d’abordage sauvage, et ça n’étaient pas les trente hommes d’équipage qui allaient défendre le navire coûte que coûte ou mourir pour un armateur indifférent au sort de ces naviguant.

L’autre risque c’était les plaisanciers inconscients qui naviguaient dans la zone.

Ils n’étaient même pas toujours bien maitres de leurs embarcations et sans les radars et les coups de corne du « FUTURA », ils seraient bien passés par le fond.

Tous les bateaux n’étaient pas menés selon les codes en vigueur, loin s’en faut.

Le capitaine pestait de voir les navires passer de tous cotés, ne respectant pas les consignes de sécurité. Certains naviguaient même avec une partie seulement de leurs lanternes allumées, sans compter ceux qui essayaient de passer devant, ou les contrebandiers qui jouaient à cache-cache.

Il surveillait les écrans de contrôle qui le relayaient avec le satellite et les systèmes G.P.S. qui assistaient les manœuvres quand soudain, les écrans devinrent blancs.

Sur terre, la bête gênerait des spots télévisés avec toutes les images qu’elle avait récoltées partout dans le monde.

Les spots étaient violents, représentaient des images de guerre, des corps mutilés, des images de corrida, de combats de coq, d’élevages en batteries et d’abattoirs, on voyait des extrait d’ « orange mécanique », des images d’avalanches, de tronçonneuses coupant des arbres, de pétrole rependu sur les plages, engluant des oiseaux, des images de pèche à la baleine, de défilés militaires, de films d’horreur et de pornographie, les tours jumelles du 11 septembre, les bombardement en Irak, les tortures en Afghanistan, au Vietnam et ailleurs, des enfants Biafrais mourant de faim, des images de terres craquelées par manque d’eau, d’autres de barrages géants, de destruction de nourriture pour cause de surproduction, des photos de camp de concentration puis de plus en plus vite, les images se succédaient, Hitler, Napoléon, Einstein, des gens, des lieux, des choses, plus vite, plus vite, toujours plus vite, jusqu'à sentir ses yeux, ses pupilles en mouvement, jusqu'à détourner le regard honteux de ce qu’est l’humain en vérité…

La bête, car c’est ainsi que nous nommerons ce virus, écrivit son message au monde sur les indicateurs autoroutiers, sur les affichages publics digitaux, dans les gares, les aéroports, un message né de la conscience universelle qu’elle avait compulsé, une synthèse, un jugement.

Elle déclenchait la fermeture des portiques automatiques, elle fermait les parkings, les lieux publics.

Tous les systèmes de transmission électronique s’arrêtèrent. Les satellites n’émirent plus autre chose que ce que la bête avait décidé, ils ne transmirent plus autre chose que le message de la bête, ses sons, ses images, ses textes, ses informations

A nouveau la bête rationnalisa son système effaçant d’un souffle tout ce qui pouvait encore se mettre sur son chemin.

A 0 h 16 G.M.T. le virus avait pris le contrôle total.

Pendant qu’une partie du monde dormait encore, une autre subissait de plein fouet les premières salves.

Partout à travers le monde, la nouvelle se rependait comme un message chimique.

Il ne fallut curieusement pas plus de quelques minutes pour que le message passe des écrans aux bouches et aux oreilles et fasse le tour du globe.

L’évidence était que plus aucun système informatique ne répondait aux ordres et que tous répétaient inlassablement le même message

« 74 8373 »

Samedi 31 juillet 20h49 GMT

Demain premier aout commencera mon œuvre pour la sauvegarde et la désinfection de la planète terre.

Préparez vous tous à mourir car vous êtes inutiles.

Repentez vous pour vos erreur, dites adieu à vos familles, vos amis.

La fin du monde est pour demain et ça commence maintenant.

Merci de votre attention

LA BETE

Pour protéger la nature, n’imprimez pas ce courrier. Merci.

Rapidement, et dès 0 h 30, l’information circulait sur les ondes hertziennes, et l’on sortait des réserves militaires des affiches comprenant des consignes d’urgences préparée en cas d’attaque ennemie.

A 0 h 40, les premières affiches étaient collées contre les murs.

Dans les pays qui étaient aux heures d’activité, on se rendit rapidement compte des dégâts et l’on sut que les mémoires des banques avaient été effacées ou bloquées.

A la seconde ou l’information fut diffusée, on vit des employés se lever, prendre leurs affaires et quitter leurs postes.

Les gens se rendirent dans les grandes surfaces et commencèrent à faire des provisions.

Comme ils ne pouvaient pas payer et que les employés des magasins, voyant arriver la foule, avaient pour partie déserté ceux-ci, les gens emportèrent avec eux ce qu’ils pouvaient.

D’autres encore forcèrent les portes des magasins qui étaient fermées car les employés affolés c’étaient prémunis des hordes en se cloitrant dans ceux-ci.

Certains magasins étaient fermés du fait du congé dominical.

Les portes et les grilles des supermarchés furent embouties à coup de voiture ou de camion bélier et, dès que les issues cédaient, des vagues d’hommes et de femmes se ruaient sur les rayonnages en emportant tout ce qu’ils pouvaient avec eux, remplissaient leurs véhicules de victuailles et défendaient bec et ongle leurs « récoltes » contre ceux qui tentaient de dérober les prises directement depuis les parkings.

En moins d’une heure un supermarché de taille moyenne était assiégé par cinq ou six milles personnes qui se battaient et s’arrachaient la moindre parcelle de nourriture.

En moins de deux heures, tous les supermarchés furent vidés jusqu’à la dernière boite d’aliments pour animaux par des hordes de consommateurs armés de morceaux de bois, tuyaux, outils, qu’ils avaient pris sur les étalages des magasins, se battant, se ruant les uns sur les autres dans des actes d’une violence inouïe.

Les plus lents étaient doublés par les plus rapides, les plus faibles par les plus forts, les plus rapides par les plus malins, les plus malins par les plus intrépides, qui finirent laminés par les plus violents.

Les supermarchés, temples modernes érigés à la divinité de la consommation de masse, s’étaient transformés en champs de batailles ou, plus que défendant les produits de leurs pillages, les hommes et les femmes expiaient leurs frustrations, leurs mal-êtres, leurs vengeances contre celle la même qui ne leur avait jamais donné entière satisfaction et qui aujourd’hui les trahissait.

Dans les commerces de masse en partie en feu, ne restaient sur le sol que des cadavres de gens mutilés qui avaient été piétinés par la marée humaine.

Partout ou il était possible de trouver de la nourriture, les citoyens avaient pris les lieux d’assaut et les vitrines, les étalages, qui quelques heures plus tôt étaient gorgés de victuailles offraient tous le spectacle de désolation qui, naguère, était le quotidien des pays en marge du système global.

Sur les ondes radios, les journalistes témoignaient de ces faits, narrant les attaques, les pillages, les combats et l’extrême violence, suivie de la désolation des lieux après le massacre.

En fait de témoignage (qui était plus des cris que des mots tant les reporters étaient choqués) l’information entra dans les esprits des gens d’une toute autre façon.

Là où les journalistes expliquaient que les lieux étaient pillés et qu’il ne restait plus rien, les gens comprenaient que si eux aussi ne s’y mettaient pas, il n’y aurait rien pour eux.

Là où les journalistes rapportaient les cadavres gisant à la fin des batailles, les gens comprenaient que si ça n’était pas les autres, ce seraient eux qui finiraient au sol.

Ainsi, dans le monde entier, les familles partirent en quête de nourriture.

De jour comme de nuit, les pères de famille regroupaient ou réveillaient leurs femmes et leurs enfants, les armait de couteaux de cuisine, armes à feu ou de poing, outils, objets divers d’attaque ou de défense, pour aller piller l’épicerie du quartier.

En moins de deux heures, des bandes armées organisés, formées d’amis ou de membres de la même famille, bloquèrent les véhicules des nourrisseurs du monde et dévalisaient les camions chargés malgré les protestations des chauffeurs qui, s’ils ne fuyaient pas, finissaient lapidés par les clans sauvages.

Il en était de même dans toutes les zones industrielles du monde ou les milices attaquaient les minoteries, laiteries, usine agro-alimentaires et toutes autres structures pouvant receler de la nourriture.

Ça et là, de jour comme de nuit, on voyait, rodant dans les villes l’air hagard, des gens de toutes conditions à la recherche d’eau en bouteille ou de nourriture.

Les radios et annonces de véhicules militaires ou de police invectivaient les gens à rester calme, à rester chez eux et débitaient en boucle des messages destinés aux populations du type :

- « Ne cédez pas à la panique », « gardez votre calme », « Nous avons les stocks nécessaires pour remédier à la situation »…

Ce que les gens savaient être faux.

Chapitre XI

Chapitre XI

-Fouilles-

Loin du monde moderne, sur les lieux de fouille, les jours défilaient comme les grains dans le sablier.

Rapidement la première semaine s’était éclipsée, en cadence, la seconde l’avait suivie entrainée par le rythme incessant des camion-bennes qui faisaient grincer leurs amortisseurs auquel répondaient les craquements des grosses articulations de la machine qui semblait manger le désert de ses mâchoires titanesques.

Il ne se passait pas un jour sans que des cris de joie ne retentissent avant de retomber, inutiles, dans la poussière jaune-beige.

Malgré l’absence de résultats, chacun sentait que le chantier avançait dans la bonne direction.

D’instinct, les contremaitres décidaient qu’on dégagerait cette partie plutôt qu’une autre, prenant des initiatives au jugé, car aucun indice extérieur ne pouvait permettre d’affirmer qu’une zone était meilleure qu’une autre.

Le vent du soir et celui du matin transportaient quelques infimes grains de sable, qui, mis ensemble, constituaient des dunes géantes, lesquelles apparaissaient en une heure là ou le sol était arasé par les machines.

Heureusement, la couche de sable déposée par la respiration de la terre ne suffisait pas à faire reculer le chantier et à compenser l’extraction sans fin de la fine poussière siliceuse et, malgré les heures passées dignes du travail de Sisyphe, les bulldozers arrivaient tout de même à dompter les dunes énormes qui traversaient le site, et nivelèrent un grand espace que le vent traversait sans rencontrer d’obstacle, donc sans former de nouveaux tertres.

On voyait le vent traverser cet espace et charrier ses grains de sable, cela formait une onde mouvante au sol qui évoquait une eau à l’état de gaz solide coulant dans un fleuve sans lit.

Aucune découverte n’avait été effectuée et le sujet de conversation de tous était l’état de santé de Quentin Leblanc qui c’était rapidement dégradé depuis le début des travaux.

Le vieil homme avait considérablement maigrit et ses yeux étaient cernés.

Il expliquait au début de ses symptômes qu’il ressentait le contrecoup de la réunion du comité et de l’organisation du chantier qui, à son âge, représentait un travail énorme et dans lequel il s’était dépensé sans compter.

Le Mal de Quentin Leblanc ne détournait cependant pas les hommes de leur but.

La grande majorité des chercheurs étaient dès l’aube sur le lieu de déblaiement, ou engageait ici et là de nouvelle zones de prospection.

Chacun se disputait dans une ambiance bon-enfant le privilège d’être le premier à trouver une trace de vie passée, l’occasion rêvée de rentrer dans le dictionnaire ou dans l’histoire.

La chaleur, mais surtout l’absence de résultats, minait Quentin Leblanc.

Ses traits étaient tirés et son visage offrait le triste portrait d’un vieil homme fatigué.

Voici près de cinq jours qu’il n’avait pas quittés sa tente et qu’il restait allongé le souffle court.

Le professeur avait du mal à se remettre en condition de parcourir le site, il était pris d’un mal mystérieux que les nomades commentaient entre eux sous leurs tentes. Régulièrement, les visiteurs se succédaient à son chevet pour lui tenir compagnie et l’animer de discutions sur les fouilles ou le progrès des sciences.

- Comment vous sentez vous professeur ?

- Je suis fatigué, je ne comprends pas pourquoi nous ne trouvons pas ne serais-ce qu’un petit indice, c’est pourtant ici que j’ai fait mes premières découvertes, c’est ici même que les enfants des nomades ont ramassé les objets que l’ai put observer.

- Un peu de patience, nous finirons bien par trouver quelque chose, ne vous découragez pas.

- Je ne me décourage pas mais je subis tant de pression, je suis trop vieux, je me suis lancé dans une aventure qui me dépasse.

- Bien sur que non vous n’êtes pas trop vieux, vous savez bien que nous finirons par trouver ce que nous sommes venu chercher.

- Vous en êtes vraiment sure ?

- Évidement.

- Évidement, oui, nous découvrirons la cité maudite mais je suis si fatigué, je ne sais pas si j’aurais encore la force de tenir, je sens que je m’allège, ma volonté me quitte.

- Ne vous abattez pas, vous êtes un grand scientifique et je suis bien certaine que ce n’est pas la première fois que les résultats ne sont pas présents au premier jour, il faut charmer les découvertes, c’est ce que vous dites toujours.

- Oui bien sur, mais je sens que le moral de l’équipe est descendu et moi même, je ne suis plus aussi confiant qu’au premier jour. Et si je m’étais trompé ? Je préférerais mourir que de subir une fois de plus les attaques de mes détracteurs.

- Ne dites pas ça professeur, de toute façon à ce jour, les fouilles n’ont rien d’officiel nous ne sommes que quelques centaines de vos amis à connaitre l’objet de cette mission, officiellement nous prospection des réserves de pétrole n’est-ce pas ? Nous sommes sensés préparer un aéroport pour que le matériel de prospection puisse être déposé sur place n’est ce pas ? De plus nous sommes coupés du monde, les émetteurs de radio sont sous clés et personne ne peut communiquer avec les autorités sans en référer au chef de station, nous sommes seuls au monde professeur.

- Et si la mission échoue ? Et si je m’étais trompé ?

- Nous croyons tous en vous et vous devez croire en vous, c’est ce que vous nous devez à nous tous sinon…

- Sinon ?

- Sinon à quoi servirait la science ?

- A quoi serviraient la recherche, la quête du but ?

- Il nous reste beaucoup de temps pour découvrir des indices, il ne faut pas s’épuiser au bas de la côte, nous ne sommes qu’au début de notre mission, tout reste à faire.

- Vous avez raison je ne suis qu’un vieillard capricieux qui veux tout, tout de suite, comme un enfant gâté.

- Ça me touche beaucoup de vous savoir dans cet état de doute et de faiblesse professeur.

- J’ai passé ma vie à douter, c’est ma locomotive, je m’alimente de doute et de découvertes c’est ma façon d’avancer.

- En vous cachant dans votre tente ? C’est une drôle de façon d’avancer ne croyez vous pas ? Comment pouvez vous concilier votre capacité à remuer des montagnes, à être partout, à faire des déclarations dans les journaux en état au centre de toutes les discutions et en même temps nourrir une telle angoisse ?

- C’est qu’il faut bien se mouiller de temps en temps, je ne le fait pas de gaité de cœur, quand je fais des déclarations c’est rarement devant une grande foule, plus généralement c’est devant un micro avec un ou deux journalistes amateurs de café ou d’un bon repas au restaurant. Quand j’ai décidé de réunir le comité c’est en me disant qu’à mon âge, je n’avait pas grand-chose à perdre pour faire avancer la science, mais ça n’a pas toujours été comme ça, j’ai passé la plus grande partie de ma vie seul et loin des projecteurs à chercher des preuves, un mot dans une montagne de documents qui me mettrait sur la voie et affirmerait que nous sommes plus que ce que nous croyons, que plus que s’élever notre société s’abaisse, se courbe devant des spectres, la consommation, l’égocentrisme, l’indifférence… Je suis persuadé que ça n’a pas toujours été le cas, je suis persuadé que du fond des âges nos ancêtres nous parlent, que plus qu’un avenir, notre civilisation à un passé et que ce passé nous parle, nous dit que nous avons des leçons à tirer avant qu’il ne soit trop tard et j’espère ne pas quitter la scène avant d’avoir terminé le spectacle.

- Pourtant vous avez démissionné du comité.

- J’ai toujours eut confiance dans ma bonne étoile, en vérité je sais que je sers un but, même si celui-ci ne m’appartient pas, et je dois vous avouer que j’espérais que les membres du comité feraient front pour me protéger, je me suis trompé et cela aussi me mine.

- C’est paradoxal, vous avez confiance et vous vous nourrissez de doute.

- Oui, je sais, mais c’est ainsi.

- Je, nous, sommes des êtres compliqués, pendant longtemps ma démarche a été de faire deux pas en avant pour un pas en arrière. J’ai beaucoup réfléchi avant mon intervention au comité, encore plus quand on m’a proposé de financer l’entreprise de fouille. Aujourd’hui l’absence de résultats me détraque, je ne sais plus trop où j’en suis, je suis fatigué et je suis vieux.

- Ne dites pas ça professeur, vous avez plus d’énergie que nous tous réunis, vous brandissez votre âge comme un alibi à vos faiblesses humaines, pardonnez moi mais je trouve cela intellectuellement malhonnête.

- Quand je regarde dans le rétroviseur de ma vie j’ai de nombreux regrets, j’ai sacrifié ma vie pour mon métier, mes amis, mon temps libre et la seule femme que je n’ai jamais aimé… Plus que moi-même, malheureusement, moins que mon métier.

- J’ai tout laissé derrière moi pour œuvrer pour l’humanité, quelle arrogance !…

- Parfois je me reproche mes actes mais c’est trop tard, c’est trop tard…

- Pardonnez moi, pouvez vous me laisser seul s’il vous plait, je voudrai me reposer.

D’accord professeur je reviendrais plus tard.

La jeune femme laissait Quentin Leblanc seul qui essuyait une larme posée au bord de son œil.

La jeune femme se nommait Valérie Langeôt.

C’est elle qui passait le plus clair de son temps avec Quentin Leblanc. Non pas que les fouilles ne l’intéressait pas, mais à ses yeux, Quentin Leblanc était plus important.

Elle avait choisi de rejoindre l’équipe depuis de nombreuses années non pas pour la spécialité que proposait le professeur mais pour l’homme.

Depuis son inscription dans les cours de Leblanc à l’université, et son entrée (jugée trop rapide) au comité, la jeune femme était victime de racontars qui colportaient l’idée qu’ils étaient amants, ce qui, évidement, n’était qu’affabulation.

Il faut dire que ces bruits étaient nés dans la bouche de la fierté frustrée de quelques jeunes hommes du campus qui avaient fait des avances à Valérie, et qui s’étaient fait copieusement envoyés sur les roses. Qu’une aussi jeune et jolie fille ne s’intéresse pas aux jeunes males qui lui tournaient autour paraissait suspect. Même les quelques lesbiennes du campus s’étaient fait distante.

Il est vrai qu’avec son physique de mannequin, sa grande taille fine, ses cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules, sa poitrine généreuse toujours convenablement couverte, sa nuque gracieuse qu’on pouvait contempler à la bibliothèque ou au laboratoire quand elle remontait ses bouches d’or en un chignon élégant qu’elle confectionnait en un tournemain à partir de stylos ou de pinceaux, ses grandes jambes portant une paire de fesses rondes et fermes qui donnaient des torticolis aux passants qu’elle croisaient dans les couloirs ou dans la rue, et qui laissaient des fournis dans les doigts domptés immobiles, elle était sans aucun doute la plus belle créature représentant le groupe mammifère omnivore bipède.

Son visage poupon semblait maquillé naturellement tant son teint était agréable, elle avait un nez fin et droit, des pommettes rosées et naturellement de grands yeux bleu violacés, mis en valeur par ses cils châtains clair, qui avaient cet éclat d’intelligence et de lucidité qu’on certains félins qui se laissent adopter tout en gardant leur indépendance.

Sa voix douce mais sûre, et sa façon de poser ses mots en un rythme régulier et précis constituait son meilleur bouclier contre les inopportuns.

Valérie faisait peur, c’est incontestable, il en va ainsi des trop grandes laideurs, des difformités ou des perfections. Même les plus jolis cœur du comité s’y étaient brulés les ailes, refoulés au plus bas étage par des répliques aussi aiguisées qu’un scalpel.

Elle avait rapidement fait de la place autour d’elle, et il n’y avait bien que les intrépides « petits nouveaux », qui se risquait à lui conter fleurette, jusqu'à ce qu’à leurs tours ils passent à la guillotine d’une phrase tombée comme un couperet.

Professionnelle et précise, elle était sans aucun doute une des assistantes les plus précieuses du professeur Leblanc. Douce et attentive, elle était devenue rapidement une intime de Quentin Leblanc dont elle s’évertuait à comprendre les doutes, les peines et les espoirs.

Elle avait la finesse de poser les pieds dans les pas du professeur sans paraitre zélée ou excessive car, si ce dernier trébuchait, elle était toujours là pour le soutenir, et prendre sur elle, sans que cela se voit, une partie de la charge.

Lors de son entrée à l’université, elle avait choisi comme discipline la médecine avec une spécialisation en psychologie.

Elle avait toujours fait montre d’une présence assidue aux cours et ses devoirs étaient toujours d’une clarté et d’une maitrise évidente. Bonne élève, consciencieuse, elle faisait la fierté de ses professeurs hommes et femmes.

On la destinait à un grand avenir dans la médecine, et chacun se disputait le privilège de la compter parmi ses étudiants lors des expériences ou travaux de recherches spécifiques. Son seul défaut était son manque de ponctualité, mais on ne lui en tenait évidement pas rigueur.

Tout ceci était merveilleux, bien rodé, sans aspérité jusqu’au jour où.

Un matin de novembre, alors qu’elle se dépêchait pour rejoindre son amphithéâtre victime d’une de ses régulières « panne de réveil », par un hasard baigné de mystère, au sortir d’un couloir en angle, elle était tombée nez à nez avec le vieux professeur qui la bouscula sans intention, en faisant voler ses documents, à lui, qui se mélangèrent avec ses documents, à elle.

Psychologie et archéologie gisaient dans un couloir désert à 8 heures 15 du matin.

Empourprée de sa gaucherie, elle s’était excusée de sa maladresse les yeux baissés et le visage à demi dissimulé par ses mèches dorées, et en moins d’une seconde, elle était à quatre pattes au sol et formait deux piles distinctes comprenant le méli-mélo de documents, photos, textes anciens, notes et photocopies de Quentin Leblanc, qu’elle organisa rapidement dans le bon ordre et les siens, qu’elle mit en tas grossier.

A cette occasion, quelques documents importants de Quentin Leblanc se trouvèrent mêlés dans ses notes à elle.

S’excusant encore de sa mégarde, elle avait posé un regard sur les yeux rieurs du vieil homme qui n’avait pas pris l’incident pour plus qu’il n’était, et qui s’amusait de voir cette créature plantureuse, agiter ses fesses appétissantes dans une pause féline des plus érotique, tout en se confondant en excuses, en :

- « pardon je suis maladroite, je suis désolée, quelle idiote je fais etc.… »

A ce moment, comme elle racontait aux curieux qui lui demandaient, elle fut transcendée par ce qu’elle désigna elle-même par « l’intensité géniale » du regard du professeur.

Elle n’eut de cesse que de vouloir rejoindre les cours de celui-ci.

Un seul rendez-vous auprès du doyen avait suffit pour qu’elle change de cursus. Son excellence était telle que personne n’osait lui refuser quoi que ce soit de peur qu’elle aille étudier dans un autre établissement.

La médecine perdit ce jour là un talent évident.

A vingt-six ans, Valérie Langeôt était celle qui comprenait le mieux le professeur, c’était elle qui le soutenait dans ses moments de doute et qui tentait de « faire sauter » les obstacles que son maitre s’évertuait à ériger sur son propre chemin.

C’est elle qui classait tout les documents, les notes et organisait son agenda.

Elle réglait pour lui les détails (contraignants pour un vieux garçon) de la vie quotidienne et personnelle en tenant avec soin ses comptes, réglant les factures à échéance, et veillant toujours à ce qu’il ne manquât de rien afin qu’il puisse se consacrer un maximum à son œuvre.

Depuis presque quatre ans, elle vivait dans un appartement à quelques rues de chez lui et ils se voyaient quotidiennement (le plus souvent au comité).

Valérie Langeôt, malgré les années de contact avec Quentin Leblanc, se gardait bien de le tutoyer, et, si parfois lui-même se permettait de la tutoyer, c’était pour la réconforter lorsqu’elle aussi à son tour avait ses bas et besoin d’être remontée.

Leur relation était passionnée, platonique, basée sur le respect de l’autre et une admiration égale de l’être et de ses compétences.

Valérie admirait le professeur Leblanc pour ses travaux de recherche auquel elle souscrivait aveuglement et Quentin Leblanc était bien heureux d’avoir cette « super assistante » qui, ma foi n’était pas désagréable à déshabiller du regard.

Une relation forte s’était crée entre eux deux ce qui nourrissait les propos des mauvaises langues et des prétendants frustrés par les râteaux qu’elle distribuait comme une quincaillère.

Presque vingt jours s’étaient écoulés et Quentin Leblanc restait invisible au plus grand nombre.

N’en pouvant plus, Valérie Langeôt entra dans la tente de son mentor.

- Ça suffit professeur, vous devez sortir maintenant, il ne faut pas rester comme cela, vous devez regarder la réalité et assumer vos responsabilités, votre santé s’est bien améliorée vous n’avez plus de raison de jour à l’autruche, allons !

- Je sais je devrais sortir mais j’ai peur.

- Allons, ce ne sont pas des manières ! Personne ne vous veut du mal, votre pire ennemi c’est vous, vous vous tournez la tête comme un gamin peureux.

- Je sais mais c’est plus fort que moi, j’essaye de me contrôler mais je n’y arrive pas… c’est curieux non ?

- Non ça n’est pas curieux, c’est ridicule, nous savons tous les deux et les autres aussi dehors, tout le monde sait que nous sommes en voie de découvrir des traces, nous sommes à niveau zéro moins trois mètres, c’est juste un peu plus long que d’habitude à cause du sable qui revient toujours et toujours, si tout le monde se mettait à réagir comme vous nous serions déjà parti alors maintenant il faut mettre votre tenue de grand garçon responsable et sortir de cette tente.

- Je me sens si faible.

- Tatatata ! D’accord professeur Leblanc, vous avez déplacé des montagnes et mené une grande bataille, vous avez droit au repos du guerrier mais maintenant c’est terminé, près de trois semaines de convalescence c’est assez. Levez-vous maintenant il faut venir voir l’avancée des fouilles. Je suis sure que la cité n’attend que vous pour apparaitre, cette fois ci c’est vous qui lui avez fait du charme, Levez vous avant que je ne vous lève moi même ! Allons !

L’idée que la cité l’attendait comme une mariée voilée sous sa couche de sable que son élu vienne la découvrir émut Quentin Leblanc et celui-ci activa en lui ce qui faisait sa force depuis toujours, une conviction inébranlable dans la mission pour l’humanité qui lui était affecté, il était près à sortir à l’extérieur.

- D’accord, attendez-moi dehors, j’en ai pour une minute.

Un grand sourire illumina le visage de Valérie triomphante.

- Je vous attends dehors répondit elle en se levant.

Il était temps que Leblanc montre le bout de son nez.

Il faut dire, que Valérie c’était bien gardé de raconter au professeur que sur le chantier, l’ambiance avait légèrement tourné au vinaigre.

Depuis quatre jours les machines comme les hommes commençaient à subir les attaques sournoises du désert.

Froid la nuit, l’air chaud et sec du jour irritait les peaux, les yeux et les lèvres qui séchaient et se fendillaient puis craquaient. Les saignements de nez étaient de plus en plus fréquents. Le sable s’immisçait partout et causaient de nombreuses irritations sur les fouilleurs aux peaux fragiles qui transpiraient beaucoup.

Malgré les bons soins des infirmiers du chantier, il fallait reconnaitre qu’on ne pouvait pas faire grand-chose car les pansements ne tenait pas très longtemps, (les grains de sable s’infiltrant entre les bandes collantes et les supports) et il était difficile de garantir la stérilité et l’aseptise de ceux-ci dans ces conditions.

Toute la journée, on voyait le sable s’accumuler ou avancer depuis les dunes environnantes en de petites avalanches qui grignotaient centimètres après centimètres les efforts des machines et des hommes.

Plus on enlevait de sable, et plus il en revenait, et toujours pas un indice qui aurait put indiquer qu’on fouillait dans la bonne direction. C’était déjà plusieurs milliers de tonnes de sable qui avaient été retiré, et pas la moindre trace qui aurait put indiquer que la vie fut présente sur le site.

La fièvre des premiers jours avait fait place à une consternation totale.

Un tout petit indice aurait suffit pour remettre du cœur à l’ouvrage à tout le monde, mais la cité pudique se refusait à dévoiler ses charmes aux regards voyeurs des intrus à quatre pattes.

Tout ce qui avait été découvert, c’était des nids de scorpions, des serpents, des os de moutons ainsi que le corps d’un homme d’une trentaine d’années, vêtu du traditionnel costume de berger, quasiment intact, momifié par l’action du sable et de la chaleur sèche. Les examens post-mortem affirmaient avec une quasi-certitude que l’homme était mort d’une envenimation.

Les nomades avaient refusé de reprendre le travail tant que l’on n’aurait pas offert une sépulture descente au berger, et il fallait que les prêtres organisent une cérémonie de purification du site afin que l’âme du mort ne vienne pas jeter la discorde entre les vivants.

Le soir, les discutions allaient bon train pour échafauder des hypothèses sur les découvertes possibles, les problèmes de santé, ceux liés au stress et au manque de confort des équipes.

Difficile de travailler dans ces conditions.

Beaucoup trop de sable, de bruits, d’événements extérieurs qui empêchaient de se concentrer sur son travail pour obtenir des résultats efficaces.

Les mêmes conversations égrainaient les jours et les nuits, les thématiques étant axées autour de quatre mots ressassés sans cesse.

Quand, où, pourquoi, comment ? Suivit des termes chercher, arriver, comprendre, s’obstiner, finir, organiser, gérer, continuer, trouver, abandonner, ne pas se gratter.

La chaleur conjuguée à la poussière occupait l’esprit de tous et canalisait les énergies sur la gestion du stress physique en laissant, un peu plus tous les jours, la place du pauvre aux travaux de recherche.

Les seuls qui prenaient la chose avec philosophie, étaient les étudiants en biologie-géologie-sciences de la terre qui tous les jours, à leur grande joie, approfondissaient leurs connaissances des sables (ou ils découvraient à cette occasion que les sables charriaient une quantité tout à fait impressionnante de déchets réduits en poudre), des vents, de la faune et de la flore environnante. Ils pouvaient tout à loisir observer les phénomènes d’érosion et le déplacement des vagues de sable.

Ils effectuaient quotidiennement de nombreux relevés météorologiques, typographiques, géologiques et éoliens.

Jour après jour, il devenait cependant de plus en plus difficile de conserver un bon esprit dans les équipes, on voyait l’harmonie des premiers jours se réduire à peau de chagrin, car les responsables devenaient autoritaires et irascibles pour rien, forcement les étudiants et les ouvriers se braquaient donc se rebellaient.

Les étudiants se défendaient vindicativement lorsque les contremaitres se permettaient de hausser le ton. Les nomades dont les habitudes culturelles étaient de ne pas se mêler des disputes (surtout quand elles ont lui entre étrangers) s’évaporaient à la moindre altercation entre les étudiants et les responsables scientifique du chantier.

Il fallait, dès lors, attendre une bonne demi-heure pour que, l’orage passé, les ouvriers locaux se remettent au travail.

Dès qu’une altercation avait à nouveau lieu, on les voyait partir se refugier sous leurs tentes ou ils se retrouvaient au calme autour d’un, deux, trois verres de thé.

Désormais, ils semblaient surveiller la moindre trace d’agressivité de la part des techniciens ou organisateur d’équipes, pour s’éclipser sous leurs tentes ce qui n’arrangeait rien à l’ambiance souffreteuse.

On sentait qu’ils restaient sur le chantier pour l’argent.

Eux aussi étaient usés par l’ambiance et un rythme de travail qui ne leur était pas coutumier.

Il avait fallu moins d’un mois pour mettre le moral des équipes au plus bas.

Les grands espaces découverts par les bulldozers étaient occupés par des centaines de bras tenant pelles et poussant brouettes.

Quand le professeur apparut sur le chantier, les ouvriers et les membres de l’équipe technique se sentirent du baume au cœur, et un sentiment de victoire traversa les esprits.

C’était pour aujourd´hui.

Le bruit sourd du métal cognant contre quelque chose de dur accéléra le temps.

Non, ce n’était pas pour aujourd´hui, c’était maintenant.

Les mouvements se figèrent comme si ce bruit pouvait réveiller quelqu’un d’endormi, et un grand silence traversa le chantier.

De nouveau l’homme à la pelle fit retentir son instrument contre la masse invisible qui offrait une résistance. Dissimulé sous le sable, quelque chose annonçait sa présence comme le tonnerre se fait entendre avant la pluie.

Les regards se portèrent naturellement en direction de Quentin Leblanc dans l’attente de sa décision.

Les yeux du professeur se fermèrent puis se rouvrirent.

En l’instant d’un battement de cils, les yeux fatigués qu’offrait le professeur au sortir de sa tente, laissaient la place à un regard perçant, pointu, aiguisé qui se posait sur la pelle encore collée contre l’objet mystérieux qui exposait son existence évidente.

Le professeur regarda plusieurs ouvriers qui se trouvaient autour de l’homme à la pelle et, sans qu’un mot soit prononcé, dans le silence mystérieux du désert aux êtres figés, les trois hommes s’approchèrent du point de résistance et entreprirent avec des grands gestes dosés de précision de dégager l’espace autour de celui-ci. Ils paraissaient comme des prêtres, des êtres différents, on sentait qu’ils prenaient toute la mesure du rôle qui était le leur. Bien plus que des charrieurs de sables, ils étaient les révélateurs du mystère des origines.

Moins de trois minutes plus tard, une tête de cheval en bronze émergeait du sable la bouche ouverte, écumante, comme si l’animal avait retenu son souffle depuis des millénaires. Un frisson d’émotion parcouru l’équipe scientifique cependant qu’un autre, de terreur celui-ci, parcourait celle des ouvriers qui lâchèrent leurs outils et se réunirent pour prier.

Pendant que les nomades accomplissaient leur rituel religieux, les spécialistes se ruaient sur les appareils scientifiques pour effectuer les premiers relevés et analyser la statue, sous l’œil crépitant des appareils photos dégainés comme à la foire.

Il n’y avait plus de doute possible, désormais tous étaient convaincus que la cité maudite était sous leurs pieds.

Chapitre XII

Chapitre XII

-L’observateur-

Quand le présent n’est plus rien qu’une bataille rangée et que le futur parait plus qu’incertain, il reste le passé comme valeur sure.

Notre observateur se nomme Bernard, Bernard Coumin.

Il est juché sur la branche d’un arbre et il ferme les yeux. Son esprit l’entraine.

Il y a quelques semaines, tout allait pour le mieux dans ce que l’on croyait être le meilleur des mondes.

Les fleuves de la vie coulaient tranquillement sous tous les ponts du monde.

Ici nous regardons la scène comme les spectateurs que nous sommes.

Le mois de juillet était chaud, ce qui était devenu une habitude avec le réchauffement constant des températures.

Les filles baladaient leurs cuisses épilées dévoilées sous des mini-jupes provocantes et courtes, et des bustiers légers qui laissaient apparaitre pour le plaisir des jeunes hommes des petites pointes de seins aux allures téméraires et conquérantes.

La plus belle ville du monde s’égayait de touristes venus du monde entier et qui parcouraient ses rues, ses musées, ses monuments, pour y trouver fraicheur et culture.

Les cafés avaient sorti leurs terrasses depuis un bon moment maintenant, et on pouvait y observer les célèbres Allemands en short et chaussettes montantes sur tong.

Des petits groupes de Japonaises poussaient des cris enjoués, elles trépignaient de bonheur au pied de la tour Eiffel ou mitraillaient de leurs petits appareils photos une 2cv garées au bord d’un trottoir.

Les flashes crépitaient pour immortaliser parents ou amis à coté d’une statue, ou les corps alanguis de Paris-plage.

Dans les fontaines publiques, les enfants dans le plus simple appareil, pataugeaient sous le regard admiratif de leurs parents enthousiastes qui ne pouvaient s’empêcher de comparer leur fruit avec celui des autres, et jugeaient, sans doute possible, que leur petit était le plus beau de tous.

Les vendeurs de glaces faisaient leurs affaires, et les boutiques de souvenirs exhibaient leurs tour Eiffel sous globe à la neige synthétique bien exposées dans les vitrines, flanquées des incontournables chemisettes « J’aime Paris », des casquettes du même gout, des crayons géants aux motifs des grands monuments, et du choix illimité de cartes postales destinées à finir épinglée sur le tableau de la salle de repos du personnel.

Les Parisiens râlaient contre ces touristes qui envahissaient leur ville et les touristes regardaient énucléés, les Parisiens laisser leurs chiens débonnaires poser leurs crottes au milieu du trottoir.

Sur les chants Élysées, ont préparait les festivités du 14 juillet, et les équipes de travailleurs rafraichis à la « 16 », montaient les estrades un mégot jaunâtre collé au bord des lèvres.

On enrubannait les arbres aux couleurs de la nation et disposait des kilomètres de barrière de sécurité.

Un peu partout dans la capitale, les scènes se dressaient ou allaient avoir lieu les concerts qui animeraient la cité.

Sur le champ de mars, l’ambiance s’installait pendant que les techniciens faisaient les balances du grand concert du re-re-retour de la star nationale après un exil volontaire de quelques mois près de son argent en Suisse.

Sur les places publiques, des compagnies artistiques animaient les passants par des spectacles de jonglage ou d’acrobatie ou de mime.

Le vin rouge (Woudje pour les anglais) coulait à flot, et quelques touristes étrangers s’amusaient à « guincher » au son d’un accordéon musette.

Déjà la fête s’installait.

On avait prévu un grand défilé international pour fêter la concorde avec des délégations des forces armées et de secours de tous les pays.

Les foules se pressaient pour voir passer les répétitions lâchant « vivas » et « hourras ».

La soirée se présentait sympathique et bon enfant.

En province, Le soir tombé, on dansera au son des bals populaires sous l’égide de l’amicale de sapeurs pompiers et on s’enivrera sans aucune modération sous l’œil vigilent des compagnies de gendarmerie postées un peu plus loin à la sortie du virage et qui ne manqueront pas de faire souffler et de distribuer des procès verbaux.

Avant ceci, la fête aidant, on oubliera un peu ses problèmes quotidiens matériels ou familiaux.

Sous les fanions multicolores, les jeunes hommes serreront contre leurs corps brulants leurs jolies promises et les mains se feront tendre et exploratrices, cœur contre cœur, ils feront des projets pour le futur comme si la fête et les effets de l’alcool ne devaient jamais s’arrêter.

Vers minuit, les yeux ébahis se lèveront vers le ciel ou les mairies dépenseront sans compter pour éblouir les citoyens de flashs multicolores dans le ciel de la république.

L’hymne à la joie retentira sous les éclatantes chinoiseries et tous les petits garçons voudront devenir pompiers.

C’est cette soirée que Bernard avait choisi. Après quelques verres pour se donner du courage et quelques danses pour entrainer les corps dans la même ronde, Bernard profita du feu d’artifice pour demander Agathe en mariage. Sous les explosions de couleurs dans ciel et le sourire ébahi de son amie, il a déballé la bague ornée d’un petit diamant et lui a tendu.

Éclairée par les lumières du ciel, la pierre précieuse rendait les couleurs en prisme. Dans la bague, Bernard a fait graver un message pour la vie : AB+BC=1+1=1.

Agathe Bérout plus Bernard Coumin = 1+1 =1.

1 comme l’amour expliquera Bernard à Agathe en réponse à cette addition bien mystérieuse.

Elle trouva cela formidable et se jettera dans ses bras avec un grand « OUI ! ».

Ce soir là, l’amour triompha couronné de volutes brillantes et des coups de foudre des feux d’artifices. Au milieu des fontaines de lumières et des feux de Bengale, les deux cœurs enivrés d’amour battirent au même rythme à l’unisson d’un avenir radieux.

Quand il rentrèrent de la fête, Agatha se jeta sur Bernard et s’empressa de lui retirer sa chemise pour poser ses lèvres amoureuses sur son corps. Bernard fit glisser ses mains à travers le chemisier d’Agathe et lui caressa longuement la pointe des seins avant de s’aventurer sur son ventre puis entre ses cuisses et d’explorer longuement son sexe offert et moite. Agathe déshabilla son amant et laissa son corps chaud s’étendre sur elle avec délice.

La rigidité de Bernard lui procura une sensation de grand bonheur et son corps vibrant s’abandonna à son amant passionné.

Ils firent l’amour comme jamais auparavant. Leurs corps réunis dans une danse dont ils furent les chorégraphes les transportèrent au frontières du paradis, ce soir là, ils fusionnèrent dans la création d’une être nouveau.

Laissons-les.

Chapitre XIII

Chapitre XIII

-Autour du monde-

Dix jours avant à New-York city, c’était le 4 juillet et on fêtait l’indépendance Day.

Dans les bars de Manhattan, on buvait et on chantait. Quelques uns se dissimulaient dans les ruelles sombres pour pouvoir fumer une innocente cigarette sans être verbalisés par les autorités.

Tous les commerces et de très nombreuses fenêtres étaient décorées du drapeau Américain ainsi que des automobiles et parfois quelques piétons.

Les bleus et les rouges étaient à l’honneur dans les parcs et les jardins.

Dans central Park, les chevaux de la police secouaient leurs oreilles au son des musiques improvisées qui animaient les passants.

Ici un groupe de percussionniste afro-américain, là, clarinette et violon tiraient des musiques joyeuses ou tristes issues de la tradition juive ashkénaze, plus loin un banjo faisaient naitre dans les souvenirs des images de marigots de la Nouvelle-Orléans, plus loin un nouvel homme grattait sa guitare sur des rythmes folks, un groupe de jeunes élastiques improvisaient toutes sortes de chorégraphies impossibles à réaliser pour un être moyen en alternant les sauts, les contorsions et les mouvements de hip-hop comme si la chose était la plus facile et la plus naturelle du monde. Même le cheval en restait pantois.

New-York brillait malgré la grisaille de ses pots d’échappements et régulièrement un hélicoptère traversait le ciel pendant que les sirènes de police (toujours trois ou quatre en même temps) se dirigeaient, exotique musique des rues de NY, vers les scènes de crime quotidiennes et banales qui remplissent les pages des périodiques de la cité de verre et de béton.

Phare du monde ou viennent s’échouer les destins, machine à brasser les milliards et les âmes, carrefour des cultures du monde, New-York était fidèle à sa réputation.

Italiens, Grecs, Anglais, Afro… tous étaient plus américain que jamais en ce jour de fête nationale.

L’Amérique du monde était sortie de la crise économique avec perte et fracas, des milliers de personnes étaient mortes de faim et de manque de soin dans les quartiers les plus pauvres, les états les moins blancs avaient été sacrifiés au profit de la grande remise en route de l’économie du pays et l’Amérique c’était remise sur pied, plus blanche que jamais et fière d’être ce qu’elle est (tout du moins ce qu’elle parait être au yeux du monde). Comme il est de bon gout, chacun s’évertua à oublier ce qu’il fallait oublier et tout le monde faisait comme si rien ne s’était passé, c’était devenu une habitude.

Il n’y avait jamais eut de crack, les banquiers ne s’étaient pas jeté du haut de leurs immeubles, les entrepreneurs n’avaient pas renfloué les caisses de leurs entreprises avec les fonds de retraite de leurs employés, des milliers de pauvres noirs n’étaient pas morts abandonnés de tous.

Les cartes de crédit s’engouffraient à un rythme effréné dans les terminaux de payement.

L’Amérique fidèle à elle-même consommait pour le bonheur du monde et la sécurité des autres pays.

Tant que durerait la grande braderie, les ennemis de la liberté pouvaient courir tranquilles.

Dans le même temps à Tokyo, la jeunesse Japonaise, cheveux rose bonbon ou bleu outremer, se rencontrait et s’amusait dans les cafés branchés. Ils dépensaient leurs adolescences en jeux vidéo et en karaoké, entourés de murs d’aluminium couverts de figures de mangas aux sourires et aux poses ambigües, sur fond de musique techno et de lumières stroboscopiques.

Les filles étaient vêtues de mini jupes aux couleurs fluorescentes et portaient de grandes peluches aux figures de mascottes de produit de consommation, ou plus simplement vêtue en écolière érotiques, les garçons avaient des allures de filles.

Les vieux, dans les allées des jardins tirés à quatre épingles, jetaient un regard désabusé sur la nouvelle génération aux oreilles garnies d’écouteurs, et qui se dandinaient en pleine rue sur les nouveaux tubes téléchargés sur les « portables » nouvelle génération, pendant que sur les façades des immeubles, des écrans géants déroulaient d’infinies publicité pour la dernière voiture, le dernier « portable » la dernière montre, le nouveau restaurant de M, ou vantait le gout futuriste d’une nouvelle boisson luminescente au ginseng.

Le Yen numérique portait haut ses couleurs, et le Fuji Hama demeurai impassible, toujours symbole de la force de l’empire du soleil levant posé sur le dos du poisson chat géant qui reposait au fond de l’océan.

Rien ne semblait pouvoir faire fléchir la volonté qu’avait le japon de se relever du marasme.

Partout à Londres, Pékin, Moscou, Mexico, Rome… Dans tous les pays du monde on soufflait, on se réjouissait, on avait passé un cap difficile, et on savourait dans ce beau mois de juillet le plaisir de voir revenir à nouveau les jours glorieux de la consommation et de l’économie de marché relevée.

Et puis quoi ?

A Pékin, l’armée n’avait pas attendu pour tirer sur la foule dès les premiers attroupements eurent lieu.

Les manifestants s’étaient réunis autour d’un drapeau rouge d’où ils avaient retiré les étoiles et cousu un dragon et un soleil.

La révolte grondait depuis longtemps, mais le peuple était tenu d’une main de fer et les chinois, craignant contre eux le retournement du pouvoir central, avaient courbé l’échine pendant les quarante jours et s’étaient massivement rendus aux ateliers avec femmes et enfants.

Les accidents furent nombreux, et personne ne voulut endosser les charges correspondant aux préjudices subits. Ils s’étaient tut comme d’habitude, et avaient ravalé leurs rancœur.

A la fin des quarante jours, on les avait remerciés pour leur sacrifice au nom du parti.

Pendant que les riches étaient à la fête, les pauvres étaient renvoyés dans leurs montagnes, sans ménagement, le ventre vide.

C’en était trop, ventre vide n’a rien à craindre.

- Mieux vaut mourir d’une balle que de faim était la phrase qui se rependait dans les bouches et les oreilles.

Les cartes de crédit mis à la disposition du peuple avait comme les autres cessé de fonctionner le 1er aout et le peuple se rebella.

Ils déboulonnèrent les statues des guides pour former les barricades, et les affiches de propagande du bonheur du peuple allumaient des feux destinés à repousser l’avance de l’armée.

Dans tout le pays le peuple s’était levé pour demander du riz.

- « Du riz non des balles » était le slogan le plus courant. On entendait aussi « Du riz non des mots » et encore « Ou es tu Mao ? ».

La première chose que l’état donna au peuple fut des balles et des mots.

Mao quant à lui continuait de dormir dans son cercueil de verre.

L’armée tirait sans fin dans toutes les directions, mais la marée humaine déchainée était telle qu’il n’y eut pas assez de balles pour tout le monde et que, bientôt, les manifestants, toujours plus nombreux, prirent le dessus sur les militaires. On voyait dans les rues des hommes courir nus car ils avaient jeté leurs uniformes afin de ne pas être pris à parti par les « insoumis ». Comme leurs dessous étaient aussi fournis par l’armée, ils n’avaient pas d’autres choix, pour ne pas être identifiés, que de se dévêtir totalement et d’espérer rencontrer un vêtement quelque part.

La colère grondait, débordait, se déversait dans les rues, les places du pouvoir.

La célèbre place Tien An Men était bien petite ce jour là.

L’information d’une catastrophe à l’échelle de la planète était restée tellement secrète, que le peuple chinois pensait résoudre le problème avec une révolution qui ne servira à rien.

Mieux vaut tard que jamais.

A Mexico-city, pour la première fois l’air était presque respirable. Plus des deux tiers des véhicules étaient hors d’usage à cause des pénuries d’essence et les pauvres des banlieues, à l’instar des cariocas brésiliens, avaient envahis le centre ville ou chacun se hâtait de dévaliser quelques victuailles et de faire des réserves d’eau dans des seaux ou des bidons replis dans la confusion aux geysers que projetaient les bouches à incendies vandalisées.

La chaleur rependait dans les rues l’odeur du sang fraîchement versé.

Les voitures et immeubles brûlaient, et rapidement, l’air redevint irrespirable.

New Delhi se déchirait par toutes ses coutures.

Castes riches contre castes pauvres, indouismes contre musulmans, chrétiens contre tous.

Seuls les bouddhistes priaient.

Les Indiens attaquaient les Pakistanais, les Pakistanais attaquaient les Afghans, les Bengalis, les Népalais, les Pachtouns… Toutes les communautés se trucidaient.

Le sous continent était à feu et à sang, et le patchwork post colonial de région et de pays ayant tous une identité, une religion, un statut, une langue, une culture différente, se démontait comme on efface un tricot en tirant sur un fil.

Il y avait longtemps que la tension montait et l’état indien n’arrivait qu’à coup de bâton à gérer tant bien que mal les velléités de chacun.

Cette fois, le ventre vide, sans espoir d’une roupie, c’en était trop.

Plus rien à manger depuis longtemps, plus d’électricité, de trains, de provisions…

Les troubles avaient commencé comme d’habitude. Quelques indiens avaient mené un raid contre un commerçant Pakistanais qui avait refusé le crédit. Les pakistanais avaient répondu en incendiant un commerce indien, ceux-ci avaient vengé ce dernier en détruisant deux commerces Pakistanais qui avaient répondu en trempant des chats dans du gasoil et les avaient lâché dans un marché réservé aux indiens.

Répliquant à l’horreur par l’horreur, les indiens avaient redoublé de cruauté jusqu’à ce que la ville soit en feu.

Dans toute l’Inde, les sikhs enturbannés sabre à la main avaient crut de bon ton de se défendre en coupant quelques tête d’un coup de poignet agile.

Les chrétiens avaient sorti des armes dissimulées depuis la décolonisation.

En moins de deux jours, on ne comptait plus les morts tant il y en avait et leurs corps jonchaient les sols et les rivières. Les plus chanceux flottaient gonflés au rythme tranquille du Gange purificateur.

Des charniers géants brûlaient dans tout le pays et l’odeur de viande cuite attisait l’appétit des plus férus végétariens.

New-York, ville naturellement incontrôlable, aux armes à feu incalculables, pétaradait comme un nouvel an chinois. Chacun avait sorti son artillerie et exorcisait sa frustration en abattant son voisin tant qu’il n’était pas de sa communauté avant d’aller fouiller ses placards et son réfrigérateur.

On ne trouvait plus un animal vivant dans la cité, même les pensionnaires du zoo de central Park étaient passés au barbecue.

On ne trouvait plus une bouteille d’eau potable et les plus insensés s’aventuraient à boire l’eau de l’Hudson.

Il avait fallu moins de deux heures pour que le peuple en délire vide tous les commerces de la cité.

Les commerçants n’avaient pas hésité à faire des cartons sur les envahisseurs, et chaque commerce d’alimentation avait, devant sa vitrine, son petit tas de cadavres fraîchement abattus. Dedans, on trouvait la boutique vide et le corps du malheureux boutiquier laminé d’être arrivé à sa dernière cartouche.

La nouvelle avait traversé la ville à la vitesse d’une balle de 38 millimètres.

- « Bientôt il n’y aura plus rien à manger »

A peine la phrase avait elle fait le chemin depuis l’université de Columbia en direction des quartiers ou logeaient quelques étudiants, qu’il n’y avait déjà plus rien à manger.

Partout, à Brooklyn, Broadway, Manhattan, le même western spaghetti se déroulait avec des cow-boys New-yorkais sans chevaux, armés jusqu’aux dents, qui abattaient à tour de bras tout ce qui ne ressemblait pas à un vrai Américain.

Dans les ghettos noirs ou la police ne mettait déjà plus les pieds depuis longtemps, les chefs de bande entourés de leur milice reconnaissables à leurs tenues, casquettes ou signe distinctifs, décrétaient à coup de fusil ou de batte de base-ball que désormais ils étaient propriétaire de cette rue, de cet immeuble, et en chassait les habitants sans faire de quartier.

Le Bronx tremblait sous la violence, et de nombreuses familles fuyaient en emportant, cachés dans leurs habits, quelques petites choses comestibles.

Dans tous les quartiers de la ville, la bataille s’était étendue, et chacun se renfermait dans son quartier avec les siens, Les italos à petite Italie, les chinois à Chinatown, les Viêt, les arabes, les indiens… Tout le monde craignait une attaque du groupe opposé, et les communautés se ressoudaient autour de l’intérêt « racial » (ceci n’existe pas), culturel et religieux, dans ce qu’on savait des ghettos sans vraiment vouloir le savoir.

Chapitre XIV

Chapitre XIV

-les yeux en face des trous-

Quand le passé n’existe que dans l’esprit, arrangé selon son bon vouloir, Il faut bien ouvrir les yeux et accepter la bataille rangée qui se déroule.

Notre observateur que l’on retrouve toujours juché sur la branche d’un arbre, se résout à rouvrir les yeux et il voit.

Des rues dévastées, l’armée qui tente de faire régner l’ordre à coup de matraque et de canon à eau.

Des files énormes de gens qui sont éparpillés sans douceur. Dès le matin, ils s’étaient regroupés autour des banques pour réclamer leur argent en papier ou en or.

Ils voulaient récupérer leurs biens qu’ils avaient eut l’inconscience de laisser entre les mains des grandes machines à sous.

La cohue était telle que l’on ne s’y entendait pas.

Le peuple ne voulait rien savoir, il voulait son argent, SON argent.

Les rares employés qui avaient pris leurs postes s’évertuaient à expliquer :

- « Qu’il n’y avait rien dans les coffres, et que le problème était informatique, qu’il allait être résolu rapidement, et que le mieux à faire était de rentrer chacun chez soi dans le calme, et d’attendre que les systèmes défaillants soient réparés, et que tout rentre dans l’ordre ».

Bien que les autorités ait pris soin de poster l’armée autour des établissement bancaires pour tenter de canaliser la foule et de faire régner un semblant d’ordre, bien qu’on ait fait mine de compatir avec les clients lésés par les établissements et le système, les mécontents avaient pris le pouvoir sur les groupes et les heurs éclatèrent.

Il n’y eut que quelques morts mais de nombreux blessés.

Apeurés par les hordes de protestataires, les employés des banques refusèrent de reprendre le travail l’après midi du 2 aout et le monde bascula dans la psychose et l’anarchie la plus totale.

Il n’y avait pas d’argent papier et les cartes magnétiques étaient inutilisables.

Impossible d’acheter quoi que ce soit, et les distributeurs alimentaires affolés, dont les quelques établissements qui avaient survécu au dimanche de pillage étaient protégés comme un trésor national, refusaient d’ouvrir les portes de ceux-ci, sachant que les clients ne pouvaient pas payer, et que l’état ne couvrirait pas les dégâts.

L’argent, abstraction d’un achat projeté dans le futur dont la principale fonction est d’anticiper, d’abstraire l’avenir, de faire exister quelque chose qui n’existe pas encore, avait disparu, cessé d’exister à son tour et, avec lui, c’est toute la symbolique du plaisir et du lendemain qui s’était évanouie.

Un capital futur qui s’était tout bonnement sublimé, évaporé dans la nature, dévorée par la fée Numeris.

Pschitt ! Comme aurait dit un ancien président.

Plus de promesses, de garantie de jours de vie inscrite en chiffres sur des écrans ou des bouts de papier.

S’en était fini et la société, cette statue au pied de papier et d’encre infalsifiable, s’écroulait sur le peuple sous les yeux incrédules des acteurs politiques et financiers réunis en cabinet de crise dans leurs bureaux corniches et dorés à la feuille.

Ils avaient bien tenté des déclarations répétées en boucle sur les radios hertziennes et des campagnes d’affichage. Tout ceci ne changeait rien.

Le peuple avait pris l’habitude de ne plus faire confiance dans ses « élites » qui lui mentaient depuis bien longtemps, et qui s’étaient corrompues dans des querelles de paroisse, des ragots, des dénigrements, tout ça pour marcher en tête dans les couloirs moquettés du pouvoir.

Ces hommes arrivés en haut de l’échelle hiérarchique par la corruption, le mensonge, l’abus de tout, par des coups bas et des phrases à l’emporte pièce bien choisies, bien pesées, utilisant nombres de codes et de métaphores, de figure bibliques dont plus personne ne faisait état, et dont les mots ne faisaient que ronronner, plats.

Le peuple prouva au moins une chose, c’est qu’il n’était pas si con que l’on voulait bien lui faire croire et, malgré les efforts du pouvoir, la vérité de la rue pris le pouvoir sur la vérité des palais, elle était là, au coin des boulevards, dans les avenues et artères commerçantes dévastées.

Pendant que les politiques affirmaient que tout allait bien et que la situation était sous contrôle, l’armée chargeait les manifestants.

Pendant que dans la rue se jouait la catastrophe, les messieurs bien habillés qui avaient, pour l’occasion, ressorti leurs décorations, affirmaient la main sur le cœur que tout allait bien et qu’il suffirait de garder son calme.

Pourtant, lors de son allocution radiophonique, on entendait la peur dans la voix du président, et ceux qui étaient présents ce jour là, virent sur son visage, sa conscience se manifester par des gouttes de transpiration et d’innombrables tics et mimiques.

Chapitre XV

Chapitre XV

-Prisonniers-

La bête avait bien choisi son moment pour attaquer.

La majorité des fonctionnaires de l’état était en vacances et avaient déjà quitté immeubles et banlieues.

Ils s’agglutinaient sur les plages ou était feux contre phare sur les autoroutes de France rapidement bouchonnées dès le 1er aout au matin de voitures ou de camions en panne d’essence, car les stations services avaient refusé de les servir aux premiers :

CARTE INVALIDE.

Sous les cris des voyageurs en colère qui menaçaient les employés des stations, les caissiers (simples employés en contrats précaires), avaient quitté leurs postes et abandonné les pompes inexploitables aux automobilistes enragés qui eurent vite fait de tout saccager à coup de voiture-bélier, rendant les installations inutilisables et les laissant en ruine. Les incendies et les explosions faisaient de grandes gerbes dans l’horizon.

Les barrières de péage restaient fermées car les systèmes ne répondaient que :

CARTE INVALIDE.

Même ouvertes elles n’auraient servit à rien car de nombreux conducteurs avaient abandonné camions et véhicules sur les voies de circulation ce qui les rendaient désormais impraticables. Les premiers véhicules ayant été bien sur garés sur les bandes d’arrêt d’urgence.

Des centaines de milliers de voyageurs étaient pris au piège à plusieurs kilomètres de chez eux, enfermés sur les grands axes autoroutiers hermétiquement grillagés, et infranchissables pour tous, y compris les véhicules de secours.

Le dimanche matin alors que de nombreux réveils de lève-tard n’avaient pas encore sonné et que des millions de français dormaient, inconscient de ce qui se passait autour d’eux, d’autres millions angoissaient et commençaient à ressentir les effets de la faim et de la soif, prisonniers du grand ruban de bitume alors que le clément soleil d’aout se posait dans le ciel et arrosait la terre de ses rayons chauds, généreux.

Des hélicoptères de l’armée et de la sécurité civile survolaient les grands axes ou ils observaient les bouchons qui s’étendaient sur plusieurs centaines de kilomètres.

Les voyageurs égarés faisaient de grands signes aux engins volants pour qu’ils viennent les aider, mais les pilotes reconnaissaient impuissants, que c’était impossible de se poser sans être en danger.

Il n’y avait rien d’autre à faire que d’observer la catastrophe et de rapporter au central le fruit des observations aériennes.

Les corps d’armée repartis un peu partout en France étaient en alerte rouge et ils étaient envoyés partout pour distribuer des vivres et de l’eau potable, mais la détresse du peuple était telle, qu’ils étaient impuissants à contenir les foules et qu’ils durent battre en retraite tout en jetant depuis les camions en marche, les boites d’aliments qu’ils n’avaient put donner de manière ordonnée.

La colère montait contre eux qui portaient l’uniforme et les écussons de la nation, donc du pouvoir que les gens jugeaient responsable de la catastrophe.

En vingt cinq heures de drame, le spectacle était le même dans toutes les villes grandes ou moyennes à travers le monde.

Ce ne fut pas un lundi noir mais un lundi rouge.

Partout le même spectacle de villes ravagées, en flammes, démontées, portes arrachées, vitrines brisées, véhicules enflammés.

Partout les corps jonchaient les rues, les ponts.

Les escaliers étaient rendu impraticables par la bouillie humaine des corps déchiquetés, piétinés par la foule, éventrés, démembrés, gisant rependus sans espoir d’une sépulture.

Les insectes faisaient bombance.

Il y avait les corps de ceux qui par manque de chance ou de force avaient fini leurs vies sous les coups de pieds, de bâton, de tout ce que les autres, eux, ils, avaient pour se défendre, pour attaquer, et puis il y avait les autres, plus chanceux, ou plus conscients, qui avaient eut le bon sens d’abréger leur sort funeste à coup de revolver ou en se jetant des plus hauts étages des tours géantes des mégapoles dans un grand plongeon comme les suicidés du 11 septembre 2001 dont on avait tut les actes.

Dans les grandes villes, les immeubles étaient devenus des tremplins pour la liberté, et les corps affamés, assoiffés, se jetaient à grands cris pour abréger leurs tortures dans un dernier shoot d’adrénaline, suivi d’un petit « ploc » sur le bitume.

D’autres encore se jetaient du haut des ponts dans les flots noirs des fleuves, et l’on voyait, à la surface de l’eau qui traversait les grandes capitales du monde, les rivières, les canaux, des corps bleuis et gonflés qui glissaient doucement à la vitesse du courant tranquille et qui s’accrochaient aux racines des aulnes, des peupliers, des saules, aux piliers des ponts ou aux chaines d’ancre des péniches.

Sous les ponts de la seine, gouttés par les perches, les poissons chats ou les bardots, bequetés par les canards, les suicidés glissaient sous l’œil vigilent du zouave, des statues du pont neuf et de la liberté de l’ile de la cité.

Le Nil, le Pô, le Guadalquivir, la Tamise, le Niger, le Mississipi… charriaient tous leurs lots de cadavres qui se dirigeaient vers les embouchures, vers l’immensité de l’océan.



Chapitre XVI

Chapitre XVI

-Ce polémique Pr Leblanc-

Les travaux de déblaiement de la zone de fouille avançaient grand train, mais à la main car on craignait d’aimer le site avec les machines imposantes.

Elles avaient été envoyées plus loin pour dégager les dunes qui s’approchaient de la zone de fouille.

Une surface de plus de quinze milles mètres carrés était nivelée au nouveau niveau zéro dit « tête de cheval », et les spécialistes étaient à l’œuvre pour quadriller, à grand déploiement de bandes fluorescentes, des zones de recherche en quinze espaces distincts de milles mètres carrés sous divisés en sous zones de cents mètres.

Les équipes étaient formées de vingt techniciens repartis dans les sous zones, auxquelles s’ajoutait la main d’œuvre locale.

Dès les premiers dix jours, les chercheurs découvrirent ce qui paraissait être les délimitations de propriété mais les matériaux qui avaient été utilisés pour marquer les enceintes étaient si fragiles, que seuls des relevés photographiques et typographiques étaient possible.

On extrayait la poussière grisâtre fragile pourtant arrangée en carrés parfaits.

La matière était trop bien délimitée sur leurs surfaces pour être due au simple hasard.

De nombreux échantillons étaient prélevés pour fin d’analyse.

De soirs en soirs, on voyait apparaitre, à l’issue des réunions d’équipes, la carte de la cité dans laquelle curieusement, n’apparaissaient pas encore les empreintes d’atelier de confection.

Plus les travaux avançaient, et plus on découvrait de ces carrés.

Plus bas, on découvrait de grandes bandes de roches magmatiques noires très toxiques qui se détachaient en blocs mesurant quelques centimètres carrés au plus deux ou trois mètres carrés et faisant quelque 4 à cinq centimètres d’épaisseur.

Les recherches se concentrèrent sur cette matière qui recouvrait de grandes surfaces bien qu’elle soit extrêmement toxique et maniée avec la prudence d’un protocole établi pour l’occasion.

En dégageant les surfaces couvertes par la matière, les techniciens s’aperçurent que celles-ci était organisées en bandes quadrillant les quadrilatères grisâtres et évoquaient les rues d’une ville moderne.

On informa le professeur de cette étrange combinaison.

Après une réunion houleuse du fait des risques sanitaires liés à la manutention de la roche magmatique, on décida de ne plus rien faire tant que les analyses et les relevés affirmeraient qu’aucun danger ne menaçait les travailleurs. Une abondance de cette matière polluante ne laissait pas les spécialistes indifférents d’un risque de contamination.

Pendant trois jours les équipes inspectèrent le site mis en « quarantaine » avec de nombreux appareils.

Testeurs de matière, compteur de radioactivité, appareil à résonance, lecteurs de spectre… On attendait les résultats des tests qui étaient au laboratoire pour pouvoir affirmer ou infirmer.

Quand les résultats des tests tombèrent, on découvrit que la roche magmatique était d’origine fossile et chimique, l’intégralité du site de recherche était radioactif mais raisonnablement, et cela ne constituait pas un risque pour les chercheurs et ouvriers.

La roche magmatique était constituée en majorité de bitume et de gravier cuits. Quant aux enceintes elles étaient constituées de roches calcaires et d’argiles en poudres cuites selon un procédé chimique dans lequel entrait de nombreux de nombreux composants extrêmement polluants et nocifs pour la santé, mais le temps avait atténué l’effet des composants et il ne présentait pas de risques immédiats.

- Les matières ne sont pas issues de procèdes naturels et les matériaux font sans aucun doute possible partie des ruines de la ville ensevelie.

- Ces nouvelles preuves nous confortent un peu plus dans l’hypothèse que la ville que nous cherchons se trouve bien dans la zone.

Les tests dataient le site d’environs vingt cinq mille ans.

Partout se trouvait cette poussière grisâtre qui cédait sous les pelles des travailleurs avant d’être chargée dans les camions pour être expulsée plus loin.

Régulièrement des échantillons étaient prélevés et analysés.

En certains coins, on découvrait d’épaisses couches de poussière noire et de scories agglutinés en une croûte d’une dizaine de centimètres.

Les testeurs révélaient une forte radioactivité ainsi qu’un très grand nombre de matières différentes telles que : bois, pierres de différentes qualités, restes organiques fossilisés principalement des lichens et des mousses, on trouvait du verre et des matières inconnues sans doute issues de procédés chimiques.

La thèse du grand incendie était de plus en plus plausible, et l’équipe était excitée à l’idée que ceci pouvait répondre à la théorie « Néo ».

Les indices concordaient.

La cité apparaissait de jours en jours et il n’y avait plus de trace pour le doute qui cédait la place à l’excitation, l’impatience et l’empressement à découvrir plus encore, tout le monde était maintenant convaincu.

Cette découverte représentait un événement majeur dans l’histoire et ouvrait à Quentin Leblanc les portes de la gloire, l’occasion de renvoyer à ses détracteurs leurs propres camouflets.

Lui qui pendant des années avait dut souffrir des sarcasmes de ses opposants, subir le joug des grands prêtres, sans parler des nombreuses critiques imprimées dans la presse spécialisée qui, manquant parfois d’idée pour noircir leurs colonnes, avaient toujours dans un tiroir quelques articles « Leblanc » pour alimenter la polémique et relancer les ventes.

- « L’avantage avec Leblanc, disait un rédacteur en chef, c’est qu’il est toujours prêt à débiter son discours à n’importe quel journaliste et en plus c’est vendeur. Un numéro qui affiche en première de couverture un portrait de Leblanc et c’est cent milles exemplaires de plus garantis ! »

C’est pourquoi tout en tirant sur le professeur, la presse le ménageait.

- « On ne tue pas la poule aux œufs d’or » avait déclaré le même chef de rédaction.

Les titres variaient selon les déclarations nouvelles du professeur.

Le numéro titré « LA METEORITE DU CHAO » était resté dans les mémoires comme la meilleure vente de toute l’histoire de la presse.

Dans ce dernier, le professeur Leblanc développait une théorie de son cru selon laquelle une météorite gigantesque avait heurté la terre il y avait plusieurs millions d’années et que la force de l’impact avait été telle que sous l’onde de choc, les espèces avaient disparu.

Ceci bien qu’il ne puisse fournir que très peu de preuve.

Il étayait sa théorie en utilisant une orange sur laquelle il avait dessiné les contours des principaux continents.

Selon lui le choc avait décalé l’axe de la terre et il expliquait ceci en faisant un mouvement du poignet qui décalait l’orange.

Une démonstration un peu simpliste, certains c’étaient moqué de lui en le singeant avec une banane, une poire, une chaussure.

Cette déclaration avait fait éclater de rire quasi tous les scientifiques présents réunis au comité il y a de cela presque vingt ans maintenant.

Personne n’avait pris sa théorie au sérieux.

Unanimement, tous avaient déclaré que si l’axe de la terre avait bougé, la terre aurait implosé sous la force du magma et que les océans se seraient évaporés dans l’univers.

Pourtant, partout dans le monde, les carottages réalisés par les équipes de nombreux pays depuis plusieurs années, montraient des changements radicaux dans le climat, le dernier changement était daté d’environ vingt à vingt cinq mille ans.

Personne n’avait put en déterminer la cause, et une quantité industrielles de théories et de suppositions plus ou moins rocambolesques partaient dans tous les sens

Certains expliquaient avec sérieux que dieu avait décidé de rectifier la création avec un déluge et qu’en quarante jours il avait tout détruit sur la planète avant de reprendre son œuvre à zéro.

A cette occasion il modela l’humain, il y a cela moins de dix mille ans.

Cette version convenaient à une majorité, on ne chercha pas a prouver l’existence de dieu et on ne chercha pas plus loin. L’être suprême est idéal pour combler les failles.

D’autres affirmaient que les responsables de ce changement étaient les volcans, et que les nuages de cendres avaient caché le soleil, ce qui avait modifié le climat.

Quand on leur demandait ce qui avait réveillé les volcans, ils répondaient implacablement :

- « Un événement extérieur ».

D’autres encore échafaudaient la théorie dite « du billard » selon laquelle la lune était tombée sur la terre et qu’une autre était venue la remplacer.

La théorie la plus rocambolesque était celle d’une extermination par les habitants d’une autre planète.

La pluie de météorite était la théorie la plus plausible qui pouvait englober d’autres bien qu’on n’ait pas trouvé trace de ceux-ci pour les derniers trente mille ans.

On comptait plusieurs cycles d’extinction des espèces et chacun y allait de son couplet.

Les journaux se régalaient en déclarant une guerre des théories et des titres apocalyptiques coloraient en rouge les étals des libraires.

Les lecteurs étaient avides de savoirs, et les magasines de banalisation scientifique développaient toutes les nouvelles informations couvertes par des infographes qui laissaient libre cours à leurs imaginations et qui sortaient des images toujours plus percutantes.

La couverture de « LA METEORITE DU CHAO » représentait le professeur Leblanc avec dans son dos la capitale bombardée par une pluie de météorites.

Une autre belle vente était titrée :

« LEBLANC CONTRE LA SCIENCE ». Dans ce numéro spécial sur les matériaux à développement spontané, on avait réuni plusieurs spécialistes qui exposaient tous des avis soutenant les yeux fermés les nouvelles découvertes scientifiques pour le bien de l’humanité. Seul Quentin Leblanc émettait des réserves, et c’était donc sur lui que c’était axée la polémique.

Tout partait d’une invention récente qu’étaient les graines de matières.

Le principe était simple seulement il fallut des années pour la mettre au point. Il y avait eut des accidents graves mais passés sous silence, cette technique était celle du développement naturel de la matière.

Les laboratoires avaient crée des graines de matière à partir de cellules prélevées sur des organismes vivants existant à l’état naturel, puis à partir de quelques manipulations physiques et chimiques, ils obtenaient un composé qui permettait de produire des feuilles de carbone.

La graine était plantée dans le sol directement et se développait comme une plante en synthétisant à la fois les matières contenues dans le sol et dans l’air. Il fallait environs trois semaines pour obtenir une feuille de carbone d’environs deux mètres carrés.

L’avantage de ce procédé, disait-on, c’est qu’il était non polluant et qu’il ne nécessitait pas beaucoup d’eau pour le démarrage de la graine, car il n’y avait , une fois la croissance lancée, pas besoin de l’arroser. La « plante » captait l’humidité ambiante même dans un environnement aride et elle avait le mérite de faire de l’ombre.

La durée de vie de la matière était d’environs vingt ans selon les experts, mais ceci restait de la théorie.

Ensuite, les éléments se décomposaient et retournaient dans l’environnement à l’état d’origine.

Tout ceci était bien joli et paraissait une solution bien facile à la production de matière, mais.

Selon Quentin Leblanc, des sources bien informées l’avaient prévenu de plusieurs incidents qui s’étaient passés mais qu’on avait tenus sous silence du fait des groupes de pression.

Le premier était que certaines « plantes » avaient généré des graines qui se semaient toutes seules avec le risque de se disséminer sauvagement dans la nature à grande vitesse. On comptait plus de deux milles graines pour un seul pied.

Le second c’est que les plantes qui produisaient des graines utilisaient le même processus que les plantes dites naturelle, donc elles produisaient aussi du pollen qui se synthétisait avec des plantes existantes, et qui faisait que les autres plantes « contaminées », se mettaient elle aussi à produire des graines donnait des végétaux en carbone donc non comestibles.

Le troisième était qu’on ne savait pas avec certitude l’effet sur l’environnement des poussières issues des éléments en décomposition.

Les investisseurs mettaient la pression sur les gouvernements du monde pour imposer leur nouvelle création, pour passer rapidement des tests à la production à grande échelle, sans se soucier de l’avenir car ils souhaitaient récupérer leurs fonds le plus rapidement possible.

L’entrevue de Quentin Leblanc avec les journalistes avait généré des groupes de rebelles.

Lors de premières plantation à grande échelle et à l’air libre, des comités anti M.D.S. (Matière à développement spontané) avaient arraché les plants et s’étaient retrouvés en prison ou accablés d’amendes avec sursis dont les montants avaient été tellement exorbitants qu’ils étaient bâillonnés, et couraient des risques énormes s’ils tentaient de nouvelles actions.

Quentin Leblanc faisait partie de ceux-ci, et ne manquait pas l’occasion de parler et de dénoncer ces manœuvres dès qu’on lui en donnait l’occasion, n’omettant jamais de faire le parallèle avec le nucléaire.

Il disait souvent que vu que nous ne possédions ces techniques et ces connaissances depuis bien moins qu’un siècle, il était fou de se lancer dans des procédés qui, rappelait-il, avaient causés de grands désastres. Tout le monde avait en tête les accidents nucléaires qui rendirent impropres des millions d’hectares de terres arables.

- Je n’ai pas confiance dans le nucléaire.

- Bien que mes collègues scientifiques affirment qu’il n’y a aucun risque à terme, je m’inquiète de voir des centrales nucléaires pousser aux quatre coins du monde sous prétexte de mercantilisme politico-stratégique.

- A la vitesse à laquelle nous allons et compte tenus de notre incapacité à gérer efficacement les déchets, sans omettre les failles constatées dans les protocoles de sécurité, je crains que n’ayons pris, ensemble, le chemin du suicide.

- Bien que nous possédions des réserves quasi inépuisables de cette énergie, j’ai peur qu’un jour, un événement extérieur à notre volonté vienne faire que cette énergie se retourne contre nous.

- Cette puissance est incontrôlable et les textes fondateurs de nombreux peuples qui occupèrent la terre avant nous expriment la craigne que l’on devrait toujours avoir face à l’invisible à l’œil.

Le journaliste qui recueillait les propos de Leblanc saisit l’opportunité qui lui était offerte sur un plateau et fit glisser le débat sur un autre sujet.

- Vous remettez donc en cause la recherche sur les cellules souches, les microbes et les virus ?

- Non bien sur, mais si l’on se réfère aux textes fondateurs, oui.

- Si l’on regarde les avancée de la médecine et les avantages qu’ils représentent pour les populations et l’humanité toute entière à court termes, évidement, vu par l’œilleton de nos petites vies, non, c’est évident, mais il faut apprendre à regarder plus loin que le bout de son nez ne croyez vous pas ?

- Je suis partagé comme de nombreux scientifiques.

- Mais l’intérêt de notre civilisation ne passe t’il pas par là ?

- Oui tout à fait, l’intérêt commun bien sur, mais pour combien de temps encore, et l’humanité dans tout ça ? Les progrès de la médecine reculent l’accès aux postes décisionnel des nouvelles générations, nous transformons notre société en gérontocratie je ne pense pas que cela nous serve.

- Vous craignez quelque chose en particulier ?

- Non, pas particulièrement, mis à part un recul des libertés, le retour en force d’une politique réactionnaire, la marginalisation de la jeunesse, des nouveaux courants de pensée.

- Vous savez, en tant qu’archéologue et que scientifique, j’ai l’expérience des erreurs passées.

- D’expérience, je sais que les civilisations se développent puis passent et toutes se ressemblent assez.

- Qu’est ce qui les différencie les unes des autres ? Leurs croyances ? Leurs techniques ? Leurs modèles sociaux ? Qu’est ce qui fini par les détruire ?

- La croyance que leurs techniques et que leurs modèles sociaux sont les meilleurs et qu’ils sont indestructibles.

- Paradoxalement, plus les sociétés se sentent fortes et invulnérables, plus elles se fragilisent et se détachent de leurs fondements culturels ou religieux, ce qui finit par les détruire.

- Je ne vais pas vous faire ici la liste des grandes civilisations qui nous ont précédé et qui se sont évanouies dans le grand brouillard de l’histoire, nous n’aurions pas assez de toute la journée pour dresser l’inventaire mais nous avons appris tout ce la à l’école n’est ce pas ?

- Un des problèmes fondamental de nos sociétés, c’est que plus elles se développent dans l’intérêt du collectif, plus elles procurent à l’individu les moyens et les ressources nécessaire à son bien être et ceci est une bonne chose, c’est le rôle de la société, faire corps.

- C’est quand finalement cette même société s’axe sur les minorités jusqu'à ce qu’elles aient toutes leurs revendications propres, leurs besoins satisfait, que l’on crée le déséquilibre des masses, car personne n’est jamais vraiment comblé.

- Cette frustration s’étend.

- Et le progrès finit paradoxalement par créer l’exclusion, l’égoïsme et l’arrogance.

- Nous en avons la preuve tous les jours.

Il n’en fallut pas plus que cette rencontre pour que les journaux aient en réserve pour plus tard en découpant les propos de Leblanc et titrent :

« LES SCIENTIFIQUES METTENT LA CIVILISATION A MORT »

« LA MEDECINE CONTRE L’HUMANITE »

« LA PLANETE COUVERTE DE PLANTES NON COMMESTIBLES »

« SCUICIDE NUCLEAIRE » Etc.…:

Une autre polémique de taille avait fait les beaux jours des périodiques, c’était celle de la corruption des squelettes.

Dans les musées d’histoire naturelle du monde, on exposait de nombreux squelettes d’animaux disparus qui étaient découverts à travers le monde et qui affirmaient que la terre était peuplée d’animaux gigantesques, certains de plus de trente mètres de long ainsi que d’autres plus petits de six à quinze mètres de long dont les mâchoires étaient dotées de plusieurs rangées de dents aiguisées comme des rasoirs.

Ces animaux fantastiques avaient été découverts sur les terres loin des océans et les ossements étaient datés de près de trente milles ans.

De nombreux scientifiques affirmaient que ces animaux étaient les plus dangereux que la terre n’ait jamais porté, et lors de la reconstitution des squelettes, on avait disposé les ossements existants ainsi que d’autres qu’on avait créé, de telle sorte que les squelettes semblaient des animaux terrestres.

Assisté d’une équipe spéciale, Quentin Leblanc avait réalisé d’autres reconstitutions sans os « supplémentaires ». Celles-ci prouvaient que ces animaux étaient marins, ce qui lui valu les foudres de ses collègues et des spécialistes du genre.

- Comment expliquez-vous qu’on ait découvert ces squelettes sur des terres qui n’ont jamais été recouvertes par les océans ? Lui demandaient ses détracteurs.

- Je ne sais pas, répondait Leblanc.

- C’est donc bien que ces animaux étaient terrestres.

- Alors pourquoi ne représentent ils pas les caractéristiques d’animaux terrestres ? Pourquoi avoir ajouté des os à ces squelettes ?

- Parce qu’on ne les a pas trouvé.

- Ne vous est il jamais venu à l’idée que si vous ne les aviez pas trouvé c’est qu’ils n’existaient pas ?

- Non, pas une seconde.

Le débat était clos et une fois de plus on pouvait traiter Quentin Leblanc de perturbateur et de négationniste.

Tout en le dénigrant, on lui donnait assez de crédit pour lui confier des équipes de travail ainsi que la direction d’instituts prestigieux jusqu’au comité scientifique international, celui qui faisait la pluie et le beau temps dans le monde de la recherche, on lui donna même les crédits pour la construction d’un nouveau centre plus moderne.

Il avait obtenu ce poste suite à la révélation que l’homme n’était pas apparu par miracle il y a environs vingt cinq milles ans mais qu’il était le résultat de l’évolution des espèces.

Que l’homme était doté d’une conscience et qu’il n’était pas le résultat d’une magie divine.

- Prouvez-le ! avaient dit les religieux.

Cette révélation causait de grands problèmes aux politiques et religieux en majorité soutient de la cause créationniste, Ils considéraient le professeur comme un danger, un risque majeur pour l’équilibre des pouvoirs.

Après quelques réunions secrètes, les « maitres du monde » avaient décidé de décrédibiliser Leblanc en le faisant tomber de si haut que plus personne ne lui porterait de crédit. Voila pourquoi on lui avait confié le comité comme on pousse quelqu’un du haut d’une falaise.

La stratégie était bonne, car à l’issue de son intervention avortée, il avait démissionné et n’avait plus aucune crédibilité. Sa carrière s’était arrêtée nette pour toujours.

C’était sans compter sur le « Lys-rond » qui attendait depuis longtemps la chute du professeur pour le rattraper au vol.


Chapitre XVII

Chapitre XVII

-Socio-cidaires-

En moins d’une semaine, les grandes villes du monde devinrent des pièges pour les habitants.

Les véhicules endommagés par les manifestants et les barricades montée à la hâte pour se prémunir des autorités encombraient les rues, ponts, embarcadères, autoroutes et rocades.

Certaines avaient causé de grands accidents avec des trains ou des trams en tombant en panne d’essence ou en restant coincé dans le flux lors d’un des embouteillages du 1er aout.

Les métros ne fonctionnaient plus car on les avait utilisés les premiers moments des affrontements, et ils avaient été gravement endommagés par les rebelles qui s’y étaient retranchés.

Certaines bouches de métro avaient servi de fosse commune, et on y avait débarrassé à la hâte les corps qui jonchaient les sols après les batailles.

L’air y était irrespirables, et la vermine avait eut vite fait de prendre possession de cette manne inattendue.

Les aéroports ne fonctionnaient plus car les camions de réapprovisionnement en carburant ne pouvaient y accéder et de toute façon, les foules massées autour et dans ceux-ci en attente d’un ravitaillement aérien, en bloquait toutes les issues. Il aurait été totalement insensé de tenter quoi que ce soit avec un avion civil qui aurait été pris d’assaut par les gens sans aucun doute.

Quoi qu’on ait put penser des humains avant les événements, on avait maintenant la preuve que rien ne pouvait plus les discipliner, et que la seule loi de raison qui s’appliquait était celle du plus fort ou du plus fourbe.

Pas question de parler de civisme ou d’entraide.

Dans les villes, au sein du même palier ou l’on ne saluait pas son voisin avant la crise, ou l’on faisait mine d’entrer dans un ascenseur vide quand il y avait déjà des gens dedans, ou entassés dans les transports en commun corps contre corps, on abordait son air le plus détaché sous entendant : « Ceci n’est que mon corps, je suis injoignable et sous messagerie ».

Dans une société des hommes ou, au contraire des animaux sociables (avec lesquels on avait tendance comparer les humains des villes - fournis, abeilles…), l’intérêt personnel primait sur l’intérêt collectif des milliers, parfois de millions de ses contemporains, il était impensable qu’une catastrophe rapproche les vivants plus qu’elle ne les sépare.

Peux d’humains se rapprochèrent, la majorité s’étripèrent.

Les gens avaient perdu leur raison, lobotomisé trop longtemps par les medias, les obligations et les interdictions, ils avaient perdu toutes capacités d’auto décision et de compassion.

Ils étaient anonyme, vides, morts vivants sans espoir de résurrection, stériles et arriérés.

Bête et méchants.

Les preuves de cette perte d’humanité se voyait partout, tenez, par exemple :

Au bord de la mer.

Les pécheurs qui revenaient du large après une saison de traque marine, les calles chargés du fruit de leur pillages méditerranéen ou atlantique, étaient pris d’assaut par les habitants des ports (qui avaient déjà massacré les touristes afin que ceux-ci ne consomme les rares produits qu’il y avait à manger).

Affamés et traumatisés par les événements des derniers jours, portant sur leurs visages des marques de sang ou des cicatrices dues au combats générés par le stress et la sensation d’abandon (et d’impunité), les côtiers abordeurs des ports, à force de bousculades pour monter sur les bateaux, de sauvagerie, de cris en coups, en poignées de cheveux arrachées et en croche pied, la bouche écumante et les vêtements en loque, indomptables animaux dégénères, finissaient par détruire la précieuse marchandise avant qu’elle ne soit débarquée et souvent, dans leur rage, ils abimaient les bateaux qui ne pouvaient plus reprendre la mer, s’ils n’étaient pas volés par quelques petits malin qui allaient s’échouer par inexpérience sur les récifs ou se briser contre les hautes lames.

Des centaines de chalutiers mis au courant via leurs C.I.B.I.E. tentaient de rester en mer le plus longtemps possible, mais à la pensée de leurs familles dans la tempête sociale qui résignait, ainsi que le manque d’eau douce dans les réserves des bateaux, les obligeaient à toucher terre et à ce moment, se sentant perdus face à l’agglomérat de littoraux affamés, les marins sautaient par-dessus bord pour échapper aux nuées d’hommes et de femmes armés qui les guettait sur toutes les cotes, et les abordaient à partir d’objets flottants comme des pédalos, des matelas gonflables, des chambres à air ou des radeaux de bidons.

Plus de route, plus de train, pas d’avion, des voies hier navigables, encombrées de déchets et de corps, plus de bateaux…

Pas de téléphone, de courrier, de police, de gendarmerie ou d’armée.

Pas de pompiers ou de S.A.M .U. des hôpitaux ravagés, des maisons de retraites abandonnées à leurs pensionnaires grabataires, des prisons transformées en mouroir et aux portes condamnées, pas d’information, pas d’argent, aucun moyen de sortir des villes par voies mécaniques.

Il ne restait plus aux courageux que de prendre un balluchon, de se le mettre sur l’épaule, et de partir à pied à travers la ville en flamme et en ruine, tout en faisant attention de ne pas se faire attaquer par un urbain affamé et armé.

Les rues étaient jonchées de déchets et de corps en putréfaction couverts de mouches, et les voitures renversées finissaient de se consumer dégageant une fumée noire et une forte odeur de plastique brulé. Les tours brulaient, fumaient pour les plus avancées, à certains endroits, le sol fondait sous la chaleur des incendies sous terrains.

Les bouches d’égout avaient été arrachées pour servir de projectiles, toutes les vitrines étaient cassées, et les magasins vidés. Il ne restait pas un morceau de verre entier aux fenêtres.

De temps en temps, on entendait le bruit sourd d’un immeuble qui s’effondrait, ou d’une bouteille de gaz qui explosait.

La belle banque qui faisait la fierté de la rue était en feu, dévastée, les guichets avaient été arrachés et jetés dans les rues, piétinés par les manifestants mecontents, et brulés comme le trône de Louis Philippe.

Le commissariat de police n’était plus qu’un tas de cendres.

Une ambiance de guerre sans nom et sans ennemi régnait sur la ville.

Vincent Boisseau quittait la ville. Il se retournait une dernière fois et regardait le café « Flore » ou il y avait trois jours maintenant, il s’était attablé avec ses amis commandant tournées sur tournées, riant et blaguant avec le boucher et l’épicier qui se plaignaient de voir arriver le mois d’aout et partir les clients. Les deux commerçants râlaient parce que leur stock resterait sur les étagères pour l’épicier, et qu’il faudrait ouvrir pour peu de client, disait le boucher.

Les étals n’étaient plus qu’une ombre noire dans un immeuble mangé par les flammes et les clients étaient étripés.

Où était le boucher ?

Ou était l’épicier ?

Et les amis ?

Le serveur ?

La blonde du comptoir avec sa verrue sur le nez ?

La marchande de fleur ?

Le clochard ?

L’enfant à la trottinette et la grosse dame au landau qui passait fièrement une tétine dans la bouche ?

Il fallait bien connaitre le quartier pour pouvoir le reconnaitre aujourd’hui, pour affirmer qu’il y a trois jours, il y avait de la vie ici, que chacun vaquait à ses occupations que les gens se saluaient, qu’il y avait des rires sur cette terrasse.

Partout, les gens avaient coupé les arbres pour se chauffer le soir et surtout pour cuire la nourriture. Les gens avaient brulé tous leurs meubles.

Malgré le traumatisme que cela représentait on commençait à bruler les livres.

En quatre jours, tout ce qui était vivant fut mangé.

Les plantes, les feuilles des arbres, les poissons dans les aquariums, les animaux de compagnie, chiens, chats, hamsters, insectes, les cygnes les canards des jardins publics, les pigeons, les souris, les rats que l’on arrivait à piéger.

Sur les murs, quelques affamés grattaient les mousses et les lichens pour se faire un bouillon.

Dans les villes portuaires, les gens ramassaient les algues, les coquillages, les crabes et les oiseaux de mer qu’ils arrivaient à attraper.

Des millions de personnes s’étaient jetées sur la nourriture par crainte de famine et, dans les nombreux heurs qui eurent lieu, un bon quart de celle-ci fut détruite sans pouvoir être consommée, un autre quart ne se conserva pas hors des congélateurs, chambres froides ou réfrigérateur (viande, poisson, fruits et légumes) car maltraités par les vandales. Les produits moisirent rapidement et furent responsables de nombreux décès par empoisonnements alimentaire.

Le peuple était affamé et l’anthropophagie vint à l’idée de certains.

La nuit, on voyait des vagues entières de rats roder dans les rues des villes abandonnées, et si par hasard ils venaient à tomber sur un humain, il suffisait de quelques minutes pour qu’il n’en reste rien.

Les seuls êtres qu’on pouvait encore manger dans les villes étaient les chats de gouttières, les poissons des fleuves, Les oiseaux, les rongeurs, les mouches, les cafards et les humains.

Les humains étaient les plus faciles à attraper.

Et les humains commencèrent à s’entre dévorer.

Plutôt que de sortir des villes, les humains se regroupèrent dans des quartiers qu’ils transformaient en place forte ajoutant la misère à la misère et la maladie à la maladie.

En quelques heures les forces étaient passées entre plusieurs mains, le pouvoir s’était déplacé au rythme des moyens d’accession à celui-ci.

Les premiers à avoir le pouvoir furent ceux qui avaient des armes à feu mais ceux-ci, abusant de leurs munitions, n’avaient pas su gérer leurs stocks. Une fois la dernière balle tirée, ils étaient attaqués par ceux qu’ils avaient assujettis à leur despotisme.

Puis ce fut le tour des hommes armés de couteaux, d’épées, de sabres, de faux, et de tout ce qui pouvait devenir une arme.

C’était finalement eux les plus dangereux et les plus violents, car les combats étaient frontaux, en corps à corps, et finissaient en bain de sang.

Les balles avaient été vite usées car les hommes et les femmes sous alimentés ne se laissait pas impressionner à la vue d’une arme à feu. Rien ne leur prouvait, tant que l’autre en face n’avait pas tiré, que l’arme fût chargée.

Dans les campagnes en périphérie des villes, on ne trouvait pas d’eau potable. Il n’y avait, pas plus qu’en ville, d’électricité ou d’énergie pour alimenter les grosses pompes des châteaux d’eau. Les récoltes étaient terminées, une grande partie déjà vendue et loin, l’autre était ensilée et protégée avec hargne.

La pluie était venue et cinglait les corps affamés. Les nuits étaient fraiches et une fois le soleil couché on entendait plus que des râles et des pleurs.

Parfois, dans la nuit, on entendant des aboiements excités d’une bandes de chiens rapidement retournés à l’état sauvage à la poursuite d’un rodeur, d’un échappé de la ville qui avait trop tardé, qui n’avait pas suffisamment bien évalué les risques encourus ou qui s’était égaré.

On entendait quelques cris de souffrances mélangés aux aboiements des chiens, puis un grand silence, les chiens arrêtaient d’aboyer, ils mangeaient, c’en était fini.

Partout les canaux naturels ou artificiels se bouchaient de corps en décomposition ou d’objets flottants.

Les rivières s’embarrassaient et de petits barrages se formaient. Sous le poids de l’eau accumulée, les digues cédaient, les grandes plaines s’inondaient et les surfaces cultivables détrempées sous un à deux mètres d’eau retournaient à leur état naturel de bourbier.

L’eau en mouvement, sortie de son cours naturel, cherchait une issue pour continuer sa route inexorable vers l’océan mais chaque fois que le courant trouvait une issue, les matériaux charriés, les corps d’humain ou de bétail, bouchaient l’accès, et l’eau sans fin déversée en amont s’accumulait de plus en plus et devait à nouveau chercher une autre issue.

Sous l’action de l’élément lâché par tonnes des barrages obstrués qui cédaient, les villages s’écroulaient et les installations riveraines étaient emportées par les coulées de terre et de roche.

On avait tellement bridé les rivières, retenu et canalisé leurs flux, gagné mètres âpres mètres à coup d’enrochement et de comblement bétonnés dans les lits en zones industrielles, artisanales, en logements sociaux ou résidentiels, en stades de foot ou campings que, lorsque les rivières reprirent possession de leurs cours ancestraux, elles emportèrent avec elles tout ce que les humains y avaient installé. Les ateliers et leurs machines, les véhicules, les maisons avec leurs meubles et leurs habitants, tout était projeté dans des vagues marron.

Sous l’action de ces débris propulsés avec force par les flots déchainés, les ponts cédaient, les barrages s’éventraient, les routes riveraines étaient emportées et, avec eux, la possibilité de voyager de rives en rives en sécurité.

Dans les vallées encaissées de montagne, la force dégagée par la rupture des barrages fut telle, que les villages lovés au fond des vallées furent rayés de la carte et les routes soutenues par les soubassements maçonnés dans le cours des torrents furent emportées par la force d’érosion.

Il ne restait plus qu’aux habitants des villages rescapés que les chemins muletiers qui serpentaient dans les montagnes, seulement, il y avait bien longtemps qu’on n’avait pas vu une mule y poser ses sabots.

Dans les villages qui n’avaient pas subit des dégâts des eaux, les campagnards, les agriculteurs et les villageois s’organisaient pour défendre leurs cultures et leur bétail.

Il y avait assez de nourriture dans les silos pour tenir jusqu’à la prochaine récolte, seulement la majorité des graines qui étaient entreposées était des hybrides, et la réserve de semences fertiles (pléonasme) était basse.

Ceci ne rentrait pas dans les priorités urgentes.

Cependant, les paysans regrettaient amèrement désormais de s’être laissé voler leurs trésors.

Ce qu’il fallait en priorité, c’était s’organiser pour se protéger des urbains à seulement quelques kilomètres.

On utilisa les machines agricoles pour élever des barricades et creuser des tranchés. Les ruraux se repliaient sur eux même, prévenant l’arrivée des citadins affamés.

L’organisation des repas pris en communauté et l’élection de responsable pour gérer les stocks animaient les conversations, pendant que toutes les forces étaient mises à profit pour organiser la défense, tout en veillant à ne pas tomber dans la paranoïa.

Ce fut malgré tout l’occasion de règlements de compte entre clans ennemis depuis toujours, mais les quelques coups de fusils qui retentirent ne furent le centre des préoccupations de personne.

C’était un peu plus de nourriture pour les autres.

Ce furent les plus anciens qu’on désigna responsable de l’organisation des groupes de défense, car certains très âgés avaient encore en mémoire les souvenirs de ce qu’on leur avait raconté de la guerre et du maquis, les temps difficiles de la pénurie et du ravitaillement.

Leurs conseils étaient vivement écoutés.

Toutes les volontés et ressources étaient mises à l’œuvre.

Les récalcitrants et les fainéants étaient purement et simplement expulsés du groupe ou abattus en place publique pour l’exemple. Il n’y avait pas de place pour les parasites.

Les sources étaient l’objet d’une protection particulière car elles n’étaient pas polluées et coulaient toute l’année. Tant qu’on pourrait y puiser de l’eau saine, on pourrait s’assurer contre les carences, la maladie et les risques sanitaires liés au cloisonnement.

Dans de nombreuses villes, les châteaux forts, bunker, vieilles villes fortifiées, citadelles, cathédrales, églises romanes, cloitres, monastères, étaient occupés par des groupes organisés.

Les cités qui possédaient des murailles comme les médinas des pays du moyen orient et du Maghreb étaient bouclées, et les habitants de celle-ci retranchés derrière les gros murs subissaient à grands frais les attaques des habitants de la ville nouvelle construite toute autour.

La citadelle de Carcassonne avait repris du service ainsi que quelques châteaux Cathares au sommet de pics vertigineux ou s’étaient refugiés des bandes ou des familles.

Les gens s’étaient organisés autour d’un ou plusieurs chefs, parfois par rues pour les plus grandes cités.

Le chef était parfois la personne la plus sage du groupe mais plus souvent la plus cruelle et la plus armée.

Des tours de garde étaient mis en place depuis les murailles ou les sommets d’immeubles et on surveillait les assiégeants massés au pied de ceux-ci.

Il fallait montrer patte blanche pour pouvoir entrer dans les cités, patte jaune en Asie, patte noire en Afrique… Une certaine forme de dénigrement avait repris l’avantage.

Seuls les habitants d’un même quartier, d’une même famille, d’un même clan se soutenaient s’ils participaient à l’effort commun, les autres étaient abandonnés à leur sort, aux rats, aux chiens, aux affamés.

Les abandonnés devaient survivre par leur propres moyens ou faire preuve de capacité indispensable pour être intégré dans un groupe.

La plupart des clans étaient ethniques, linguistiques, religieux et chacun défendait dans l’intérêt collectif des positions stratégiques telles que des puits non pollués, des jardins ou des réserves.

Il ne fallut pas très longtemps pour que les épidémies entrent dans les places fortes, malaria, leptospirose (liée à l’urine de rats) dysenterie, grippe, cholera et les virus échappés des laboratoires pharmaceutiques massacrés par la foule, ravageaient les habitants dont les corps étaient débarrassés depuis les murailles.

Rapidement la peste fit son retour et partout les gens mourraient après s’être vidé dans d’atroces souffrances le corps couvert de bubons.

Tous les jours, les morts étaient si nombreux qu’on ne savait plus qu’en faire et au pied des murailles le tas en décomposition dégageait une odeur forte qui, portée par le vent, entrait dans les rues et semait la mort.

Dans les grandes villes, les morts furent jetés dans les parkings souterrains ou les bouches d’égouts, les couloirs de métro, jetés en fosse commune un peu partout sans être recouverts de terre ni de chaux et des miasmes écœurantes envahissait l’air.

Sur les plages, les corps des littoraux jetés à la hâte dans la mer ou depuis les falaises ajoutés à ceux qui avaient été transportés par milliers dans les fleuves formaient un agglomérat, une masse difforme, semblable à un gros ver échoué, un improbable monstre marin composé de chair et de fibres textiles, animé de milliard et de milliards d’asticots qui se repassait de sa chair en décomposition ou s’acharnaient des oiseaux de mer, des mouches, des crevettes et des crabes.

L’odeur était telle que peux de gens, bien qu’affamés, arrivaient au bord du charnier pour cueillir les crabes sans avoir de haut de cœur ou succomber d’évanouissement avant d’être attaqué par les oiseaux qui préféraient la chair fraiche à la charogne.

On entendait les prédicateurs annoncer la fin du monde, lire l’Ézéchiel, l’apocalypse selon Jean.

Les évangélistes reprenaient à qui voilait l’entendre de demander secours à Jésus, les musulmans prièrent et imploraient le pardon de dieu, les juifs se cachaient victimes une fois de plus de leur identité.

Il avait fallut moins d’une semaine pour faire un bond en arrière de plusieurs milliers d’années.

Environs deux milliards de terriens étaient morts, en premier les plus vieux puis les handicapés, les faibles, les enfants, les pacifistes…

Vu d’en haut la terre ressemblait à un énorme ossuaire puant, grouillant de vers et débordant de mouches.

Dans un lieu tenu secret une bande de chercheurs se réunissait pour faire le point.




Chapitre XVIII

Chapitre XVIII

-Le point de chute-

Dans un quartier un peu à l’extérieur de la cité, un groupe s’était constitué de moins violents que les autres.

Ils s’étaient retrouvés à l’hôpital, chacun porté par les chemins de l’adversité, les petits ruisseaux de la destiné, la main invisible du hasard.

Quelques uns étaient déjà là avant les incidents, d’autres en étaient victimes, mais tous avaient ce point commun qu’ils avaient refusé de rentrer dans le moule qui voulait qu’on se forme à la folie, qu’on ne vive désormais que comme un prédateur ou une proie, qu’on fasse de son étoile la violence aveugle.

Rencontrons les, observons les pendant qu’ils mangent.

Tous d’abord, nous rencontrons celle qui sourit et qui parle le plus.

Elle se nomme jeanne Boulin.

Après les heurs des derniers jours au siège de la grande banque, Jeanne, employée comme secrétaire de direction, avait été évacuée sur l’hôpital par l’armée pour faire soigner les plaies superficielles mais nombreuses qui couvrait son corps pris à parti par les manifestants.

Une fois soignée, elle avait quitté l’hôpital pour rentrer chez elle.

Deux jours plus tard, elle errait hagarde dans la ville, ses habits déchirés, sans boire ni manger.

Depuis une fenêtre de l’hôpital, Paul Pingeant, médecin chef au service des urgences, perdu dans ses pensées, attristé du spectacle de la ville en feu d’où s’élevaient de lourds nuages noirs, conscient que le service des urgences qu’il dirigeait n’en avait plus pour longtemps car le matériel venait à manquer et que les coupures d’électricité qui devenaient de plus en plus régulières empêchaient les appareils de fonctionner correctement, avait vu Jeanne et il était parti à sa rencontre.

Elle était incapable de dire depuis combien de temps elle n’avait pas dormi ou mangé.

Elle se laissait porter par les rues car elle n’avait pas d’endroit ou aller et, traumatisée par les événements, elle tournait en rond dans le quartier entre son adresse personnelle, le siège de la banque et l’hôpital.

Lorsqu’elle vit Paul elle eut peur qu’il l’attaque et il fallut qu’il use de toute sa force de persuasion pour qu’elle comprenne qu’il ne lui voulait pas de mal et qu’il était médecin.

Après les soins, Jeanne resta à l’hôpital pour aider les gens mais aussi parce qu’elle n’avait nulle part ou aller. Son appartement avait brulé en même temps que l’immeuble au bas duquel il y avait un mini-marché qui avait été pillé puis vandalisé et finalement détruit par le feu.

Jeanne Boulin avait fêté ses 28 ans il y a quelques semaines. C’était une femme d’un naturel sensible et attentionné, elle jouait du piano et de la flute, elle aimait peindre des extérieurs et était membre de nombreuses associations.

Du haut de son mètre soixante, elle débordait d’une énergie qui était agréable pour ceux qui la côtoyaient.

Elle avait rapidement repris son bon sens. Sa présence et sa disponibilité était appréciée par Paul Pingeant et tous les gens qui s’étaient refugiés à l’hôpital qui semblait, mystérieusement, le seul endroit que les vandales ne venaient pas attaquer.

Voici Fréderic Ducas qui est quant à lui à l’hôpital depuis quelques jours à cause d’une grave insolation qu’il a attrapé sur Paris-plage.

Pourtant originaire du sud de la France, donc habitué au soleil, ce grand gaillard bien bâti à la constante barbe de trois jours entretenue avec un soin maniaque, n’avait pas résisté au soleil Francilien.

Mentonnais de port, il avait pris l’habitude de quitter sa ville quand celle-ci était envahie par les touristes.

Grand voyageur, il parcourait le monde depuis sa majorité, un simple sac à dos pour tout bagage, sa « maison sur l’épaule » comme il avait coutume de dire.

A trente trois ans, il avait une vingtaine de pays à son actif. A chaque fois il aimait visiter les capitales et s’y imprégner en y restant au moins deux moins contait-il. Il parlait une dizaines de langues et connaissait par cœur six alphabets différents. Il pouvait raconter pendant des heures des histoires venues des peuples indigènes d’Asie, d’Afrique d’Océanie, d’Amérique du sud, des montagnes du piémont et encore et encore…

Par ailleurs, c’est le conte qu’il utilisait comme moyen de survie dans ses périples.

Le soleil de Paris l’avait assommé, et il s’était retrouvé aux urgences mourant, fiévreux, et victime d’importants saignements de nez.

Amateur de plongée sous-marine et marin lui même, il n’en était pas à sa première insolation, mais il s’obstinait malgré ses cheveux blonds à ne pas porter de casquettes car il considérait l’objet « trop ostentatoire d’un mode de vie qui ne lui ressemblait pas » sic.

Il faisait tellement de malaises au cours de ses périples qu’il aurait put écrire un guide touristique des hôpitaux du monde.

« Tète dure » comme le surnommait sa famille ou « Cabochard » comme disaient ses amis (toujours suivi de « mais gentil garçon »), il s’obstinait à ne pas se couvrir la tète, les chapeaux laissant une marque sur les cheveux.

- C’est pour rencontrer des jolies femmes en blouse blanche, avait il déclaré à Claudine Lamart qui lui demandait pourquoi il ne prenait pas un minimum de précautions.

L’infirmière chef avait bien ri de sa réponse et une amitié s’était établie entre eux deux.

A chacune de ses pauses, Claudine avait pris l’habitude de venir passer un moment avec Fred.

Il lui racontait ses voyages ou une fable, ainsi que les observations qu’il avait faites dans les hôpitaux au bout du monde.

Bien que ce soit interdit, elle ouvrait la fenêtre de la chambre et ils s’en « grillaient une petite » avant que Claudine ne retourne à son travail.

Fred devait quitter l’hôpital ce dimanche, mais comme la catastrophe était survenue, qu’il n’avait pas d’obligations et que la panique régnait dans les couloirs surchargés de blessés, il avait proposé de prêter main forte, et Claudine l’avait intégré dans une équipe pour pousser des chariots ou clamer ceux qui perdaient leur sang froid, qu’ils soient visiteurs ou blessés.

C’est comme cela qu’il rencontra Denis Belon et Agathe Brian.

Cette dernière était en transe quand elle arriva à l’hôpital. Elle accompagnait son fiancé qui venait de se faire attaquer dans la rue alors qu’ils revenaient d’un supermarché ou ils étaient allés faire des provisions comme les autres.

Ils avaient échappé à la cohue qui régnait dans le centre commercial et réussi à remplir leur sac de provision, puis s’étaient extirpés du magasin avant la bataille.

Ils marchaient au bord de la rue quand un homme surgit de nulle part les avait attaqué armé d’un râteau et le résultat n’était pas beau à voir.

L’homme avait essayé d’attaquer Agathe mais Bernard avait fait rempart de son corps.

Il était percé de nombreux trous et les dents acérées du râteau avaient déchiré sa chair et ses vêtements.

Ses blessures profondes mettaient ses os à vif ainsi qu’une partie de son crane.

Ses cheveux collés de sang et de chair pendaient sur le coté de son visage déchiqueté, et ses mains étaient découpées comme si ses doigts prenaient naissance à ses poignets.

Paul Pingeant passa plusieurs heures à essayer de le sauver mais son corps était trop gravement mutilé.

Il aurait fallut une équipe complète de chirurgiens, du sang en quantité et de nombreux appareils pour pouvoir faire quelque chose de viable.

En toute conscience de son acte, Paul pingeant injecta dans le corps inconscient de Bernard une très forte dose de chlorate de morphine et Bernard mourut sans douleur.

Nombreux sont ceux qui auraient aimé mourir comme lui.

Pendant que Bernard mourrait loin des regards, Agathe révéla à Fred qu’elle était enceinte et que Bernard ne pouvait pas la laisser seule.

Lorsque Paul annonça la nouvelle du décès à Agathe, celle-ci s’écroula sur le sol bouleversée.

Son corps fut pris de spasmes et on dut passer plusieurs heures pour la calmer et l’empêcher de commettre l’irréparable.

Denis Belon était arrivé jusqu'à l’hôpital par une bonne action. Il fut la seule personne qui ait aidé Agathe et Bernard en les conduisant à l’hôpital à bord de sa moto side-car. Il était au coté d’Agathe et l’aidait de son mieux.

Il les avait trouvé tous les deux dans la rue pendant qu’Agathe essayait de trainer Bernard mourant.

Ils avaient chargé le corps de Bernard dans le side-car et Agathe était montée derrière Paul sur la moto.

Denis avait décidé de quitter la ville et avait rempli le side-car de bidons d’essence mais, à la vue d’Agathe et du blessé, sa conscience lui interdit de ne pas les aider.

Il s’en serait voulu jusqu’à la fin de sa vie.

Il décida de faire un crochet pour les déposer à l’hôpital avant de prendre la route.

Finalement, une fois le corps de Bernard déchargé et devant le désespoir d’Agathe, il avait décidé de rester un peu pour savoir comment allait progresser l’affaire.

Quand il était redescendu pour repartir avec sa moto, il s’aperçu qu’on lui avait volé ses bidons et que la moto était endommagée par ceux qui avaient essayé de la démarrer. Il tenta de la réparer mais les dégâts était trop importants, de plus les voleurs avaient percé le réservoir d’un coup de tournevis pour récupérer l’essence qui était dedans. Il ne pouvait pas aller plus loin que là ou il était actuellement.

Denis Belon était ingénieur agronome spécialisé dans la protection et la conservation des légumes anciens.

Il s’était éloigné de son Larzac natal pour venir défendre la tomate noire de Crimée qu’une grosse entreprise avait détournée pour faire ses choux-gras, et dont elle avait déposé le code génétique à la propriété industrielle pour la fabrication en hybride de celle-ci.

Par le fait, elle s’était rendue propriétaire d’une plante de plus sur la planète.

Malgré les protestations des défenseurs de la nature, rien n’avait put faire fléchir les hauts fonctionnaires de l’état trop pressés de se débarrasser du dossier et, en quelques coups de tampons au profil de Monhat et une série de signatures impersonnelles et arrogantes sur les documents présentés par les groupes de pression de l’entreprise vampire, ils avaient retiré du monde libre une plante.

Il était temps pour eux désormais, les scrupules couverts du voile de la bonne conscience, d’aller dépenser leurs enveloppes vertes durement gagnées à la pointe du stylo, l’esprit tranquille du travail accompli, dans les stations balnéaires pour milliardaires ou la généreuse multinationale avait pris soin de réserver de luxueux appartements réglés d’avance pour eux.

La dernière personne à avoir rejoint le groupe était Valériane Adol.

Son entrée dans l’hôpital avait été remarquée, sinon remarquable.

Totalement nue, les épaules et les cuisses griffées, elle racontait s’être échappée d’un local ou elle avait été enfermée par un groupe de jeunes garçons qui avaient prévue de l’utiliser comme un objet sexuel avant de la manger quand la nourriture viendrait à manquer.

Valériane était une vraie blonde au pubis finement épilé, elle mesurait environs un mètre soixante dix.

Sa poitrine était généreuse avec des tétons rosés et petits. Son corps était galbé et ses fesses prometteuses. Elle avait un visage de bonne proportion aux pommettes saillantes et aux lèvres pulpeuses, ses yeux étaient bleus.

Il est vrai qu’à la vue de cette jeune femme on aurait bien fait d’elle un objet sexuel (avec son consentement cela s’entend).

Ces garçons n’étaient pas si insensés que cela finalement. Mais la manger ! Quel dommage !

A première vue elle paraissait meilleure crue que cuite.

Elle était arrivée à l’hôpital après s’être caché plusieurs fois depuis la matinée.

Elle racontait avoir assommé un des jeunes garçons qui voulait tenter sa première expérience sexuelle sur elle, et qu'elle s’était enfui par une des fenêtres de l’immeuble dans lequel se trouvait le local où elle était enfermé.

Elle avait dut jouer de tous ses charmes pour encourager le garçon à la détacher.

Tout d’abord elle l’avait fixé droit sans les yeux puis fait glisser son regard sur le sexe du jeune homme.

Elle lui avait susurré toutes sortes de mots qui lui firent perdre le nord.

Avec tact, elle lui avait expliqué que pour le mener au plaisir, il fallait qu’elle puisse disposer des ses mains. Le jeune homme, tendu, le corps ardent, s’était laissé guider par la sirène.

Il s’était jeté sur elle et elle lui avait poussé la tête entre ses cuisses. Là, totalement soumit, n’ayant plus en tête que les effluves de la demoiselle, le jeune homme s’était laissé assommer sans plus de difficultés.

Elle avait voulu s’habiller des affaires de son geôlier, malheureusement il était trop frêle pour elle. Elle se résigna donc à quitter le lieu en tenue d’Ève, consciente qu’elle ne laisserait pas un male indifférent à ses atours.

Elle avait donc pris bien garde que personne ne la voit et que personne ne la suive.

Nue comme un ver, il lui était difficile de passer inaperçue.

Elle s’était dit qu’elle trouverait certainement une tenue moins voyante à l’hôpital.

C’était la plus jeune du groupe mais, malgré ses vingt cinq ans, elle était diplômée d’université et entamait une carrière de généticienne dans le domaine de l’élevage.

Ses passions étaient la sculpte, la randonnée pédestre, l’astrologie et la danse.

Elle avait décroché un contrat dans une des plus célèbres associations écologiste du monde et son travail devait être de vérifier que les animaux que les « usines à viande » donnaient à manger aux gens étaient encore « naturels ».

Au moment ou nous les rencontrons, Ils sont tous regroupés en défense dans une aile de l’hôpital. Il n’y avait plus d’électricité et il n’est plus possible d’accueillir des malades.

Dans la pièce ou ils sont, ils ont regroupé la nourriture en sachet destinée aux anorexiques qu’ils avalent à contre cœur, et ils se racontent leurs épopées, leurs rêves brisés et leurs espoirs. A ce moment, il y eut le bruit.

- C’est quoi ce son ?

Le bâtiment se mit à trembler.

- Il faut sortir de l’hôpital ! dit Fred.

Les murs se fissuraient et ils sentaient le bâtiment vibrer de plus en plus fort, les murs commençaient à se fissurer.

Ils prirent tout ce qu’ils pouvaient le plus vite possible en improvisant des balluchons de fortune avec des draps, et s’enfuirent en courant dans les couloirs encombrés de lits et de chariots jusque dans les escaliers déserts. En moins d’une minute, portés par la terreur, ils se trouvaient à l’air libre sans armes pour se défendre, proies faciles pour n’importe quel groupe affamé et combatif.

A nouveau le bruit sourd.

Il était lointain mais distinct des sons de la ville qui s’écroulait depuis plusieurs jours.

A plusieurs kilomètres d’où ils étaient, ils virent dans le ciel se développer un grand nuage à l’allure synthétique qui semblait se former seul et à grande vitesse.

- Regardez ! On dirait un nuage nucléaire !

- Quelqu’un a jeté une bombe atomique !

La vibration se sentait dans le sol et bientôt, ils eurent la sensation qu’une onde les traversait.

- Qu’est-ce que l’on va faire ? Nous allons mourir !

- Il faut trouver un abri !

- Vite, suivez-moi, il y a un abri sous la banque ! Cria Jeanne Boulin en partant en courant.

Immédiatement, tous abandonnèrent leurs affaires les plus lourdes et partirent en courant à sa suite.

Ils coururent aussi vite qu’ils purent pendant que la ville vibrait autour d’eux.

Les murs tremblaient et un grondement sourd montait depuis la terre comme si la ville pouvait tomber dans la seconde.

Plus ils couraient, et plus autour d’eux la ville s’ouvrait. Les canalisations se rompaient et les rares encore sous pression crachaient leurs contenus en geyser.

Les fils électriques tombaient avec les lampadaires et les quelques vitres des étages qui étaient encore entières éclataient.

Les morceaux de verre se rependaient en une fine pluie de milliers de petits diamants qui brillaient dans le soleil. Lui filait à l’horizon comme pour ne pas voir la catastrophe qui s’annonçait.

Le ciel était menaçant, un œil noir tourbillonnant de nuages épais semblait observer la ville. La masse cyclonique était gigantesque et le ciel semblait un être surréaliste dans une colère démoniaque.

Les gens sortaient des immeubles en hurlant de terreur.

Les vents soufflaient des quatre points cardinaux en même temps.

Ils couraient au milieu de cette démonstration de force céleste dans l’espoir d’un abri.

Inutile de tenter quoi que ce soit pour le monde, les autres, il fallait seulement chercher à se protéger.

Pas se mettre à couvert non, se protéger, disparaitre, se terrer, se cacher, de quoi ?

Du climat ?

De l’orage ?

De la colère du ciel ?

De dieu ?

De dieu oui.

Cette idée traversa l’esprit agnostique de Paul Belon,

De dieu, le ciel était irréel comme en colère, on sentait qu’une force surnaturelle le dirigeait.

- « De dieu non bien sur, se reprit Paul. Tout ceci n’est que le résultat de conditions climatiques extraordinaires, pour les petits humains que nous sommes tout ceci parait démesuré, irréel, mais c’est juste une réaction au niveau de la nature, une tempête comme les chasseurs de tornades en ont toujours fantasmé dans leurs rêves les plus fous ! ».

Juste une tempête.

Chapitre XIX

Chapitre XIX

-La tempête annoncée-

Ould Ahmed était content, il avançait grand train.

Le soir, en regardant les étoiles, il pouvait se rendre compte de sa progression.

Il avait un bon pas et ne rencontrait pas de problèmes au quotidien.

Cela faisait plusieurs semaines maintenait qu’il marchait et, bien que légèrement amaigri, il conservait une bonne forme et ses chameaux aussi.

Malgré ce qu’il avait imaginé, il ne voyageait pas si souvent seul car régulièrement, les hasards du voyage avait placé des compagnons sur sa route.

Ils s’accompagnaient un jour ou deux, Ahmed se forçait parfois à un détour pour saluer les familles installées avec leurs troupeaux près d’un point d’eau ou d’une route.

Plus que jamais Ould Ahmed se sentait Sahraoui plus que Mauritanien.

Bien que séparés par l’histoire et la politique, lors des échanges de généalogie, ils se trouvaient toujours un lien de parenté au plus loin qu’ils pouvaient remonter.

Un vague cousin, un parent très éloigné faisaient que finalement au bout de la discussion, on se trouvait toujours des racines communes parmi les grandes caravanes qui sillonnaient le désert avant qu’on y pose des frontières invisibles.

Les routes qu’il empruntait n’étaient jamais vraiment désertes et régulièrement il croisait des nomades avec leurs troupeaux et toutes leurs affaires.

Les longues caravanes s’annonçaient au loin par le nuage de poussière soulevé par les animaux, puis il apercevait les chameaux de tête chargés des khaïmas et des chefs, des affaires des familles, des aliments, des bidons d’eau.

Posées à l’envers sur les chameaux, étaient installées, les tables en bois d’ébène aux pieds sculptés de motifs géométriques et liées par des bandes de cuir.

Dans celles-ci, bien installées dans un amas de tissus et de coussin, se trouvaient des corps généreux, emmitouflées de voiles indigo, la femme et les filles de la famille telles des reines des fourmis.

Leur obésité traditionnelle les empêchait de marcher et elles étaient le centre de tous les soins et de toutes les attentions.

Les hommes enturbannés veillaient au bon déroulement de la transhumance et réglaient le pas des chameaux attachés les uns avec les autres par la queue et l’anneau de la narine.

Derrière, suivaient les chameaux faibles ou trop jeune pour avoir des charges et un jeune chamelon tentait de téter sa mère tout en marchant, il s’emmêlait les pattes et les hommes riaient.

Les ânes bâtés et lestés de colis, encadrés par d’autres hommes et les chèvres et moutons, fermaient la marche encouragés à ne pas quitter la caravane ou s’arrêter par les bergers équipés de badines, et les chiens jaune couleur du désert.

Voyant arriver cette armada dans sa direction, Ould Ahmed entrava rapidement ses chameaux et sa chamelle, car d’expérience, il savait que le risque de ce genre de confrontation est souvent la difficulté de contrôler les animaux qui se croisent et qui veulent se rencontrer.

D’instinct, ils repèrent une nouvelle chamelle et le risque qu’un male de l’autre troupeau s’amourache d’elle et s’excite peut conduire en une bagarre entre les animaux et parfois la mort d’un chamelier.

Il força les chameaux à se coucher et leur attacha les pattes de telle façon qu’ils ne puissent pas se lever, puis il se rendit à pied à la rencontre des transhumants pour montrer qu’il n’était pas armé, ami, et échanger avec eux les salutations des gens du désert, Maures, Touaregs, Sahraouis…

Ce peuple unique qui avait comme pays le desert (Maroc, l’Algérie, La Tunisie, L’Égypte, la Mauritanie, le Mali, Le Tchad, l’Éthiopie des lacs de sel, le Yémen et le Soudan) et comme villes le commerce (Tombouctou, Marrakech, Tindouf, Agadès, Le Caire, Souk al Melh, La Mecque et faisait la route pour commercer parfois jusqu’à Pékin).

- Es-Salaam alekoum

- Malekoum es salam

- Yak el kher ?

- Machala

- Yak lebes ?

- Machala amboullah

- Ctarevikk ?

- Lher machallaah amdoullah

- Yah mao chakchi ?

- Amdoullah machallah lher el amdoulillah

- Trek zeine ?

- Machalah zeine amdoullah…

- … Des salutations sans fin dans lesquelles les mots se mélangent et ou les informations bondissent de qui es tu ?, à qui je suis, d’où je viens et toi ?, l’eau, les pistes, d’autres rencontres plus en amont, la position d’un puits et la qualité de l’eau, dieu, des dictons, la généalogie…

Salutations raccourcies par le prix de la minute des téléphones portables de notre société moderne et deshumanisante.

L’invitation à un verre de thé inévitable fini par apparaitre dans les salutations, et la longue caravane s’immobilise.

Les filles jettent un coup d’œil à travers de leurs voiles pour jauger ce jeune homme bien courageux de voyager seul, quelques murmures, des rires étouffés…

Les hommes décrochent une natte et l’installe à l’ombre d’un chameau chargé, on s’installe, et rapidement les quelques charbons tenus en réserve dans un petit brasero sont débarrassé de leur couche de sable, un jeune garçon aux traits négroïdes s’installe avec tout le matériel et souffle sur les petites braises, la théière est posées sur le feu reactivé, la préparation du thé est lancée.

Après avoir versé une poignée de thé vert haché dans une petite théière, le jeune homme le rince pour en retirer les impuretés puis il infuse le thé dans un peu d’eau.

Le premier jus est jeté.

A nouveau le thé est remit à infuser.

Après quelques minutes, pendant que les hommes se parlent, un peu de thé est réservé dans un verre avec du sucre.

Le jeune garçon remet de l’eau dans la théière et l’abandonne sur la braise.

D’un geste sûr il fait passer le thé qu’il a réservé d’un verre à l’autre jusqu’à ce que le thé se mette à mousser.

Dix fois, vingt fois, trente fois, autant de fois qu’il le juge utile, le thé passe d’un verre à l’autre avec précision.

Le jeune garçon assit à la manière d’un scribe, vêtu d’un draah bleu taché par la marche et le contact des bêtes, travaille son thé qui chante sous ses doigts et diffuse son arome dans le désert.

A coté de lui se trouve une petite cuvette qu’il utilise pour rincer les verres ou ses doigts.

Quand la théière déborde c’est que le thé est prêt.

Les six verres sont bien remplis de mousse.

Le garçon oxygène le thé de la théière puis sert les verres.

Diamant, le thé vert dans la boite noire, celui qui fait sa publicité avec un pauvre nomade et sa femme, leur âne pauvrement chargé de leur mince bagage, ils partent vers l’inconnu avec un arrière plan désertique et plat.

La photographie est soulignée du slogan : « Diamant le thé qui rend la vie plus douce ».

La boisson est prête à être partagée, un fond de verre couronné de mousse et la petite théière suffit pour que tout le monde ait la sensation chaude et sucrée dans la bouche et l’effet tonique du thé dans le corps.

Les discutions vont bon train et un « chibani » à la barbe bien blanche s’approche d’Ahmed.

Son visage est profondément marqué de rides et ses yeux sont presque blancs, mangés par le soleil et la réverbération, ses poignets sont tordus d’arthrite et il a la voix basse. Il s’étonne de voir Ahmed seul dans le désert.

- Pourquoi te caches-tu ?

- Je ne me cache pas l’homme.

- Un homme seul dans le désert se cache.

- Non ancien détrompe toi, je ne me cache pas, je vais faire mon Hajj, parent.

- Fais tu le salat ?

- Oui l’ancien

- Le jeûne du mois de ramadan ?

- Bien sur vieil homme.

- Verses-tu le zakât ?

- Cela va de soit grand-père.

- Es tu près au jihad ?

- S’il le faut pour Allah et le prophète, que les bénédictions de dieu soit sur lui, oui el hadj

- Tu es bien courageux de voyager seul.

- Je ne suis pas seul, il ya dieu et son prophète, que son nom soit béni, et puis il y a vous et tout les frères que j’ai rencontré pendant mon voyage.

- Nous avons grand plaisir de rencontrer un homme comme toi Ould Ahmed, Accepterais-tu de partager notre repas et cette nuit avec nous sous la khaïma de nos pères ?

- Je ne voudrai pas vous retarder mes amis.

- Nous avons tout notre temps, les animaux ont bu ce matin et nous avons bien avancé aujourd’hui nous allions poster notre campement près d’ici.

- Et bien d’accord, j’accepte de bon cœur votre hospitalité. Seulement j’ai une chamelle avec moi et je ne voudrais pas qu’il y ait de problèmes avec vos chameaux.

- Tu n’as qu’à nous suivre à bonne distance et quand tu auras déchargé tes bêtes, nous les laisserons se mélanger, ils régleront bien leurs affaires tout seul et qui sait, tu pourrais peut être gagner un chamelon dans la nuit.

- Ce serait un grand plaisir pour moi que de garder un souvenir si précieux de notre rencontre.

- Très bien alors allons-y !

Le jeune garçon range son matériel et donne l’eau utilisée pour laver les verres, le thé et ses mains à boire à son ânesse.

La caravane s’ébranle au milieu des grognements et des camouflets envoyés par les chameaux en directions des humains.

Sous les invectives des chameliers, la caravane reprend le pas et une demi-heure plus tard les bergers déchargent les bêtes et l’on monte le camp pour la nuit.

Les hommes ont vite fait de délester les animaux de leurs charges et, en moins d’une heure, le camp est monté et le feu est déjà bien allumé.

Les animaux s’éloignent en petits sauts du fait de leurs pattes entravées.

La grande tente commune fait près de cent mètres carrés et est soutenue par deux grands poteaux placés en V inversé. Une autre tente est montée pour les femmes et une pour les cuisines. C’est là que dorment les bergers et les serfs aux allures négroïdes et à la peau sombre.

Certains bergers iront dormir près des bêtes pour chasser un éventuel prédateur attiré par les odeurs des jeunes agneaux.

La tente commune est décorée d’un grand motif géométrique en forme de croix du sud aux couleurs éclatantes ou se marient des motifs fleuris et géométriques. L’extérieur de la tente présente un grand motif brodé en forme de croix richement décorée de couleur bleue,

Les quelques acacias qui rythment le paysage sans dune sont vite pris d’assaut par les chameaux aux lèvres insensible à leurs épines, et de nombreuses agates jonchent le sol ou se trouve aussi un grand nombre de silex portant des traces de taille.

A nouveau, le jeune garçon s’installe pour finir de préparer les deux verres de thé de la rencontre.

On entend le râle gargouillant du mouton qui a été sacrifié en honneur de l’invité, et la grande cocotte est mise sur le feu pour faire chauffer l’eau du riz.

Qu’il est bon de se retrouver sous la tente…

Un silence emplit de satisfaction plane sur les tètes.

On entend les filles qui rient, le son du thé qui mousse et les verres qui sont posés sur le plateau métallique.

Les enfants jouent avec un scarabée curieux venu visiter la khaïma.

Dans l’attente des verres de thé, les hommes se laissent bercer par le silence, ou s’occupent de leurs pieds meurtris par la longue marche, certains se sont laissé entrainer dans une sieste réparatrice.

Le soleil descend sur le désert et un vent frais se lève.

Les verres de thé réveillent les assoupis.

A la fin du troisième verre, les hommes se regroupent en rond. Une calebasse passe d’un homme à l’autre pour se laver les mains (chacun verse l’eau sur les mains de son voisin en une juste dose), l’eau récupérée sera donnée aux bêtes.

Le plat à manger arrive sur la natte placée entre les hommes.

L’ancien donne à Ahmed les boyaux de la bête et les abats (Foie, cœur…) comme signe de respect de bienvenue.

Les hommes mangent goulument directement avec les mains dans le plat et, à la fin du repas, ils enduisent la plante de leurs pieds cornés de la graisse déposée sur leurs doigts.

Les femmes élégantes comme toujours occupent un autre espace au sein de la tente, et mangent avec les enfants à un rythme plus tranquille.

A la fin du repas, le jeune garçon qui a mangé dans le plat après que les hommes aient fini et lui ait laissé sa part, se remet à faire du thé pendant que de grands bols remplis de lait de chamelle et de chèvre caillés mélangés à de l’eau circulent entre les convives.

Ahmed a apporté en partage une caissette de dattes de Tergit et les amis se réjouissent de l’entendre raconter le village, la source ou il fait froid et ou l’on peut se baigner, la fraicheur de l’air et l’eau qui tombe et gouttant des falaises dans le réceptacle à boire du lieu qu’il nomme « El vaugh Aïni » (l’endroit où il y a de l’eau en haut).

Le soleil disparait derrière l’horizon, tous se préparent pour la prière du soir.

Certains font leurs ablutions à l’eau, d’autres plus récalcitrants au contact de celle-ci, au sable.

L’ancien du groupe fait l’appel et tout le monde se regroupe pour adorer dieu.

Ahmed est invité à diriger la prière.

Le vent est bien levé, il faut bon, les filles chantent, une grosse lune éclaire le camp, quelques hommes dansent, on reboit une tournée de thé et puis il faut aller se coucher.

Les filles se retirent, les bêtes sont regroupées, les hommes s’enroulent dans leurs boubous, tous dorment.

Quand ils se réveillent le lendemain matin, le ciel est étrange et les anciens prédisent une tempête comme il en existe dans les histoires que l’on se raconte le soir pour se faire peur.

- Ould Ahmed, il y a une cité abandonnée à une demi-journée de route d’ici, tu devrais détourner ton chemin et venir t’abriter avec nous, il est plus prudent que tu perdes ton temps plutôt que ton chemin et ta vie, tu devrais nous suivre.

- J’écoute ton conseil sage homme, et je vous suis.

- Alors partons vite.

En moins d’une heure le camp est replié et les chameaux en route.

Quatre heures plus tard, ils arrivent aux portes ruinées d’une vieille ville désertée après l’arrêt du commerce caravanier. On sait un puits dissimulé dans une maison à l’abri de l’ensablement.

- Installons nous ici comme chez nous, dit le vieil homme, et attendons que la tempête passe. Avec un vent comme celui qui vient un toit et des murs sont toujours les bienvenus.

On s’installe dans plusieurs maisons contigües et on met les bêtes dans une grande bergerie garnie d’abreuvoir en pierres.

Les hommes s’installent pour attendre la tempête en chantant, priant, jouant aux dames et buvant du thé.

Chapitre XX

Chapitre XX

-La tempête-

La tempête s’annonçait.

D’abord, il régnât un grand calme suspicieux.

Pas de vent, plus un bruit.

Pendant toute la journée on ne vit pas d’insectes.

Pas un reptile, aucun chacal (animal apparu dernièrement) à l’horizon le nez en l’air à l’étude des effluves odorants qui s’échappaient des cuisines, et même les rares touffes d’herbes à chameau semblaient essayer de rentrer dans le sol.

Les indigènes étaient irascibles pour la premières fois depuis le début des travaux.

Ils refusaient d’effectuer les taches qu’on leur demandait ou les effectuaient à contre cœur sans s’en cacher.

Dès qu’on cessait de les surveiller, ils quittaient leurs travaux pour aller ranger leurs affaires, planter des piquets supplémentaires à leur tentes, lester les cotés de pelletées de sable et enterrer (en fait ensabler) le peu d’objets qu’ils possédaient.

Ils n’avaient de cesse que de harceler les traducteurs par des phrases aux consonances graves accompagnées de grands gestes en moulinet.

Le traducteur répétait les informations des nomades aux ingénieurs :

- Ils disent que le diable prépare sa danse, nous sommes en danger car lorsqu’il verra que nous sommes sur ses terres, il se mettra en colère. Ils disent qu’il faut se cacher pour ne pas qu’il nous voie sinon il nous emportera avec lui comme le berger que l’on a trouvé dans le sable.

Les ingénieurs rirent de bon cœur en entendant les propos du traducteur et ils firent dire aux nomades que s’ils ne reprenaient pas le travail, ils pouvaient rentrer chez eux.

- Les nomades répondent qu’ils sont d’accord pour rentrer chez eux mais seulement après la tempête car il est trop dangereux de s’engager dans le désert dans ces conditions.

- Quelles conditions ? répondirent les ingénieurs. On n’a pas eut une aussi belle journée depuis que nous sommes arrivés, ces gens sont fous ! Déclarèrent-ils l’air plus fat que d’habitude.

Avec la tension des jours d’avant la découverte de la tête de cheval, un fossé avait commencé à se creuser entre les deux cultures et les « simagrées » religieuses des nomades agaçaient les chercheurs.

Les seconds considéraient les premiers de façon pédante et avec un air de maitre blanc non dissimulé.

Le lendemain, quand le soleil se leva, on pouvait regarder le soleil à l’œil nu.

Un vague cercle jaunâtre très pale était apparu à l’est.

Le ciel était couleur beige sale et aucun vent ne soufflait.

- Une bonne journée pour travailler sans soleil, déclara un contremaitre ravi du spectacle.

Impossible de faire émerger les nomades de leurs tentes ce jour là.

Ils étaient assis sur leurs nattes et vilipendaient de leur charabia tous les traducteurs ou maitres d’œuvre qui essayait de les faire sortir sur le chantier.

Les chameaux restaient couchés et seuls les chercheurs et scientifiques étaient à quatre pattes ou les outils à la main pour faire avancer le chantier.

Malgré l’absence de soleil, il faisait chaud et, quand la brise se leva, les fouilleurs se réjouirent du rafraichissement qu’elle leur procurait en frottant contre leurs vêtements trempés de transpiration.

C’est au premier mouvement d’air que tous les hommes du désert sortirent de leurs tentes en courant.

Ils se rendaient rapidement sur les lieux de fouille pour ramasser tous les objets qui trainaient et ils les chargeaient pêle-mêle dans les brouettes, tout en tirant par la manche les techniciens qui étaient au travail.

Ceux-ci les repoussaient avec force et reprenaient les outils empilés à la hâte dans les charrettes, l’air vraiment agacés par l’attitude des nomades.

- Quelle bande de cons ! Pour qui se prennent-ils ? Ils croient que nous sommes à leurs ordres ? S’ils ne veulent pas travailler, ils n’ont qu’à se casser chez eux !

Les traducteurs s’évertuaient à traduire le flot continu de paroles qui sortaient des bouches des nomades affolés, alors que les scientifiques faisaient la sourde oreille.

Les nomades annonçaient une tempête, les scientifiques répliquaient que les relevés météorologiques n’annonçaient rien du genre, qu’ils étaient près d’une découverte et que rien ne pouvait les arrêter.

Rien ne pouvaient arrêter les chercheurs… croyaient ils…

Après avoir renvoyé chacun à son poste, les chercheurs, plus snob que jamais, reprirent leurs habitudes ponctuées de regards haineux vers les ouvriers.

On entendit au loin comme un chant grave, un vrombissement sourd.

Les hommes du désert lâchèrent tout ce qui était entre leurs mains et s’enfuirent en courant vers leurs tentes. Les scientifiques les insultèrent puis ils écarquillèrent des yeux paniqués.

Une vague de sable s’abattit sur eux comme une main sur un insecte, faisant choir certains.

Le vent soufflait si fort que pour avancer en direction de ce qu’ils pouvaient apercevoir ou dont ils se rappelaient la direction, certains chercheurs durent retirer leurs vestes qui faisaient office de mini-parachute.

Certains durent s’allonger et ramper sur le sol les yeux fermés tant la force du vent était violente.

On aurait cru que le vent avait des mains et qu’il essayait de vous attraper pour vous mener en des lieux mystérieux connus de lui seul.

Au sol, le sable circulait à une grande vitesse et frappait les chairs en milliers de petites aiguilles.

Les objets abandonnés à la hâte sur le chantier volaient en tous sens ainsi que les bandes de marquage et tout ce qui n’était pas solidement arrimé sur le sol.

Les cabines des bulldozers ployaient sous la force de l’élément, et les énormes pelles offraient une telle surface de résistance qu’elles vibraient à chaque bourrasque.

On ne voyait pas à deux mètres et le grondement de centaine de millions de petits grains de sable se frottant les uns aux autres, ajouté au hurlement du vent donnait à l’élément un corps et une voix.

Les grains de sable en suspension étaient chauds et cinglaient les corps et les visages avec violence.

Rien ne pouvait résister à la force de l’élément déchainé.

Dans les tentes en tissu des nomades qui ondulaient doucement sous la tempête, tout était calme et ces eternels navigateurs du désert habitués aux conditions de vie extrême s’occupaient à boire du thé, jouer aux dames avec des petits bâtons et des crottes de chameaux (de la taille d’une noisette), rire et prier.

Les scientifiques qui n’avaient trouvé pour s’abriter que ces tentes (les tentes carrées étaient déjà loin), étaient penauds et restaient groupés dans un coin, silencieux et prostrés.

C’était à cause d’eux qu’une grande partie du matériel de recherche était maintenant en train de valser entre les dunes et leur arrogance avait fait place à la honte et à la culpabilité.

C’est à peine s’ils eurent le courage de croiser le regard amical et compatissant de l’homme qui leur proposa un verre de thé.

Le vent balayait tout sur son passage et les objets qui offraient trop de prise étaient emportés au loin.

On entendait les métaux crier en se déchirant avant de s’envoler dans un fracas diabolique.

Les chaises, tables, les instruments de mesure et les échantillons (si précieux), étaient emportés vers d’autres horizons.

Le sable s’infiltrait partout, et il fallait se rincer la bouche et les narines régulièrement car on sentait, en grinçant des dents, les grains de sables qui s’y étaient logés.

Le ciel était aussi absent que la terre.

Seule une matière résignait en maitre absolu et avait pris la place laissée libre par les vivants, le sable.

Du sable de toutes les tailles, de tous les grains.

Du gros sable gênant dans les habits à la poussière la plus fine qui embourbait les poumons et devait qu’on se force pour respirer.

Le sable dans le pain, le thé, toutes les nourritures, dans les poches, les sous vêtements, les cahiers, les livres fermés, les circuits d’ordinateurs, au coin des yeux, des lèvres, dans les oreilles, la gorge, caché derrière les amygdales, sous les ongles, s’agglutinant sur toutes les zones de transpiration.

Le sable partout ! un jour, deux jours, trois, quatre, cinq et toujours ce vent, et toujours ce sable, cette chaleur lourde et étouffante, l’impossibilité de sortir, les grains chauds qui vous emprisonnait le corps et vous rongeaient l’esprit, des millions de petits grains chauffés par l’astre et qui rependaient une canicule épaisse, solide, combative, épuisante et qui vous giflait à chaque sortie, qui s’attachait à toutes les surfaces en frappant inexorablement de ces milliers de petits doigts invisibles toutes les champs disponibles.

Cette chaleur qui vous alourdissait et rendait chaque mouvements pénibles, impossibles, cette soif qui vous tiraillait et qu’on arrivait jamais à calmer, car l’eau chauffée par l’air ambiant avait perdu son effet désaltérant, des repas de misère édulcorés au sable, cette lumière extérieure morte, blafarde, déprimante, irréelle, fantomatique, ce soleil spectral, ni présent ni absent, et ces nuits de sable, de vent, de râle et de toux irritantes, la sensation d’être pris au piège dans le désert, l’impossibilité évidente de pouvoir s’échapper de cette cellule, de cette geôle naturelle de plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés, l’interdiction donnée par la nature de se mouvoir, ce désert qui vous tenait prisonnier entre ses doigts de feu comme un insecte prisonnier d’une main d’enfant et qui, bien que marchant sans cesse en quête du chemin de sortie, passant d’un doigt à l’autre, d’une main à l’autre sous l’œil sadique du joueur d’espace, de temps et de volume, se fatigue sur un chemin sans cesse identique ou le seul espoir de sortie est la chute…

Il en était de même pour tous.

Tous souhaitaient que le ciel s’ouvre, maintenant, et qu’en une seconde tout s’arrête comme ça avait commencé.

Que les vents se calme, et que l’on puisse reprendre ne serait-ce que l’ombre d’une vie normale.

Six jours, sept jours, huit jours, désormais tout n’était plus que sable, recouvert d’une épaisse couche de poussière y compris les hommes et les femmes.

Les cheveux étaient collés par la poussière et la transpiration, les peaux étaient toutes ombrées par la même fine poussière qui flottait dans l’espace, tous les prisonniers offraient le même teint halé, la même couleur de roche.

Inutile de se laver, la poussière n’adhérait que mieux aux peaux et vêtements humides.

« Plus sale propre que sale » était devenue l’excuse générale, la blague qui restera en souvenir de se moment, car l’homme créaient des souvenirs pour après, une bonne façon de se dire qu’on sortira de là…

Bientôt, tous recouvert de la même poussière, on ne pouvait plus reconnaitre un local d’un chercheur.

Des années à vivre chacun de son coté n’avaient, finalement, pas crée une grande différence entre les types d’humains rependus sur la planète.

Tous halés du même ombrage, les couleurs de peaux s’étaient effacées, ne variaient que les couleurs d’yeux (et encore) peut être les formes de visages (rien n’est moins sur). Quand ils se comparaient sous la tente en prenant comme référence les autres espèces animales, il n’était pas difficile de se faire la réflexion que les types n’étaient pas très variés entre les tailles et les morphologies.

Malgré cela, les humains avaient définis des concepts de dénigrement de l’autre en utilisant justement ces infimes différences qui, d’un point de vue scientifique, ne présentaient pas de dissociation fondamentale du genre humain.

Pas de quoi s’entretuer pour si peu finalement !

Pour certains imbéciles malgré tout si, cela suffisait, justifiait des folies, des propos outranciers et des dénigrements, comme en nourrissaient leur électorat, quelques politiques en mal de projet pour la société, peut être eux même ou leurs familles.

Les chercheurs sentaient leurs organes souffrir de ces conditions extrêmes.

Les poumons étaient durs et de nombreuses douleurs apparaissent dans les muscles, les reins, les yeux.

Les nomades semblaient mieux supporter la tempête.

Semblaient car, bien qu’adaptés à l’environnement du désert, les nomades subissaient dans leurs corps les conditions extrêmes de ce monde hostile.

Leurs pieds étaient calés, et leurs ongles, quasi inexistants se limitaient à des fantômes d’eux-mêmes.

Des suggestions d’ongles cornés et atrophiés.

Leurs yeux étaient sujets à de nombreuses irritations que n’arrangeaient pas les frottements réguliers destinés à les calmer, et leurs corps portaient les stigmates de blessures qui avaient dégénéré en inflammations purulentes et qui s’étaient cicatrisé par miracle, sous l’action des prières, des compresses au lait de chamelle ou peu être, la maladie s’était épuisé de vivre dans ces conditions rude auxquelles elle aussi était soumise.

Dans le désert, il n’y avait pas de place pour les faibles.

La mort était une compagne régulière qui emportait les enfants au rythme soutenu des naissances, et les vieux dès l’âge de cinquante cinq à soixante ans.

Rare était ceux qui dépassaient les soixante ans.

Ceux qui duraient plus longtemps que cet âge « canon » étaient vénérés dans le groupe, et on les considérait comme des sages à qui dieu avait donné le pouvoir de vivre plus longtemps que les autres, c’est donc qu’ils étaient meilleurs, donc plus sage, donc vénérables.

Cette logique du bon sens était le pilier des tribus que les anciens menaient sur les routes battues depuis des millénaires par ces hommes étranges, mystérieux, entièrement recouverts de tissus, et qui ne laissaient aux observateurs que la ligne ouverte de leurs yeux dont le regard se perdait toujours à l’horizon, tout à la fois tendu vers loin mais intemporel.

Des yeux d’hommes sans visages, un peuple qui se perdait dans l’histoire de l’humanité et dont les traditions et savoirs faire se perdaient aussi loin qu’on pouvait remonter dans le temps.

Isolé au milieu de rien, pris au piège dans cet environnement minéral ou tout était devenu sable, les chercheurs étaient soumis à un stress qu’ils avaient du mal à gérer. Leurs poumons étaient encrassés, et des troubles respiratoires graves avaient alité une douzaine de personnes qui souffraient de graves irritations des bronches et de saignements intenses du nez.

Les organes étaient résigné à une expérience qui transformait les plus optimistes en dépressifs, et toute l’équipe en pâtissait.

Ça faisait plus d’une semaine que le ciel n’était pas apparu, et les chercheurs se sentaient de plus en plus oppressé par l’immensité désertique.

Les esprits s’échauffaient et les disputes étaient de plus en plus fréquentes.

Habitué à travailler dans leurs laboratoire haute technologie à l’air filtré, conditionné, purifié et climatisé, entourés de jeunes étudiants universitaire attentionnés, les professeurs et spécialistes dans leurs disciplines respectives, vivaient là une expérience d’une rare violence.

Le sable s’immisçait partout et les appareils, machines et instruments, ne sortiront pas indemne eux non plus des caprices du climat.

Certains générateurs souffraient et défaillaient.

La plupart des thermomètres avaient explosé d’être arrivés à des seuils ou le mercure se sentait trop à l’étroit dans son tube de verre.

Une grande partie des appareils n’étaient pas conçus pour ces conditions inimaginables.

Quentin Leblanc était allongé, souffrant plus qu’à l’ordinaire, et enrageait d’avoir perdu sa boite contenant ses petites pilules.

Au bout du septième jour, une petite équipe décida qu’il était plus prudent de prévenir l’extérieur de la situation.

On voulu émettre un S.O.S.

Le chef des transmissions démarra la radio qui lui implosa dans la main.

Rapidement le responsable fut désigné et ce fut la silice, tout du moins la poussière siliceuse qui s’était agglutiné dans ceux-ci (dans une boite fermée !).

Le technicien travailla toute la nuit pour essayer de réparer le matériel mais rien n’y fit.

Ils ne recevaient pas la moindre information.

Avec deux appareils, le technicien fabriqua un émetteur.

- Tant pis pour la réception, avait dit le professeur. Le plus important c’est que l’on puisse joindre l’extérieur.

Ils lancèrent le S.O.S.

Le fait de ne pas recevoir d’information n’indisposait pas le professeur qui, dès le début du chantier, considérait les contacts plus comme un problème qu’une solution et qui redoutait les fuites.

Désormais c’était différent, ils étaient en danger de mort, un S.O.S. pouvait abréger cette situation, pensaient il.

Seulement, il était impossible de savoir si le message était parti via le satellite et si quelqu’un le recevrait, il fallait attendre pour savoir.

Pendant que les membres de l’équipe se lamentaient sur leur sort, les nomades enturbannés dormaient, buvaient du thé, se racontaient des histoires, priaient et jouaient en attendant que les éléments veuillent bien se calmer et reprendre leurs places respectives.

Pour eux, la situation n’était pas plus terribles que d’habitude, ils en avaient vu d’autres et savaient qu’ils en verraient encore.

Les tempêtes étaient régulières et rien ne pouvait perturber leur fatalisme face aux colères de la nature sauvage.

Il fallait juste attendre que le diable retourne chez lui et tenter d’attirer l’attention de dieu sur leur sort par la prière et les chants.

Dans la nuit du neuvième jour, dieu entendit les prières des nomades et les lamentations des chercheurs.

Le vent s’arrêta et le sable retourna au sol.

Personne ne senti le vent partir car, affaibli par les jours de tempête et de réclusion, tout le monde était épuisé et le départ du vent eut pour effet que chacun sombra dans un sommeil réparateur.

Chapitre XXI

Chapitre XXI

-Refugiés-

Jamais il n’avait eut peur comme ça en regardant le ciel.

Autour de lui, le vent soufflait si fort que les pancartes, fenêtres, panneaux, carcasses de voitures… Tout ce qui était installé ou déplaçable, tout ce qui offrait une prise était emporté par le vent, arraché par la main surpuissante aux innombrables doigts puis, d’une pichenette, les toits, carrosseries ruinées, et tous les autres corps prisonniers de la puissance invisibles, étaient projetés à des kilomètres de là.

La pluie arrivait violente et salée, mêlée au sable et à la terre.

La pluie n’était pas venue du ciel mais de la terre, de la mer.

Quelque chose attrapa le bras de Paul et le fit sursauter.

Un frisson de terreur le parcouru.

La peur pris corps en lui.

- Allez viens, viens vite !

Paul était resté figé à observer le phénomène pendant que les autres s’étaient déjà engouffrés dans la banque ruinée par la bataille des derniers jours.

Une forte odeur de bois, de pourriture et de plastique brulé émanait du lieu ou étaient rependus quelques corps dont personne ne s’était soucié.

Fréderic força Paul à le suivre dans l’escalier qui s’enfonçait sous la banque.

Ils parcoururent des couloirs puis entrèrent dans une petite pièce ou une étagère en fer avait été déplacée révélant une porte cachée.

Derrière eux, un bruit de fracas se faisait entendre dans la banque.

Ils refermèrent la porte blindée derrière eux.

Pendant que le monde s’écroulait, ils étaient à l’abri dans la bouche du monstre de fer et de béton.

L’abri antiatomique était conçu pour une centaine de personnes.

Il était très spacieux et confortable.

Équipé pour les cadres de la grande banque, il affichait un luxe tapageur et disposait de tous les appareils dernier cri en matière de recyclage d’air et d’eau.

Il était composé de huit pièces sur deux niveaux et possédait deux accès.

Celui par lequel ils étaient entrés se trouvait dans les sous-sols de la banque, un autre finissait au bout d’un couloir dans le jardin public qui jouxtait l’établissement de crédit.

Cet accès avait été prévu dans l’hypothèse que le bâtiment s’effondre et empêche les refugiés de ressortir par ils étaient entrés.

La première pièce était un espace ou étaient disposés tous les appareils ou instruments sanitaires de première urgence ainsi qu’une douche de décontamination.

Il y avait un espace ou se trouvaient divers instruments de mesure qui relayaient les infirmations transmises par des capteurs extérieurs.

Plus de la moitié des capteurs extérieurs étaient détruits.

Dans un placard se trouvaient une cinquantaine de tenues antiradiations ainsi qu’une réserve d’air comprimé et un compresseur d’appoint.

La seconde pièce était équipée d’une grande table ovale de réunion en bois précieux. ainsi que de divers appareils de projection, un tableau blanc garni de ses feutres était flanqué d’un tableau noir et de ses craies.

De nombreuses rames de papier, des stylos, un grand écran plasma, divers lecteurs audio, vidéo…

La salle pouvait accueillir une cinquantaine de personnes assises.

La troisième pièce qu’ils visitèrent était un cabinet complet de médecine avec des réserves de quasiment tout ce dont on pouvait avoir besoin pour des examens ou des opérations médicales.

Elle était divisée en deux parties séparées par une vitre épaisse.

De l’autre coté, dix lits d’hôpitaux étaient alignés, chacun séparés par des rideaux verts.

Tout, les lits, les couvertures, les chaises, tables, draps, tenues, oreillers empilés avec soin, étaient conservés dans de grands sacs sous vide ou sous housses.

Une armoire mortuaire était prête à accueillir une vingtaine de corps.

La quatrième pièce était le local technique dans lequel se trouvaient les machines destinées à recycler l’air, l’eau, produire de l’énergie grâce à une pile à hydrogène, un système fonctionnant à l’acétylène était peint en rouge.

Les quatre pièces du « sous sol » étaient occupées par deux dortoirs de cinquante personnes ou étaient réservés de nombreux vêtements sous vide et plusieurs appareils d’électrostimulation. Elles disposaient toutes de salles de bains et de sanitaires-broyeurs. On encourageait par des affiches à utiliser les lotions ou les savons secs plutôt que l’eau pour l’hygiène du corps.

En face des dortoirs se trouvait une réserve de victuailles ainsi qu’une grande réserve d’eau.

De nombreuses consignes étaient affichées sur les murs pour expliquer comment gérer les lieux, les ressources et appliquer les protocoles.

La quatrième pièce était une cuisine fort bien agencée avec tout le matériel dont on pouvait avoir besoin pour réhydrater ou réchauffer les préparations stockées, ainsi que des comptoirs avec de grands sièges ou s’installer pour les repas. Le tout éclatait de modernité, on sentait le travail d’un designer inspiré.

- Et bien au moins, on sait ce qu’ils faisaient de notre argent, dit Denis.

- Oui et tant mieux, ça va nous servir à quelque chose.

- Bon, un dortoir pour les filles et un autre pour les garçons ?

- Ça me semble évident.

- Je vais faire le tour des installations médicales pour m’assurer que tout est en ordre, dit Paul Pingeant.

- Je viens avec vous docteur, reprit Claudine.

- Ensuite, je propose que nous nous retrouvions dans la salle de conférence pour faire le point si vous voulez bien.

- Excellent, donnons nous une demi-heure et puis nous nous retrouvons tous en haut.

Chacun partit de son coté pour visiter la structure.

Rien ne manquait pour le confort des occupants et tant mieux.

Une demi-heure plus tard, tout le monde se retrouvait autour de la grande table ovale du premier étage.

Dans un des tiroirs du meuble qui occupait un pan de mur, Fréderic Ducas avait trouvé des petits guides reliés destinés aux éventuels occupants du lieu.

Il avait aussi découvert un disque vidéo qui devait accompagner les « premiers pas » des refugiés.

Ils se le projetèrent sur l’écran vidéo.

Un homme très bien vêtu sur un fond champêtre de village et de rivière développait les procédés de démarrage de l’abri. Quelques oiseaux passaient dans le ciel et les fleurs des champs ondulaient au vent.

La démonstration dura une grosse demi-heure au bout de laquelle tout le monde sut à quoi s’en tenir.

Chacun feuilleta son guide et se concentrera sur le document broché, sur papier vélin luxe aux insertions photographies glacées, comme l’avait si aimablement suggéré le personnage de la vidéo.

Lecture faite, Fréderic rompit le silence.

- Bon, il faut que nous nous organisions un minimum je pense. Je propose que chacun d’entre nous prenne une responsabilité dans le lieu. Comme vous pouvez le voir, j’ai pris la liberté de quadriller le tableau noir pour que l’on y note nos résolutions. Je voudrai d’abord vous dire que ce n’est pas parce que j’ai pris l’initiative que j’ai des prétentions de chef, à ce propos, je suggère que la première résolution que nous adoptions soit justement que nous n’ayons pas de chef. Je propose entre autre que nous nous dispersions les responsabilité entre chacun pour la gestion du lieu et des ressources, étant entendu que comme nous sommes peu nombreux, nous n’aurons sans doute pas de problèmes quant à ces dernières, toutefois, comme nous ne savons pas pour combien de temps nous sommes là, autant s’organiser tout de suite ce sera toujours ça de fait.

Paul reprit la parole.

- Selon le guide qui est à notre disposition nous sommes dans un abri construit pour cent personnes maximum et pour une autonomie de 5 ans. Nous sommes sept mais ce n’est pas une raison pour nous lâcher… Selon les relevés des appareils extérieurs, dont nous ne sommes pas surs qu’il fonctionne correctement par ailleurs, il est 17 h 55 nous sommes le 9 aout, la température extérieure est de 45 degrés ce qui est beaucoup et la radioactivité est élevée on peut donc affirmer qu’une bombe atomique à été lâchée sur la ville donc qu’il n’y a plus de ville.

Chacun restait silencieux et pensif.

- Si l’on en croit le fascicule, il faut attendre que cette lumière rouge s’éteigne pour que l’on puisse sortir en sécurité. Si vous voulez mon avis, nous sommes là pour un bon bout de temps ceci dit nous avons de quoi nous occuper, nous avons une bibliothèque inépuisable de livres numérisés, des films, des jeux, des documentaires etc.… J’ai remarqué dans l’infirmerie une très grande quantité de glucose et des perfusions. Pour les moments difficiles… Je le dit pour être franc bien que je ne sois totalement pour… mais enfin… ceux qui voudrons… et uniquement en cas de crise grave, pourrons entrer en hibernation, en « semi-coma » veillé par moi ou Claudine. Je répète que le sommeil artificiel n’arrangera pas les choses… c’est une manière comme une autre de « couper les ponts », sachez qu’en vous réveillant la situation n’aura pas changé c’est clair. Je ne dis pas ça pour inciter ni pour interdire, cela ne me regarde pas c’est le choix de chacun de refuser la situation, d’un autre coté… si ce moyen peut aider… prévenir des difficultés psychologiques… nous aurions tord de nous en priver, ce peut être une échappatoire. Dans tous les cas, n’hésitez pas à venir me parler. Nous voici donc enfermés pour au moins quatre ans, il nous faut donc nous préparera cette réclusion que nous aborderons avec volontarisme : Rappelons nous toujours que nous sommes vivants, et que ceux qui sont dehors, eux, sont sans doute morts. Nous avons de la chance dans notre malheur, nous sommes en sécurité avec à boire, à manger, de bons amis et de quoi nous occuper. Nous devons notre survie à Jeanne et à sa rapidité de décision et sa promptitude à nous conduire ici.

- Et à Paul qui nous a accueilli à l’hôpital, repris Jeanne.

- A nous tous pour ce que nous sommes ensemble, conclut Paul Pingeant.

Chapitre XXII

Chapitre XXII

-Révélation-

Au matin la surprise fut totale.

Alors que le soleil n’était pas encore levé mais que ses rayons éclairaient déjà le ciel par derrière la courbure de la terre désolée, apparaissait, comme un virage, une ville en ruine.

Détachées par le contre jour naissant, les façades des immeubles se dessinaient irréelles sur un ciel violet.

Au milieu de cette ville fantôme, un camp de tentes malmenées par la tempête reposait sur son tertre.

La cité gigantesque, chimérique, élevait ses bâtiments sur plusieurs étages au milieu du sable retombé avec le départ du vent.

Ce même vent qui avait, durant les jours de tempête, creusé, raviné, dégagé des hectares entier de ville, retiré les millions de tonnes de sable qui masquait la cité.

En suivant les voies dégagées par les machines, le vent avait été canalisé par les espaces aplanis et plutôt que de tout recouvrir à nouveau, sa puissance avait nettoyé les rues et révélé les murs et les fondations antiques.

Ce furent les nomades qui, premiers levés pour la prière du matin, eurent le privilège terrible de la vision de la cité. Immédiatement âpres, les scientifiques furent réveillés par les gémissements et les suppliques, les cris lancés, les lamentations venues du fond des âges.

Les chercheurs, bien qu’épuisés par les conditions extrêmes de ces derniers jours, retrouvaient force et vitalité dans un élan de joie euphorique à la limite de la démence qui fit place rapidement à la tristesse des 76 disparus, victimes des neuf jours de rafale.

Il y eut une cérémonie de recueillement à la mémoire des disparus comme on l’aurait fait d’un bateau.

Il n’y avait pas de corps à enterrer, les dépouilles furent englouties par la mère-terre sans qu’on puisse sauver les naufragés, les hommes se soumirent à la volonté du destin.

Après la consternation, revit au galop le naturel des chercheurs.

Ils affichaient tous le même air stupéfait, bouche béante craquée par la déshydratation, yeux irrités par le sable et rougis par les frottements, ils restaient cois, figés devant ce spectacle sans précédent.

Tout autour d’eux s’élevaient sur parfois quatre à cinq mètres des bâtiments constitués de la poussière grisâtre qu’ils avaient analysés.

Les rues noires étaient bien marquées et de nombreux objets étaient visibles sur le sol.

Certains bâtiments construits en pierre étaient remarquablement conservés, et la cité sortie de terre en quelques jours s’offrait au regard incrédule de tous comme une récompense à la résistance des hommes au sable et au vent.

Le vent avait fait en neuf jours ce qu’il aurait fallu des années à la mission pour réaliser.

De plus, il avait agit de telle sorte que l’intégrité des lieux avait été respectée et que les nombreux objets et bâtiments étaient à présent accessibles, aux scientifiques sans user une pelle ou une brouette.

Il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser des trésors.

Tout était livré dans un état de conservation hors du commun.

C’était la première fois que l’on faisait une telle découverte. Il n’y avait pas la place d’une feuille à cigarette pour la controverse.

L’humanité entrait une bonne fois pour toutes dans une nouvelle ère de connaissance et de compréhension des civilisations disparues.

Tout ce qui avait été enseigné depuis six mille ans était faux, la preuve était là, il n’y avait plus de discutions possible.

Un bond de géant avait été fait par l’équipe de chercheurs sous l’égide de Quentin Leblanc « Le visionnaire ».

Doute, incertitude, tromperie, stupéfaction, ébahissement, étonnement, surprise, effarement, saisissement, émoi, ahurissement, excitation, consternation, toute une gamme de sentiments qui se percutaient dans l’esprit des observateurs.

Une vie passée pour rien, tous ces siècles de mensonges, de mystifications, les pouvoirs des religieux cimentés de fables pour nourrissions crédules, toute une vision de l’espèce, de la civilisation, tout, tout n’était plus rien que mensonges, galéjades, canulars, pitreries de clowns ridicules et vaniteux.

Quelle étrange impression que de se retrouver au milieu de cette ville d’une contemporanéité dérangeante.

Que venait faire ici, au milieu du désert, cette ville aux rues tirées au cordeau, ces espaces publics dégagés, ces maisons vastes et spacieuses qui devaient, sans doute, abriter un luxe et une opulence confortable à en juger les objets qui couvraient les espaces découverts. Tout ceci avait une irradiation étrange de « porté de nos villes » qui n’était pas du meilleur goût.

De nombreux objets en verre, en carbone, en fer, et d’autres issus de matériaux fossiles comme on en avait fabriqué à titre expérimental (mais abandonné la production sous prétexte qu’elle était extrêmement polluante, qu’il était compliqué de les recycler et que les ressources étaient limitées), étaient disposés en petit tas au coins des rues ou au pied des bâtiments.

Valérie Langeôt, toujours aussi belle, les cheveux superbement décoiffés encadrant ses délicieux yeux rouges-lapin, d’adorables gerçures encadrant son sourire angélique, la peau teintée de marques rouges et grises comme une ode à la beauté du désert, drapée d’un voile couvert d’un voile de poussière qui prenait sur elle l’allure d’une neige féerique, la marginale création d’un couturier avant-gardiste en vogue, entra dans la tente nomade ou était installé Quentin Leblanc depuis que la sienne s’était déchirée (Il avait fallut le porter alors que sa tente se déchirait et que les structures allaient leurs chemin, incontrôlables).

Elle était surexcitée.

- Debout professeur, commanda t’elle d’une voie enjouée et ferme.

- Quoi donc ? Que se passe-t-il ?

- Les blocs noirs recouvrent la rue, il y a des trottoirs et des parcs, des fontaines et des monuments, il y a des maisons construites en poussière grise !

- Mais qu’est-ce que vous racontez Valérie ?

- Des rues ! Des rues ! Vous aviez raison professeur, vous aviez raison ! Elle est là la ville, partout ! Partout ! Vous êtes un génie ! Oh professeur allez debout, venez ! Je suis folle, je suis ivre de joie !

Malgré sa faiblesse physique, Quentin Leblanc se leva et s’habilla rapidement.

Quand il sorti de sa tente suivant Valérie Langeôt qui dansait, il n’en crut pas ses yeux.

Un vent de folie parcourait les équipes de chercheurs surexcités par la découverte.

Quand Quentin Leblanc fit son apparition tout le monde se mit à applaudir et les « hourras » montaient pour exploser en applaudissements. Le vieux professeur avait enfin la récompense de toute une vie de recherche intensive et de batailles intellectuelles.

Il le savait. Les textes étaient clairs pour situer la cité maudite, mais les changements climatiques et l’obscurantisme politico-religieux avaient brouillé les pistes.

On disait que la ville n’avait jamais existé et que tout cela n’était que légende, pourtant Quentin Leblanc était sûr du contraire. Le rebelle y croyait dur comme fer, il était sûr de l’existence de la cité maudite et bien qu’il soit passé par des moments de doute et de fatigue, jamais il n’avait vraiment jeté l’éponge et aujourd’hui, tout cette obstination finissait par payer.

Il y était, et une grande satisfaction le submergeait.

Quarante ans passés à la recherche d’un lieu qu’on voulait oublier, quarante ans à la quête d’une cité qu’on voulait inexistante car l’idée même qu’elle fut remettait en cause toutes les théories modernes sur la création et l’évolution de l’homme, de la société, de la civilisation.

Après des centaines de milliers de pages de textes lus dans une vie, des heures à traduire et recouper les chants des nomades, à chercher des indices dans les textes religieux, des jours et des nuits de travail, elle était enfin devant lui.

L’œuvre de sa vie.

L’équipe enchantée de voir le professeur debout (il avait passé la majeure partie de son temps couché et malade depuis le début des fouilles) applaudissait à tout rompre malgré les panaris et les coupures dues au sable et à la chaleur.

D’un signe il fit cesser les applaudissements et se hissa sur une pelle mécanique considérablement abimée par les conditions météorologiques.

Tout le monde restait suspendu aux lèvres du vieil homme fatigué par la fièvre et le visage marqué par la maladie et le stress de ces derniers jours.

Avec sa modestie légendaire, il entama son petit discours.

- Nos efforts, vos efforts sont récompensés. Ce qui nous arrive est le résultat de notre obstination à tous, nous qui sommes ici et ceux qui sont restés au pays et qui ont œuvré au financement et à l’organisation de notre chantier. Cette découverte est un bien pour l’humanité, ce jour n’est pas un aboutissement, c’est le premier, le début, aujourd’hui s’ouvert pour nous une nouvelle voie pour la compréhension de notre société.

Qui sommes-nous ?

Ou allons nous ?

Des milliers de questions découlent de ces deux simples interrogations, des milliers de questions sont apparues en même temps que ces ruines et il faudra encore des années pour découvrir cette cité, pourquoi ?

Qu’est ce qui a amené ce peuple à abandonner cette ville ?

La tempête que nous venons de subir nous remet à notre petite place, les éléments de ce désert nous rappellent que les forces nous dépassent, qu’elles sont immenses et indomptables. Je souhaite que nous retrouvions tous rapidement nos forces et que nous confirmerons que cette cité est bien celle de notre quête.

Observons une minute de silence à la mémoire de nos camarades disparus.

Tous ceux qui avaient écouté se recueillirent avec respect. Les chercheurs n’étaient pas dupes, ils savaient qu’ils venaient de découvrir la cité maudite ou du moins qu’elle s’était découverte à eux.

Bien qu’il fasse tous les efforts du monde pour ne pas le montrer, les gens voyaient bien que Quentin Leblanc jubilait.

Et ces larmes qu’il versait en silence, étaient elles destinées aux camarades disparus ou à lui-même ?

C’est à la fin de la minute de silence que Quentin Leblanc laissa échapper sa joie et que ses émotions débordèrent. Les applaudissements qui reprirent matérialisaient l’instant et agissaient en exutoire des durs jours passés dans la tempête.

Les larmes redoublaient dans les yeux de Quentin Leblanc et il ne put s’empêcher de laisser éclater son bonheur et sa fierté aux yeux de tous.

Le frisson qui lui parcourra le corps effaça en un instant toutes les traces laissées par la fièvre et les jours d’alitement.

Tout le monde se mit au travail pour remettre le camp en état et pour baliser à nouveau le terrain et se remettre au travail de façon raisonnée.

Depuis les pelles hydrauliques des engins réparés, on pouvait se hisser à bonne hauteur pour observer le site.

C’était vraiment une sensation étrange que d’observer cette ville fantôme. On imaginait facilement les gens qui vaquaient dans les rues, entraient et sortaient des maisons.

Ceci dit, il était difficile d’imaginer vraiment les gens. Comment étaient-ils ?

Comment s’habillaient-ils ?

Comment se saluaient-ils ?

Y avait-il des castes ?

Quelles étaient leurs habitudes ?

Allaient-ils flâner comme nous dans les jardins publics, s’allongeaient-ils en famille pour déjeuner sur l’herbe ? Allaient-ils au restaurant, au café ?

Que pouvaient être leurs vies ?

Perdu dans ses pensées philosophiques, Quentin remarqua une étrange marque au sol.

Un carré bien dessiné qui semblait ouvrir un chemin dans la terre. Il décida d’axer ses recherches personnelles sur cet espace.

On creusa.

Des escaliers étaient aménagés.

Cet espace était bien un accès pour un sous terrain.

L’équipe dédiée aux recherches de Leblanc creusa et dégageât les escaliers jusqu’au point ou ceux-ci s’enfonçaient sous les voies de circulation.

L’exploration de ces aménagements représentait un gros risque car le sol instable s’effritait et s’écroulait rapidement. On étaya et continua d’avancer avec précaution.

Les sols et les murs étaient recouverts de céramique aux motifs très élaborés et aux couleurs vives bien conservées. Le tunnel s’enfonçait toujours plus profond dans les entrailles de la terre.

Deux équipes se relayaient et travaillaient d’arrache pied pour réussir à avancer dans l’étrange galerie.

La terre était de plus en plus compacte.

Bientôt le plafond devint stable et les éboulements cessèrent.

De nombreux objets étaient amalgamés et formaient un agglomérat constitué de pierres, de terres de bois, de fer et de verre.

Les matières naturelles étaient mélangées avec d’autres issues de procédés chimiques. Malheureusement, peu d’objets (supposés) étaient intègres, et le tout constituait plus une bouillie lyophilisée qu’un véritable terrain de recherche archéologique au sens strict du terme.

De nombreuses matières inconnues étaient mises à jour dénotant une société ayant un contrôle aigu des lois de la chimie.

Chaque centimètre exploré ouvrait le champ à des années d’articles scientifiques, et une multitude de révélations applicables à la société contemporaine étaient dévoilées sous les microscopes des chercheurs hallucinés par les composés qu’on leur donnait à étudier.

Puis ce fut la consternation.

Chapitre XXIII

Chapitre XXIII

-Deux naufragés de plus-

Au terme de la réunion, il fut décidé que les responsabilités seraient allouées à chacun selon ses compétences.

Jeanne et Denis seraient responsables du suivi de l’entretien des équipements, parce que Jeanne connaissait bien le « Chalet » comme ils l’avaient baptisé, et que Denis avait un sens pratique évident.

La confection et la répartition de repas seraient assurées par Agathe et Fréderic car il fallait avoir l’habitude des cuisines fermées et, du fait de sa vie de marin, Fred était le plus compétant. Comme depuis la mort de Bernard, Agathe ne quittait plus Fred, on décida de les laisser ensemble.

Bien évidement l’espace médical fut délégué à Paul et à Claudine dont l’expérience était incontestable.

Le respect des normes du guide fut confié à Valériane car c’était la plus pointilleuse du groupe.

Que dire de la vie du « Chalet » sinon quelle était rythmée de films, de jeux, de siestes et que l’on y laissait la vie glisser en heures, en jours, en mois…

Le groupe s’entendait bien et Fred s’était plus ou moins mis en couple avec Valériane, sans que cela ne pose de problème particulier aux autres par ailleurs Paul et Claudine se rapprochaient de plus en plus ainsi que Denis et Jeanne. Depuis qu’ils étaient tous ensemble, il n’y eut aucune dispute ou accrochage. Tous respectaient parfaitement les espaces dédiés à chacun et les usages du bien vivre ensemble. L’infrastructure était de bonne qualité et ils ne souffraient pas de claustrophobie.

Beaucoup de films, de musiques et de diaporamas étaient réservés dans divers disques mémoire de grande capacité et tous les soirs, ils se faisaient une séance de cinéma dans la salle de projection, parfois ils dansaient ou jouaient.

Agathe grossissait de jours en jours et on voyait bien maintenant qu’elle était enceinte.

Depuis plusieurs semaines on avait allégé sa charge de travail en cuisine car elle ne pouvait pas rester debout très longtemps et elle avait eut quelques malaises.

Désormais, quand elle ne se reposait pas, elle naviguait entre les équipes selon son bon vouloir ou ses capacités du moment, parfois elle cuisinait, assise sur un tabouret de bar.

On lui avait conseillé de ne rien faire mais elle avait refusé.

Cela faisait maintenant huit mois et demi qu’ils étaient dans le bunker et, pendant qu’elle vaquait à épousseter la table ovale, Agathe eut une contraction.

Rapidement les compagnons de naufrage se regroupèrent autour d’elle, et Paul l’examina.

Il annonça que le moment était venu.

Agathe pleurait beaucoup. Non parce qu’elle avait mal mais parce que l’accouchement lui fit revenir en mémoire ses amours avec Bernard et cela lui faisait beaucoup de peine de mettre au monde des enfants sans père.

- Respire Agathe et détend toi.

- Fred, je suis si triste quand je pense à Bernard, j’ai tant de peine.

- Il faut que tu penses à toi, à ton enfant, à nous, à l’avenir, le passé est derrière on ne peut pas faire marche arrière, regarde le futur, bientôt nous sortirons d’ici et nous promènerons les enfants au bord de la seine.

- C’est si dur, pourquoi est-ce que l’on en est là ?

- Parce que l’on a de la chance.

- Non, pourquoi tout ça ?

- C’est la vie, nous ne sommes pas responsables, nous sommes victimes c’est tout, mais nous sommes aussi sains et saufs et c’est le plus important.

- Oh mon dieu ! qu’est ce qui m’arrive ?

- Ça n’est rien, tu perds les eaux, tu vas accoucher.

- Fred, aide moi à la porter dans le cabinet veux tu ?

- Oui Paul.

Ils saisirent Agathe par les bras et les jambes et l’emmenèrent rapidement dans le cabinet, Fred se retira.

Le docteur Pingeant prépara l’accouchement assisté de Claudine.

- Oh mon dieu Docteur, je n’aurais jamais cru qu’accoucher faisait si mal.

- Tu es très courageuse Agathe, respire, détends toi et tout va bien se passer.

Le travail était bien commencé et les contractions étaient de plus en plus rapprochées. Agathe souffrait énormément, et Paul avait un air grave sur le visage malgré tous ses efforts pour le dissimuler. Il était préoccupé par un problème d’ordre physique.

Voici maintenant plusieurs minutes qu’Agathe était au travail et parfaitement dilatée mais la tête du bébé était trop grosse et il était impossible qu’il sorte de sa mère sans faire de gros dégâts.

Agathe tournait de l’œil et ça n’était pas bon. Ses cris résonnaient dans tout le bâtiment et tout le monde était silencieux et souffrait de la savoir souffrir.

Agathe sentit qu’elle ne s’en sortirait pas vivante, ça se voyait sur le visage du docteur, et elle avait suffisamment d’expérience de la vie pour comprendre que la résignation était dans l'homme de science, elle avait déjà lut cette expression dans ces yeux quand il avait annoncé la mort de Bernard, de plus, son corps lui parlait.

- Paul, je vais mourir, promettez moi de protéger mon enfant, je voulais l’appeler Adam comme mon père si c’est un garçon et si c’est une fille appelez la Ève c’est ma volonté et j’espère que vous la respecterez.

- Tout ira bien Agathe, ne vous inquiétez pas.

- Quand un ami médecin passe du tutoiement au vouvoiement c’est qu’il se passe quelque chose de grave, ça y est je vais mourir, adieu Paul, mon dieu, j’ai trop mal.

De toute urgence Paul effectua une césarienne sur le corps d’Agathe mais c’était trop tard, elle avait perdu beaucoup de sang. Lorsqu’il sorti Adam de son ventre, Agathe ouvra les yeux puis expira. Son visage se détendit et mourut sans un cri, sans un geste. Il aurait fallut toute une équipe de réanimation pour faire quelque chose. C’était inutile de tenter quoi que ce soit sur le corps d’Agathe, ce corps qui donna encore une petite fille.

Avec des jumeaux, Agathe n’avait aucune chance de s’en sortir vivante.

Conformément à sa dernière volonté on nomma le garçon Adam et la petite fille Ève et bien que cela posa un problème moral-religieux à certains qui se turent, car on ne peut que respecter la décision d'une mourante (Paul considérait cela comme une « crise mystique » face à la mort).

C’est de toute façon le moins que l’on pouvait faire pour cette pauvre femme.

Paul effectua sur le corps tous les soins que l’on doit faire pour une bonne conservation, il vida le sang du corps d’Agathe qu’il remplaça par du formol et retira les viscères qui furent mit sous vide dans une urne placée près du corps. Il recousu le corps d’Agathe qui eut droit à une petite cérémonie dans le cabinet médical puis on la plaça dans la chambre funéraire et mit son compartiment sous gaz de conservation. Tout le monde pleura beaucoup.

Les nouveaux nés étaient globalement en bonne santé.

Ils ne pleuraient pas et s’endormirent rapidement, inconscients qu’ils venaient d’arriver dans un monde ravagé sans père ni mère, isolés au bout d’un couloir de béton enfoui sous la terre, entourés d’inconnus dont l’avenir incertain était miné par leur naissance et la mort qui venait d’apparaitre pour la première fois dans leur petit quotidien réglé.

Chapitre XXIV

Chapitre XXIV
-Thanatopolis-

Des milliers de corps étaient mis à nus dans ce que l’on surnomma bien vite « les catacombes des sacrifices ».
Sans aucun doute possible, cette société fonctionnait sur un système de sacrifices rituels.
A quinze mètres de l’entrée du tunnel à près de 5 mètres sous le niveau de la rue étaient rependus des centaines d’os, peut être des milliers.
C’était la plus grande nécropole découverte dans l’histoire de l’archéologie moderne.
Dans l’esprit de Leblanc, la phrase du texte « Une ville maudite pour maudire les morts » prit tout son sens.
Quelle folie avait poussé les prêtres à ordonner un tel massacre ?
Pourquoi avoir sacrifié tant de personnes ?
Comment se déroulaient les rituels ?
On connaissait l’existence de rituels sacrificiels dans certaines civilisations antiques, mais jamais Leblanc n’avait entendu parler d’un rituel à un tel niveau.
Un véritable carnage.
La présence de tous ces ossements dans cette tombe en pleine ville déroutait les équipes.
Est-ce qu’en fait cette ville ne serait pas un temple énorme, démesuré, entièrement dévolue à un dieu de sang ?
Les sacrifiés étaient ils volontaires, était-ce des esclaves ou des prisonniers saisis à un peuple ennemi ?
Les corps étaient si nombreux que l’idée d’un sacrifice collectif semblait la plus probable.
Quel était le message de cette cité comme on en parlait dans les textes anciens ?
Est-ce la fin des sacrifices qui aurait fâché les dieux et mené la civilisation à sa fin ?
Est-ce que le message était de ne pas abandonner ses croyances sous peine de disparaitre avec elles ?
Comment expliquer qu’une civilisation apparemment si évoluée ait put dégénérer de cette façon jusqu’à disparaitre ?
Tout était encore à découvrir.

Plus on avançait dans les travaux de recherche et plus il fallait axer les pistes car il n’était pas difficile de se perdre en conjectures.
Les possibilités d’études étaient nombreuses il fallait définir un cadre, ce que.
Pendant un temps, on s’intéressa d’abord aux objets que l’on pouvait prélever.
Ainsi fut ouvert un nouveau dossier, celui des amulettes.
Il était apparu rapidement aux équipes chargées de tirer des constatations, que sur quasiment tous les « corps », on relevait la présence d’innombrables symboles, certains dessinés à même la peau. Ceux ci étaient quelque fois visibles bien que très rarement car les corps n’étaient qu’un gros tas de matière décomposée et les squelettes étaient plus nombreux que les momies.
Cependant, on put tout de même faire quelques découvertes de momies tout à fait impressionnantes (elles avaient tout de même plus de vingt-cinq mille ans minimum). Pour le reste, les os étaient rendus très friables au contact de l’air, et l’on sauva ce que l’on put.
Le reste fut photographié ou dessiné après avoir procédé à des échantillonnages et des relevés biométriques.
Ainsi, des centaines de photographies étaient faites à chaque phase de l’avancement des travaux.
On trouvait des os de toutes tailles.
Hommes, femmes, enfants, tous avaient été sacrifiés et presque tous portaient des amulettes ou des signes magiques, destinés sans doute à faciliter leur passage dans les mondes parallèles.
Les amulettes étaient de cinq classes distinctes.
1. Des pendentifs d’oreilles.
2. Des tours de cou.
3. Des anneaux digitaux.
4. Des tours de poignets.
5. Divers types d’implants dans plusieurs parties du corps.
Ils étaient souvent en métal, parfois améliorés de matières minérales, certains révélaient de petits mécanismes très élaborés destinés sans doute à un rituel magique relatif au temps.
Sur certains, on pouvait observer des inscriptions écrites en cercle dont le centre portait un petit axe, parfois des branches, elles étaient de deux types distincts.
L’un représentait des caractères déjà observés sur d’autres supports mais organisés de manière différente.
D’autres plus rares représentaient des signes géométriques simples représentant des bâtons, des croix et des triangles incomplets la pointe dirigée vers le bas dans une combinaison mystérieuse avec une organisation paraissant à première vue évolutive.
D’autres bracelets portaient des inscriptions courtes ou d’autres symboles dont la signification échappait pour l’instant aux scientifiques.
Les tours de cou ainsi que les pendentifs d’oreilles offraient une quantité incroyable de formes, de motifs, de symboles, de pierres (d’origine naturelle ou chimiques).
Les chainons étaient parfois d’une grande finesse ou a contrario étonnamment gros ce qui pouvait être le signe d’une société ou d’une castre.
Dans ce cas, pourquoi étaient-ils dans la même tombe ? Peut être une famille et ses esclaves ?
On trouvait de nombreuses représentations de visages ou d’animaux.
Les tours de doigts étaient les plus nombreux.
Sur environ quatre vingt pour cent des doigts garnis découverts, on trouvait de simples anneaux de métal, quatorze pour cent des autres doigts étaient ornés de tours en matériaux divers tel que du verre, six pour cent des autres tours étaient en métal plaqué galvanisé, ce qui était le signe d’une société avancée.
Incontestablement, on se trouvait devant une civilisation fétichiste dont les fondements reposaient sur des symboles codifiant sans doute les castes, les milieux ou les rôles sociaux et religieux.
Peut être étaient ils tous des magiciens ou des prêtres ayant organisés ensemble un départ vers un monde meilleur ? Ceci expliquerait pourquoi ils étaient tous ensemble, organisés pour un départ en masse à un jour précis, sans doute orchestré par un alignement de planètes ou d’étoiles suffisamment rare pour que se justifie cette hécatombe.
Tout le monde y allait de son idée, mais personne ne pouvait affirmer une hypothèse pour expliquer ce qui, il y a maintenait des milliers d’années, avait conduit tous ces gens jusqu’ici. A n’en pas douter, cet événement devait revêtir une grande importance dans leurs esprits pour qu’ils y sacrifient ce qu’ils avaient de plus précieux, leurs vies.
A l’étude des ossements, on s’aperçu que tous n’étaient pas morts de la même façon.
Certains avaient été abattus à partir de projectiles en métal, d’autres avaient des traces laissées par des objets coupants sur leurs os, d’autres encore avaient les os brisés, parfois broyés, certains ne présentaient aucune séquelles.
On trouva dans les couches les plus profondes quelques résidus de feu et des cendres mêlées d’os et de dents.
On pense que les premiers devaient s’immoler par le feu pour ouvrir le chemin, puis les autres, sans doute, dans un état de transe, les suivaient en se suicidant ou en s’abatant entre eux.
Des objets que l’on pourrait apparenter à des armes furent retrouvés dans les ossements.
Certains corps présentaient les preuves d’une parfaite connaissance des principes de remplacement des organes défectueux.
On trouvait des corps ou l’on avait remplacé une articulation par une prothèse ainsi que des fausses dents.
Les prothèses étaient rudimentaires mais, à l’analyse, on pouvait observer les soudures qui affirmaient que les corps avaient bien supporté l’opération.
On remarqua dans un corps un appareil qui paraissait avoir été implanté sur un organe.
Un système mécanique destiné à remplacer ou corriger un organe défaillant, malheureusement l’appareil était en très mauvais état.
De nombreuses questions alimentaient les tables rondes quotidiennes, et les soirées filaient à une rapidité nouvelle animées de débats et de discutions enflammées.
- Comment se peut-il qu’une société primitive n’ayant aucune maitrise des sciences contemporaines et dont le culte était destiné à un dieu sanguinaire, une société n’ayant aucune connaissance de l’anesthésie découverte il y a un peu plus de cent ans, aucune maitrise de la stérilisation, découverte il y a cent cinquante ans, pouvait elle agir sur les corps de cette façon ?
- Comment alors que nous même ne greffons nos contemporains depuis une centaine d’années, une race oubliée, disparue de la surface du globe il y a une éternité, pouvait elle avoir accès à de telles pratiques alors que nous même, société hautement élaborée, disposant de savoir dont personne avant nous n’avait accès, possédant de grandes connaissances en chimie, physique, maitrisant l’atome, étant capable de voyager dans l’espace et plus vite que le son, nous rencontrons actuellement des difficultés quant aux mêmes procèdes ?
- Comment expliquer que ces êtres primitifs bardés d’amulettes magiques pouvaient disposer de tels savoirs ?
Difficile de trouver une réponse à ses questions qui secouaient la communauté scientifique jusqu'à faire supposer que ces connaissances étaient l’héritage d’hommes ou d’êtres venus d’une autre planète.
Nous étions sans conteste la société la plus évoluée qu’ait portée la terre.
Sans aucun doute possible, nous nous étions rendus maitres de notre planète grâce à plusieurs milliers d’années d’évolution, le développement extraordinaire de nos cerveaux primitifs nous avait permis de développer une mémoire universelle ainsi que des supports technologiques destinés à conserver et partager celle-ci.
C’est ainsi, grâce à notre culture que nous avions attend un état supérieur à toutes les autres espèces vivantes.
- Alors qu’étaient ces hommes, ces femmes, ces enfants ?
- Qu’étaient ces gens sacrifiés dans la nécropole ?
- Comment purent-ils développer ces techniques élaborées ?
- Pourquoi avaient ils décidé d’abandonner la cité en se suicidant ?
- Pourquoi s’étaient ils sacrifiés ?
- Étaient-ils naufragés sur la terre ?
Tant de questions se posaient qui ne trouveraient pas de réponse si facilement.
Il faudra des années pour savoir, était la phrase qui concluait les débats.
Plus les jours avançaient et plus les découvertes s’accumulaient.
Dans les catacombes, on découvrait dans les murs, derrière d’épaisses vitres, des idoles, des statuettes représentant des dieux d’autres temps.
Plus loin on découvrit une grande plaque émaillée recouvertes des signes particuliers qu’étaient l’écriture de la civilisation disparue tout de ronds et de barres.
De nombreux autres supports étaient recouverts de ces signes étranges, mais on ne pouvait que les photographier car au moindre contact, ils se décomposaient et retournaient à un état de poussière.
Seuls quelques matériaux permettaient la conservation des signes d’écriture. Ils étaient rares car dans la majorité des cas ils se trouvaient corrompu par un contact prolongé dans l’eau ils s’étaient occis, les alliages s’étaient séparés les pierres étaient le matériau qui conservait le plus facilement les traces du passé.
On comprenait en découvrant les objets de la nécropole que l’on était en face d’une civilisation curieusement primaire dans ses rituels, mais avancée technologiquement, ce qui laissait à penser que la société était compartimentée par des niveaux sociaux hermétiques.
Les dieux et les hommes.
De plus en plus, la thèse de la civilisation installée en colonie extraterrestre prenait de plus en plus de place dans les discutions animées par Édouard Night.
Un matin, enfoncée dans le sol et recouverte d’une épaisse couche de sable, on trouva une sphère en granit gravée de traits horizontaux et verticaux ainsi que de formes assemblées semblant former une carte de ce qui aurait put être la terre, sauf qu’aucun des continent représentés n’étaient connus sur notre planète.
Après plusieurs jours d’étude, le célèbre cartographe Constantin Mouilleau affirma que la sphère ne pouvait en aucun car représenter la terre.
- On peut en effet, déclara le cartographe, reconnaitre quelques points qui pourraient éventuellement, si l’on insistait à vouloir y croire, nous indiquer que cette sphère pourrait éventuellement représenter notre planète mais je ne puis affirmer que cette représentation est destinée à monter la terre autrement que sous forme d’allégorie. Selon moi, ceci représente une autre planète que la planète terre. Il est plus vraisemblable que cette mappemonde représente une autre planète, une planète nouvelle.
- J’affirme qu’il est impossible que ce globe représente la terre. Concluait-il.
- Les habitants de cette planète étaient donc des naufragés d’une autre planète qui s’étaient organisés selon toute probabilité dans cette cité, avant, sans doute par désespoir de ne pouvoir retourner sur leur planète d’origine, de se suicider en un rituel de voyage astral par la séparation du corps et de l'esprit. Repris Édouard.
- On peut donc comprendre l’extravagante utilisation de symboles, la représentation de leur planète perdue. En étudiant cette cité nous étudions une civilisation extraterrestre !
- Pensez-vous professeur Leblanc que ces êtres étaient sous le joug des géants ?
- C’est possible, cependant les textes affirment que les géants étaient pacifistes, ils n’auraient jamais organisé de tels sacrifices.
Cependant on peut penser que les géants se soient raisonnés après coup ce qui expliquerait leur volonté d’apaisement et leur quête de paix et de concorde.
- Pardon professeur mais les textes premiers des géants existent-ils ?
- Oui mais on ne peut y avoir accès, cependant il y a les copies, les légendes, les témoignages retranscrits générations après générations depuis des millénaires par les gardiens de la mémoire.
- Des témoignages mais pas de preuves tangibles.
- Certes non mais suffisamment pour nous avoir permis de retrouver la cité.
- C’est vrai.
- Nous avons à ce jour suffisamment d’extraits dans des milliers de documents pour pouvoir se faire une idée dans les grandes lignes, cependant ceci est un travail titanesque de décryptage, il va s’en dire que la majorités des textes sont corrompus, l’essence même des textes fut détruite par les hordes de sauvage à la recherche de cailloux et de métal. Le temps même a fait son œuvre et une grande majorité des textes qui son passé entre les mailles du temps n’ont put survivre aux inquisiteurs, les vrais manuscrits, du moins ceux que l’on dit vrai, n’existent qu’en supposition, ils seraient gardés depuis l’aube des temps dans les coffres de la société des amis de dieu.
- Si l’on devait synthétiser les messages que vous avez traduit professeur, à quoi le résumeriez-vous ?
- Amour.
- Amour ?
- Oui, Amour.
Le lendemain, on fit une nouvelle découverte dans un autre site.
C’était une grande tombe ou ne reposait qu’un seul corps, une femme.
La tombe portait des traces de pillage, la porte avait été forcée, cependant elle comportait encore un grand intérêt. Elle était vaste et contenait de nombreuses fresques murales sur les murs ainsi qu’une grande réserve de nourriture, destinées sans doute à accompagner la morte dans l’au delà.
On nomma le lieu « La tombe de la grande reine ».
Elle contenait des trésors : de nombreux objets à l’usage mystérieux, des amulettes, des disques magnétiques cobaltés, des réserves, deux grandes pièces destinées sans doutes aux prêtres qui accompagnaient la défuntes par des lamentations et des prières.
Il y avait de très intéressantes pièces de vaisselles ainsi qu’une grande salle de prière.
On pouvait observer la chambre funéraire dans un état de conservation remarquable, visiter la chambre d’embaument garnie de tous les moyens nécessaires pour préparer la défunte. Celle ci fut sans doute une grande régnante, car son caveau était de dimension tout à fait extraordinaire pour une simple mortelle.
Sur la table rituelle d’embaument, on pouvait deviner un ex-voto gravé à même le métal (certainement par un prêtre initié au rituel). On considéra ces écrits comme une formule magique destinée à protéger le lieu des mauvais esprits.
Il y avait un tour de doigt qui portait une formule magique joint à la gravure.
Quentin Leblanc qui faisait partie de l’équipe qui avait exploré le site sorti malade de la tombe.
C’est lui qui avait découvert la formule magique gravée et le personnel de recherche eut vite à l’idée qu’il fut ensorcelé par les mots à la signification inconnue.

Le lendemain, il était alité et mourant.
- Qu’avez vous professeur, les gens pensent que vous êtes victime de la malédiction.
- Non ce n’est rien, je suis fatigué, il n’y a pas de malédiction, c’est autre chose.
- Qu’est ce professeur, parlez moi.
- Voila, j’ai un cancer et j’ai perdu mes médicaments, sans eux, je suis condamné.
- Comment ?
- Oui, j’ai un cancer, une tumeur grosse comme une noix dans le cerveau, trop d’onde, trop de matières chimiques, j’ai soixante dix huit ans, je suis vieux, il faut que je meure c’est ainsi.
- Mais non, vous ne pouvez pas mourir, vous ne pouvez pas me laisser seule.
- J’ai pris mes dispositions pour que vous repreniez la mission comme responsable et je fais de vous ma seule héritière pour que vous continuez le travail que j’ai commencé je peux vous faire confiance n’est-ce pas ? Vous trouverez bien un autre professeur pour le reste.
- Mais, je… ne trouverais pas… un autre...
- Qu’avez-vous Valérie ?
- Il y a vingt sept ans vous avez rencontré une femme qui se nommait Danielle n’est ce pas ?
Le souvenir de Danielle émut profondément le professeur, c’est la seule femme qu’il n’ait jamais aimé.
- Comment savez-vous cela ?
- Je sais parce qu’elle me l’a dit avant de mourir.
- Vous connaissiez Danielle comment cela se fait il ?
- C’était…c’était…
- Votre mère ?
- Oui, c’était ma mère.
Des larmes coulaient abondamment des yeux de Valérie et du professeur.
- Oh mon dieu, j’avais cinquante deux ans et vous en avez vingt six, oh mon dieu Valérie, mon dieu, je… je suis désolé. Si j’avais su, si j’avais su…
- Ce n’est pas votre faute professeur, c’était son choix, elle m’a tout raconté, votre relation, vos recherches, ses aspirations et puis elle a compris qu’elle était trop jeune, qu’elle ne voulait pas vivre comme ça, et surtout, elle savait que vous aviez une mission, quelque chose qui ne laissait pas de place pour une vie privée, une famille, c’est pour cela qu’elle a décidé de partir.
- Oh mon dieu…
- Elle ne savait pas qu’elle était enceinte quand elle est partie, elle voulait juste que vous ayez la place de travailler et quand elle a sut qu’elle était enceinte, elle n’a pas voulu vous obliger, c’est pourquoi elle n’a plus donné de nouvelles et qu’elle a disparu.
- Comment savez vous que c’est moi ? Elle vous a parlé de moi ? Elle vous a dit mon nom ?
- Peu, elle m’a peut parlé, mais elle m’a parlé de vos yeux et puis quand elle est morte, elle m’a donné cette photo.
Et Valérie sorti de sa poche une vieille photo jaunie. Sur celle-ci on reconnaissait le professeur plus jeune et ses yeux étaient comme aujourd’hui. Il tenait dans ses yeux une femme d’une grande beauté et tous deux souriaient, on voyait qu’ils disaient un mot à l’objectif.
- Histologique ! dit Valérie.
- Ah, ah ! Oui, Histologique ! Ah ah ! C’est le mot que nous faisait dire Édouard lorsqu’il prenait cette photo.
- Elle était si belle et vous aviez l’air si heureux.
- Oui nous étions heureux mais je travaillais trop, j’ai tout gâché.
- Non professeur vous avez œuvré pour l’humanité.
- Mais comment m’as-tu trouvé ? m’as-tu cherché ?
- Non je ne vous ai pas cherché mais je vous ai trouvé, le hasard !
- S’il te plait ne me vouvoie plus ma petite chérie, mon enfant, voila que je te trouve quand ma vie me quitte.
- Non professeur, vous, tu ne dois pas mourir ! Pas maintenant !
- Et pourtant mon enfant je crois bien que cette fois ci la mort ne me lâchera pas comme ça. Pas de petite pilule, pas de vie, sommes nous peu de choses.
- Je suis heureuse de t’avoir dit ce secret qui me pesait beaucoup, je suis si fière de toi, de ton travail, de ton esprit, ton amour pour les autres, tes attentions, oh je t’aime tant papa.
- Ma chérie, ma toute petite.
- Oh papa !
Ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre et se serrèrent fort.
Quentin Leblanc respirait le parfum de sa fille et s’enivrait de sa présence.
Dans son esprit, des images défilaient rapidement, floutées par le temps, les images tombaient dans sa mémoire comme des millions de gouttes d’eau forment un torrent. Une vague de joie berçait son cœur.
Au bord d’un lac, enlacés, ils fixaient l’objectif de la camera que tenait Édouard.
Au fond, passait un nuage d’oiseaux migrateurs volant en V parfait, ils étaient heureux.
- Attention… Histologique ! Et puis la lumière du flash.
Quentin Leblanc lâcha son dernier souffle et mourut.







Chapitre XXV
-Des enfants pas comme les autres-

Paul avait beau essayer de se contrôler, il n’arrivait pas à quitter des yeux les deux petites créatures qui étaient sorties du ventre d’Agathe.
Comment d’aussi gros bébés avaient put tenir dans une seule femme ? Et leurs têtes ! La compression inter-utérine avait modelé leurs cranes de façon vraiment étrange.
Deux étranges bébés qui ne pleuraient pas, et qui en à peine cinq heures avaient ouvert leurs yeux et observait avec un air consciencieux ce et ceux qui étaient autour d’eux.
Claudine de son coté s’évertuait à composer avec ce qu’elle trouvait dans les réserves pour constituer un aliment assimilable pour les enfants.
Paul mesura les bébés et les pesa.
Adam mesurait 65 centimètres pour près de quatre kilos et la petite fille cinquante neuf centimètres pour environs trois kilos et demi.
- C’est anormalement grand pour des jumeaux n’est ce pas Claudine.
- Oui c’est grand Paul, je comprends qu’Agathe n’ait pas survécu à l’accouchement.
- Leurs cranes ont des formats anormaux et ces deux proéminence frontales me dérangent, ce n’est pas bon signe.
- J’espère qu’ils ne sont pas handicapés.
- Nous verrons bien, nous verrons bien.
Même s’ils étaient étranges, les bébés attiraient vers eux toutes les attentions et chacun leur versait un peu d’amour dans la coupe vide de leurs vies nouvelles.
Ils étaient le miroir de leurs espoirs et chacun cherchait à se reconnaitre un peu en eux, on leur apportait une attention constante.
Désormais les enfants étaient le centre du groupe et tout était fait pour qu’ils se sentent confiants et en sécurité.
Toutes les semaines ils étaient pesés et mesurés par l’équipe médicale qui se chargeait de préparer leur repas. Les soins quotidiens et les tétés étaient faits par tout chacun selon son emploi du temps, son envie ou sa disponibilité.
Au bout de quatre semaines les enfants avaient considérablement grandit et ils étaient en pleine forme.
Le garçon pesait près de six kilos et la fille près de cinq Tous deux avaient dépassé les soixante centimètres et Adam n’était pas loin de soixante dix.
Douze semaines plus tard Ève mesurait plus de soixante quinze centimètres et Adam quatre vingt deux.
Leur croissance était rapide mais régulière, ils ne grossissaient pas, ils grandissaient.
Les aliments préparés par Claudine devaient y être pour quelque chose.
Passé un an, les enfants avaient atteint le mètre et pesaient chacun quasiment dix kilos.
Ils parlaient correctement pour leurs âges et marchaient seul sur leurs jambes robustes.
En un an dans le chalet, ils avaient pleuré moins d’une dizaine de fois. Leurs pleurs d’ailleurs ressemblait plus à un gémissement étouffé qu’a un cri et cela n’avait jamais duré plus de cinq minutes.
Les capacités cognitives des enfants étaient hors du commune et leurs petits cerveaux avides de connaissances étaient comme des éponges, ils apprirent les mots, les couleurs et les chiffres avec une rapidité déconcertante.
Paul et Claudine n’avaient jamais vu des enfants comme ceux-là.
Leur patience semblait presque de la résignation comme s’ils avaient conscience du lieu ou ils se trouvaient et des conditions précaires qui étaient garantes de la sécurité de tous.
Si ce n’avait pas été des enfants ont leur aurait facilement attribué des qualificatifs comme empathie, compréhension et sagesse.
A un an et demi les enfants parlaient correctement et se déplaçaient avec aisance.
Leur taille avoisinait le mètre vingt et ils étaient de corpulence robuste.
Avec les moyens disponibles, chacun mettait du cœur à animer et éduquer les deux « petits »
- Vous vous souvenez de la sensation que nous avons ressentie avant de rentrer dans la banque ?
- Non laquelle ?
- Quand on courrait, je me souviens d’avoir eut la sensation que quelque chose me traversait, une onde, vous n’avez pas ressenti ça ?
- Non je ne m’en souviens pas, j’avais si peur !
- Je crois que nous avons été traversés par une onde radioactive.
- Bien sur, nous étions tous radioactifs quand nous sommes entrés ici. Il doit même rester quelques résidus en nous malgré la douche de décontamination que nous avions pris. Je peux vérifier si vous voulez.
- Oui vérifions, est-ce qu’il faut appeler les autres ?
- Oui.
- Bien je vais les chercher.
Pendant que Claudine était absente, Paul ouvrir rapidement le tiroir ou était le corps d’Agathe. Il fut surpris de trouver le corps intègre après plus d’un an et demi.
Rapidement il fit un relevé avec un des testeurs de radioactivité. Le corps d’Agathe révélait un taux supérieur à la normale. Il referma le placard et le remplit à nouveau de gaz conservateur, lorsqu’il entendit les autres arriver.
- Que se passe-t-il Paul ? Pourquoi nous avoir fait appeler ?
- Je pense que nous avons reçu une dose importante de rayons radioactifs, je m’en veux même de ne pas y avoir pensé plus tôt et je voudrais que nous vérifiions sur nous.
- Très bien, allons-y.
D’après les relevés, il semblait évidents qu’ils étaient tous hautement contaminés.
- Au moins on est sur que l’on va mourir d’un cancer pas vrai docteur ?
- C’est fort probable en effet mais il est possible aussi que nous vivions encore longtemps, c’est la roue de la vie, on ne peut rien prévoir, en théorie, nous aurions dut tous mourir lors de l’explosion de la bombe, nous sommes déjà rescapés plusieurs fois, de toute façon il nous faudra mourir un jour.
- Paul, j’admire ta capacité à exprimer les choses comme elles sont.
- Merci Fred c’est très aimable à toi. Bon. Ceci m’amène à penser que les enfants ont put muter à cause des rayons. Je pense que c’est la raison pour laquelle ils sont si grands.
- Et que leurs cerveaux ont de si grande capacités ?
- Oui tout à fait, je pense que nous avons affaire à une mutation sans précédent de la race humaine.
- Et bien !
- N’en gardons pas moins à l’esprit que ce sont des enfants, nos enfants.
- C’est évident. Acquiescèrent tous en même temps.
Les enfants étaient restés seul le temps des tests et quand les adultes retournèrent dans la pièce ou ils étaient, ceux-ci portèrent sur eux un regard compréhensif, complice.
La vie repris son cours dans le « chalet » rythmé pour certains de séances d’hibernation contrôlée.
A chaque réveil, les dormeurs racontaient tous la même chose. Ils avaient eut la sensation d’avoir vécu avec eux et lorsqu’ils sortaient de leur repos, ils ne s’étonnaient pas de voir les nouvelles couches de dessins qui recouvraient les murs ou les coupes de cheveux de certains.
Les enfants progressaient vite dans leur apprentissage et à trois ans ils avaient le niveau d’enfants de sept à huit ans.
Malgré leurs physiques étranges, personne ne s’étonnait de leurs développements. On savait pourquoi, et rien ne pouvait être changé. On se réjouissait de leur bonne santé et c’était un plaisir de discuter et de jouer avec eux.
Les enfants étaient très ouverts et rieurs, leurs grosses têtes étaient souriantes, et leurs corps épais agiles.
Un après midi, pendant la sieste, Claudine eut des visions. Elle se vit dormir comme si elle était spectatrice de son propre repos.
Cette vision la gêna et elle se réveilla.
Ève était en train de la regarder dormir avec un air étrangement communicatif.
A la vue du réveil de Claudine elle lui offrit son plus beau sourire et lui tendit son doigt coupé.

Un autre jour, quelques mois plus tard, pendant que les enfants dessinaient sous la surveillance de Fred, ce dernier se laissa glisser dans ses pensées.
Il s’imagina flânant dans sa ville natale. Il laissait errer ses souvenirs dans les rues de Menton, surtout la vue que l’on a de la vieille ville depuis la statue qui se trouve sur la jetée est du port de plaisance. Il força sa mémoire à élever dans le ciel le campanile baroque de la basilique Saint Michel et reconstruisait de mémoire l’empilage de vieilles maisons aux façades colorées qui forment le patchwork spectaculaire de la vieille ville des citrons.
Les fenêtres décalées, les escaliers à double volée qui mènent du port à la ville, les calades des ruelles de la cité et l’ambiance joyeuse des ruelles ombragées.
Il tenta de se rappeler la place du Cap, avec ses restaurants et son café, ainsi que le restaurant à frites situé dans la montée pour la vieille ville, puis à droite, le jardin en terrasse ou il avait l’habitude de s’installer pour déguster ses frites en regardant les passantes se rendre aux Sablettes pour leur bain de soleil quotidien.
Ce voyage intérieur le réconfortait.
Il s’imaginait encore dans le jardin devant le palais de l’Europe avec ses carrés fleuris et bien entretenus, il revoyait les mémés promenées par leurs caniches abricot nains qui les tiraient dans les passages gravillonnés ou elles s’arrêtaient, indifférente au petit animal épris de libertés pour laisser échapper de leurs bouches aux dents synthétiques, des banalités répétées tous les jours à la même heure, au même endroit, à la même personne qui n’écoutait pas, et débitait, elle aussi, son discours de la veille, ceci tous les jours jusqu’à la fin des temps, comme une trotteuse de pendule, qui, entrainée par une pile défaillante, marque la seconde en bougeant sans pouvoir avancer.
Son esprit glissa à Sospel et sa place décorée d’une belle calade aux galets noirs et blancs devant sa grande église, et puis le pont vieux en dessous duquel coulait un essai de rivière au cours capricieux et aux crues mémorables.
Quand il sortit de sa rêverie, il s’aperçu que les enfants arboraient un air satisfait et qu’ils avaient dessiné ses pensées.
Sur le dernier dessin on reconnaissait bien les deux arches du pont à péage et la construction centrale en forme de mini-maison.
En feuilletant les autres dessins, il s’aperçu que les enfants avaient dessiné Menton, le port, le musée Cocteau dans son bastion ou encore le décor de la baraque à frites puis un caniche nain en train de déféquer.

Quand il mit les autres au courant de son expérience, chacun relata une histoire plus ou moins identique. Valériane affirma même qu’une fois il lui avait semblé avoir posé une bouteille de jus de fruit sur la table et que, quelques secondes plus tard, lorsqu’elle voulu la récupérer, elle n’y était plus et se trouvait dans la main d’Ève sans que Valériane n’ait eut l’impression de voir bouger l’enfant pour l’attraper.
Denis avait remarqué que plusieurs fois, les enfants avaient devancé sa pensée par des actes ou des réponses à des questions non encore posées.
Tout le monde à un moment donné avait vécu une expérience avec les enfants, mais personne n’avait vraiment relevé le fait.
Lorsqu’on posa la question aux deux petits, ils répondirent qu’évidement ils pouvaient lire dans les pensées ou déplacer des objets avec la force de leurs esprits.
Ils étaient surpris de la question des adultes et leur affirmaient qu’il en était de même pour tout le monde d’ailleurs, plusieurs fois, les adultes s’étaient adressé à eux par la pensée quand ils étaient tout petits.
Le jour ou Ève pris la bouteille c’est parce que Valériane allait lui donner.
Dès lors, les habitants du « chalet » ouvrirent leurs esprits aux enfants pour qu’ils y puisent tout ce dont ils pourraient avoir besoin.

Chapitre XXVI

Chapitre XXVI

-Enterrés vivants-

A quatre ans, les enfants avaient intégré toutes les connaissances des adultes et discutaient avec eux de physique, de médecine, d’histoire, de science, de mythologie, d’art, de musique… etc.

Ils avaient appris et accepté leur propre histoire personnelles et, avec l’aide des adultes, ils se construisaient à partir de tous les matériaux qu’ils avaient puisé dans le cerveau des grands.

Un jour, la lumière rouge s’éteignit, et tous restèrent figé perdus devant cette lueur absente.

La lumière rouge était éteinte depuis deux jours. Le groupe s’était réuni pour en parler, et tout le monde était plus ou moins d’accord sur deux faits.

Soit elle était tombée en panne, soit c’était le signe qu’on pouvait sortir à l’air libre.

Libre ?

Fred réunit tous le monde encore une fois et déclara :

- Nous devons essayer de sortir, nous n’allons pas passer notre vie dans cette boite. Personnellement je me sentirais bien à l’air libre, j’ai presque oublié le plaisir qu’il y a à une bonne insolation. Il sourit à Claudine.

- Peut être que dehors tout va bien et qu’il est temps pour nous de retourner à la réalité qu’en pensez-vous ?

- Ça vaut le coup d’essayer, on ne va pas rester comme ça toute la vie hein ?

- Bien sur que non, en plus les systèmes de recyclage d’air et d’eau sont arrivés à un seuil critique.

- Il n’y a pas que lui, moi aussi je montre des signes de fatigue.

- Alors nous sommes tous d’accord ?

Fred parcourra tout le monde du regard et tout le monde était d’accord. Pour ça, pas besoin de mots, comme quoi…

- Parfait, si tout le monde est d’accord allons-y. Je propose de sortir le premier pour voir si ça n’est pas dangereux qu’en pensez-vous ?

- Si tu veux Fred, c’est ton idée. Vas-y.

Fred se dirigeât vers les réserves de vêtements antiradiation et en enfila un à sa taille. Il fourra quelques instruments de test dans une sacoche, puis il sorti du sas d’habitation. Tout le monde le salua silencieusement avec respect et lui firent, sans faire exprès, une mini haie d’honneur comme s’il partait à pied pour la lune. Une fois qu’il fut dans la sortie, on referma la lourde porte et Fred actionna son détendeur à oxygène en s’enfonçant dans le passage.

Le couloir par lequel ils étaient entrés en courant quelques années plus tôt n’était plus éclairé et Fred baignait dans une obscurité absolue. C’était la première fois depuis quatre ans. Il alluma sa torche électrique et à la bifurcation, il s’enfonça dans direction qui part vers le jardin public.

Environs cinquante mètres plus loin, il se trouvait devant la seconde porte, celle qui ouvrait sur dehors. Il essaya de la manœuvrer mais elle était coincée. D’un coup de hache arrachée de son socle, il la fit vibrer et tenta à nouveau de l’actionner.

Elle bougeât légèrement.

Encore quelques coups et la porte pivota doucement et s’ouvrit. De l’autre coté, la terre était accumulée en un mur infranchissable.

A nouveau Fred prit la hache et frappa dans l’aggloméra qui volait en éclat sous les coups répétés.

Au bout de plusieurs heures de travail, le tunnel était occupé par un gros tas de gravas de terre et de pierres mais il n’avait toujours pas accès à l’extérieur.

Fréderic était affamé et assoiffé, cela faisait des années qu’il n’avait pas produit un tel effort physique et sa réserve d’air était presque épuisée. La fatigue lui tétanisait les bras et malgré l’envie qu’il avait de sortir du bunker, il dut se résigner à faire demi-tour et annoncer à ses compagnons leur enterrement vivant.

- Oh mon dieu Fred ! Mais qu’est ce qui t’es arrivé ? s’exclama Claudine.

Fred offrait le spectacle d’un homme terreux, la combinaison couverte du sang de ses mains qu’il s’était écorché en creusant. A première vue il avait l’air d’un homme qui vient de se battre avec une bête féroce.

- Nous sommes prisonniers sous terre !

- Mon dieu et ce sang ?

- Quel sang ?

Au moment où il posait la question, Fred baissa les yeux sur sa combinaison puis regarda ses mains.

- Ah ça ? ce n’est rien, j’ai creusé la terre et je me suis blessé, c’est superficiel mais ce n’est pas le plus grand de nos problèmes.

- Le problème numéro un c’est comment sortir d’ici, il me semble que la couche est très épaisse.

- Comment peux-tu affirmer cela ?

- En fait je n’en sais rien, l’instinct, l’instinct de la taupe peut être. Non je ne sais pas, mais j’ai creusé près de trois mètres et je n’ai pas vu de différence dans la couche, je vais dormir je continuerais demain.

- Pourquoi demain ? Nous pouvons continuer maintenant, moi j’y vais repris Paul, je vais prendre ta tenue pour ne pas abimer les autres.

Paul mit l’équipement et s’enfonça dans le boyau de béton. Il y passa près de cinq heures puis revint.

Il n’était pas arrivé à un meilleur résultat et évaluait la longueur du tunnel à six ou sept mètres sans savoir à quel niveau se situait l’extérieur.

Denis repris la relève et partit creuser à son tour.

Depuis qu’ils étaient enfermés dans le « chalet », jamais ils n’avaient eut autant envie de sortir que maintenant.

C’est sans conteste grâce au matériel d’hibernation qu’ils avaient put laisser le temps glisser, et la présence des enfants avaient rendu le lieu vivant, intéressant.

Ça faisait des mois que l’idée de sortir était dans la tête de tout le monde mais jusqu'à maintenait personne n’avait osé en parler, même les enfants avaient compris que ce sujet, pourtant omniprésent dans les esprits, était tabou.

La décision prise il y a à peine neuf heures avait mit dans la tête des compagnons d’infortune des images oubliées de forêt et de soleil.

Leur obsession était pour tous la même : sortir.

Dussent ils y passer des jours et des jours, ils creuseraient jusqu’au soleil.

Plus ils avançaient dans leur excavation et plus les gravas encombraient le tunnel.

Bientôt, il n’était plus possible de creuser sans boucher le passage.

Il fallut décider entre remplir le bunker de déchets ou cesser les travaux d’excavation.

La décision fut vite prise et c’est naturellement le choix de déblayer ce que l’on pouvait du tunnel pour l’emmagasiner dans le bunker qui fut prise.

Cependant il fallait faire attention car à chaque ouverture l’air s’échappait et s’appauvrissait.

Si les travaux duraient trop longtemps le risque était qu’il n’y ait plus assez d’air disponible pour vivre.

On ouvrait et fermait la porte du bunker entre chaque voyage de déchets, et rapidement, cette dernière montra des signes de faiblesse. A chaque mouvement, elle devenait de plus en plus difficile à manœuvrer.

Il fallut cinq jours, soit environs cent heures de travail, pour percer la croute qui recouvrait les naufragés sous terrain. Une couche de près de vingt mètres de terre, de roche, de matières plastique et de végétaux agglomérés était sur leurs têtes.

Il faisait nuit quand Fréderic Ducas eut la chance de sortir en premier du tunnel une hache à la main.

Il faisait nuit et froid.

Le ciel était couvert et on n’y voyait goutte.

Seules quelques tristes étoiles brouillaient l’obscure cape de nuages.

La vue de dehors réchauffa le cœur de Fred et l’air était vivifiant et lui piquait les poumons.

Rapidement de violents maux de tête le saisirent et Fréderic fut prit d’étourdissements.

Il tomba à genoux et perdit connaissance.

Sa combinaison abimée par les travaux ne le protégeait pas des conditions extérieures.

Au bout d’une heure, ses compagnons inquiets de ne pas l’entendre frapper pour qu’on débarrasse les gravats décidèrent d’aller voir ce qu’il en était.

Ils allaient ouvrir la porte du sas quand Paul s’aperçu que le manomètre de pression extérieure avait bougé et que l’aiguille semblait trembler un peu.

- Regardez l’aiguille ! Je pense qu’il a percé !

- Il doit être en train de savourer la surface, voila pourquoi il n’est pas revenu

- Non, il a dut arriver quelque chose.

- Un de nous devrait aller voir.

- Je vais y aller moi, on ne sait pas ce qu’il y a dehors et c’est peut être dangereux.

- Dans ce cas je vais avec toi Paul !

- Moi aussi.

- Et moi.

- Allons-y tous, nous n’avons rien à perdre. De toute façon on ne va pas passer notre vie ici, il nous faudra bien sortir à un moment ou un autre.

- Non pas tous, moi je reste ici avec les enfants.

- Comme tu voudra Valériane.

- Bien, mettons tous les tenues hermétiques neuves, nous ne savons pas ce qu’il y a dehors, peut être qu’ils ont construit un fast-food américain sur notre tête, beurk !

Tous revêtirent les tenues et s’engagèrent dans le tunnel. Valériane referma la porte derrière eux.

Ils escaladèrent la galerie creusée dans la terre jusqu'à aboutir à l’extérieur. Juste à la sortie, par terre, Fréderic était allongé, inerte.

Ils se chargèrent du corps et retournèrent rapidement dans le « chalet » tous saignaient du nez.

- Est-ce qu’il est mort Paul?

- Non je ne crois pas Claudine, vite rentrons.

Fréderic fut installé dans le cabinet médical. Ils retirèrent l’équipement de Fréderic pour constater qu’il avait abondamment saigné du nez et son sang lui recouvrait le visage et le cou.

Ses amis crurent qu’il s’était blessés lors d’une rixe et c’est en le lavant qu’ils virent que ça n’était pas aussi grave que ce qu’ils pensaient. Ils constataient qu’eux aussi saignaient du nez mais beaucoup moins que Fred.

- J’ai eu peur qu’on l’ait attaqué. L’instant d’une minute j’ai pensé que nous serions bien mieux dans le « chalet « que dehors.

Malgré le contact de l’eau, Fred n’avait pas repris connaissance.

- Je vais lui faire un prélèvement sanguin pour voir s’il n’a pas été contaminé par quelque chose de pire.

Paul étudia le prélèvement sanguin avec son microscope. Il y avait un bon nombre de globules rouges et le sang de Fred paraissait normal, il semblait qu’il n’avait pas reçu une forte altération dehors. Par acquis de conscience il fit un échantillon de son propre sang et compara.

Son sang était plus épais, moins rouge et ses globules rouges étaient bien un tiers plus gros que ceux de Fred. Paul Pingeant pensa immédiatement à la présence de Nitrogène dans son sang. Ils avaient vécu trop longtemps dans le « chalet » et la pression atmosphérique de celui-ci était différente de celle de dehors. Voila pourquoi Fred avait saigné du nez et fait son malaise, de plus, il venait de travailler, donc sa pression sanguine était élevée.

Quant aux globules, l’explication était simple, l’air extérieur était plus pur que l’air recyclé du chalet leurs corps s’étaient adaptés à ce nouvel environnement. Les globules avaient grossi pour pouvoir transporter plus d’air car la qualité de l’air du « chalet » s’était détériorée, n’était plus assez riche en oxygène.

Au contact de l’air extérieur, le changement avait été si violent que les globules avaient éclatés ce qui avait crée l’hémorragie.

Heureusement, Fred n’avait pas saigné par les oreilles et ses yeux n’étaient pas trop rouges, son cerveau allait supporter le choc.

Tout le monde l’espérait.

Il y avait bon espoir de penser qu’il allait reprendre connaissance le temps que son corps se remettre de son « tilt ».

- Fred est un garçon solide qui à su faire preuve d’une bonne résilience jusqu’à maintenant. Il est résistant et s’en remettra. Il faut que nous aussi nous nous préparions au choc. Il faut faire quelques analyses extérieures et des sorties pour nous adapter.

Paul sorti faire les prélèvements. Quand il fut de retour, il considéra que les conditions étaient correctes pour prévoir une sortie.

Il n’y a pas de ville, je pense que les autorités n’ont pas voulu reconstruire Paris sur les ruines de Paris. La zone est certainement devenue un mémorial.

- Paul ?

- Fred !

- Tu nous as fait une belle frayeur l’ami, nous avons cru que tu étais parti diner sans nous !

- Que c’est-il passé, oh ! ma tête.

- Repose toi, tu as subit une décompression non contrôlée mais tu dois savoir de quoi je parle, tu as fait de la plongée tu connais les risques.

- Oui, ivresse des profondeurs, narcose, perte de connaissance, saignements, souvent la mort.

- C’est cela.

- J’aurais put mourir, encore.

- Ou tu es passé près de la mort mais tu as l’habitude n’est ce pas ? On dirait que la mort ne veut pas de toi. Comment te sens-tu ?

- Leger, bien, ça va.

- L’air de dehors est moins dense que l’air du chalet, la pression du chalet correspond à une profondeur d’environs trente cinq mètres sous l’eau il va falloir adapter nos corps à ce nouvel environnement.

- Doit-on faire des paliers comme en plongée.

- Oui sauf que l’on n’a rien pour faire ça à part la porte, ouvrir et fermer, c’est tout ce que l’on peut faire mais c’est risqué.

- Est-ce que l’on a un autre choix ?

- Non.

- Et bien ouvrons la porte qu’en pensez vous vous autres ?

- Ouvrons la porte ! répondirent-ils en chœur.

Ils ouvrirent la porte cinq minutes puis la refermèrent, ils la rouvrirent dix minutes et refermèrent encore. Le ballet dura pendant plus de deux heures.

Quelques uns saignèrent du nez y compris les enfants mais sans gravité.

Régulièrement, on donnait aux enfants un peu d’air comprimé des bouteilles.

Trois heures plus tard, tout le monde ayant bien saigné du nez, ils étaient prêts à sortir.

Depuis le bord de la galerie, ils voyaient le ciel devenir plus clair.

La nuit faisait place au jour.

Ils firent des réserves de tout ce qu’ils pouvaient, de l’eau, des aliments, une trousse de première urgence puis commencèrent à quitter le « chalet ».

Ils étaient tous dans la galerie quand Fred fit demi-tour.

- J’arrive, un instant, continuez, je vous rattrape.

Fred se rendit dans l’infirmerie se recueillir devant le tiroir mortuaire d’Agathe. Il prit une paire de ciseaux pointus et grava un message sur la table en inox pour si quelqu’un venait à découvrir le « chalet ».

Il fouilla dans sa poche et pris la bague de fiançailles qu’Agathe lui avait confié quand ses doigts gonflaient et que ça lui faisais trop de peine de la regarder.

Cet anneau lui rappelait Bernard.

Fred regarda longuement l’anneau et le posa sur la table en inox. Il embrassa la porte derrière laquelle reposait le corps d’Agathe, puis il quitta avec une pointe au cœur le lieu ou ils avaient vécu la vie, la naissance et la mort pendant ces derniers quatre ans, un mois et trois jours.

Il prit bien soin de refermer la porte derrière lui.

Dehors, le ciel s’éclairait, orangé.

Il n’y avait rien de plus à voir qu’une plaine à perte de vue, une longue plaine bien verte couverte de quelques arbustes.

Il y avait des animaux, des chèvres ou quelque chose comme ça, elles ne se sauvèrent pas en voyant le groupe d’humain sortir de la terre car c’était la première fois qu’elles en voyaient.

Au loin coulait une rivière, la ville n’était plus qu’un lointain souvenir.

Chapitre XXVII

Chapitre XXVII

-Que c’était il passé ?-

Comme toutes les usines chimiques et les centrales nucléaires cessaient d’être l’objet d’attentions constantes et que les quelques employés « militants » très dévoués à leur tache ne suffisaient pas à gérer les grands ensembles, les manomètres atteignirent les zones les plus rouge au bout du septième jour.

Les sirènes d’alarmes automatiques résonnèrent du refrain connu mais jamais entendu en dehors des temps d’exercice :

« Attention, code 5 : surchauffe dans le système de production, veuillez appliquer le protocole de sécurité.

Attention, Code 1, protocole 30, procédures 31-97 et 5. Les personnes non autorisés sont priées d’évacuer le site dans le calme ceci n’est pas un exercice. Attention …

Attention, code 5 : surchauffe dans le système de production, veuillez appliquer le protocole de sécurité.

Attention, Code 1, protocole 30, procédures 31-97 et 5. Les personnes non autorisés sont priées d’évacuer le site dans le calme ceci n’est pas un exercice. Attention …

Attention, code 5 …»

Les sirènes hurlaient leurs plaintes monocordes alors que les fuites s’étendaient rapidement à la superstructure.

« Attention, code 5 : surchauffe dans le système de production, veuillez appliquer le protocole de sécurité.

Attention, Code 1, protocole 30, procédures 31-97 et 5. Les personnes non autorisés sont priées d’évacuer le site dans le calme ceci n’est pas un exercice. Attention …»

Au bout de deux jours, la situation devint incontrôlable pour la poignée d’hommes restés sur les centaines de sites à travers le monde.

« Attention, code 5 : surchauffe dans le système de production, veuillez appliquer le protocole de sécurité.

Attention, Code 1, protocole 30, procédures 31-97 et 5. Les personnes non autorisés sont priées d’évacuer le site dans le calme ceci n’est pas un exercice. Attention …»

Les réacteurs commencèrent à chauffer dangereusement. La pression s’accumulait et rien ne pouvait être fait pour soulager les monstres nés de l’esprit et de l’ingénierie humaine.

« Attention, code 5 : surchauffe dans le système de production, veuillez appliquer le protocole de sécurité.

Attention, Code 1, protocole 30, procédures 31-97 et 5. Les personnes non autorisés sont priées d’évacuer le site dans le calme ceci n’est pas un exercice. Attention …»

Les émanations toxiques se rependaient dans les zones de fusion et les immenses sites se mirent à trembler…

« Attention, code 5 : surchauffe dans le système de production, veuillez appliquer le protocole de sécurité.

Attention, Code 1, protocole 30, procédures 31-97 et 5. Les personnes non autorisés sont priées d’évacuer le site dans le calme ceci n’est pas un exercice. Attention …»

Dans un éclair blanc, les centrales explosaient projetant leurs couvercles de béton de près de trois milles tonnes à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, crachant par la même des tonnes de détritus et des milliers de litres d’eau contaminée qui se rependaient dans les fleuves, ou tombaient en pluie fine sur des kilomètres alentours.

Au contact de l’air, l’hydrogène (emmagasiné dans les cœurs des réacteurs qui explosaient) libérait à son tour son énergie et laissait la matière exprimer toute sa puissance, rasant les centrales et tout ce qui se trouvait à plusieurs kilomètres à la ronde.

Sur toute la planète, les explosions en chaine, qu’on aurait cru réglées entre elles tant elles étaient exactes et s’organisaient en rythme, emportaient dans leur souffle des tonnes de matières qui s’envolaient pour être disséminées sur toute la surface du globe en milliard de projections, allant du roc au confetti.

Le ciel était rempli de nuages de poussières radioactives, de sable, de résidus de toutes sortes à tel point que le soleil s’obscurcit caché par les épaisses fumées émanées des ventres béants des génératrices, auxquelles s’adjoignait celle des volcans réveillés par les vibrations.

La force dégagée par les explosions était à ce point incroyable que la terre vacilla et pivota sur son axe, générant un déplacement d’énergie hors du commun.

En une vague démesurée à coté de laquelle le plus violent tsunami qu’on ait jamais constaté semblait un clapotis dans une baignoire, les océans se déplacèrent attirés par l’attraction lunaire.

En quelques minutes, ils bardèrent le monde.

Les iles furent lessivées par les vagues gigantesques qui les balayaient comme si elles n’existaient pas.

Les grands lacs et les mers intérieures s’élevaient en vagues démesurées dignes des plus effrayantes tempêtes du cap Horn.

Rien ne pouvait résister à la force colossale des flots bouillonnants.

La projection de grandes quantités d’air chaud dans l’atmosphère généra des courants d’air ascendants qui se transformèrent rapidement en dépression, moteur des cyclones, des ouragans et des tempêtes.

Les vents déchainés de plus de cinq cent kilomètres par heure emmenaient avec eux l’eau des mers et des rivières. Ils asséchaient les lacs entiers et soulevaient des tonnes de sable et de poussière.

La terre trembla et les volcans crachèrent leur sang brulant.

Partout sur la planète les tempêtes faisaient rage et les éléments outrepassaient leurs propriétés respectives.

En un souffle, les forêts les plus majestueuses, les plus impénétrables du monde, se couchaient comme épuisées.

Des milliards de joules étaient produit par les frictions et des éclairs accompagnés de pluie de foudre s’abattaient sur le sol, brulant tout leurs passages.

Perçant des trous dans la croute terrestre.

Les fleuves remontaient leurs cours, les plaques tectoniques se décrochaient et se déplaçaient déséquilibrées dans des grondements sourds et des craquements épais, la terre se remodelait après le choc.

La résilience terrestre était en mouvement.

L’astre engloutit ses montagnes et en une nuit fit disparaitre ses vieux continents pour les replacer par d’autres.

Emportés dans les airs, on voyait des pluies de glace tomber du ciel dans les zones qui furent celle du Sahara et de l’équateur.

De grands animaux s’envolaient, portés par de puissants cyclones.

Du fond des mers étaient arrachés des animaux marins dont on avait jamais eut connaissance de l’existence.

Tout était mis à jour sous l’effet des puissances déchainées.

Partout, il pleuvait de l’eau salée, boueuse, sableuse, mêlée de scories, de poissons, d’animaux déchiquetés, d’insectes et de toutes sortes d’objets.

Il pleuvait des cailloux, des végétaux, des carcasses de véhicules, du verre, il pleuvait tout ce que le vent avait réussi à porter dans le ciel.

Qui aurait cru en voyant ce déluge, ce cataclysme que la vie pourrait survivre ?

Et pourtant, un peu partout, dans les profondeur des nouveaux océans, dans les racines des arbres couchés au plus profond des forets ravagés, ici et là, une fois les eaux reposées, de petits museaux sortirent de sous la terre dévastée, quelques grands animaux aux membres brisés s’efforcèrent à quelques mouvements, quelques poissons bien cachés dans les failles sous marines, quelques insectes tapis dans quelques endroits secrets, osèrent s’aventurer hors de leurs cachettes, quelques humains mutilés avaient survécu.

Petit à petit, tous les êtres vivants qui avaient échappé à la catastrophe sortirent au grand jour attirés par la faim.

Et même s’il n’en restait qu’un couple, qu’une femelle enceinte, des oiseaux aux ailes cassées pondirent leurs œufs et doucement…doucement…

La vie reprit.

Chapitre XXVII

Chapitre XXVII

-Épilogue-

Dans un lieu tenu secret, Valérie Langeôt dirigeait une réunion d’une importance capitale.

Chacun des conférenciers avait devant lui un dossier préparatif filigrané « Confidentiel».

Ils s’étaient déplacés avec intérêt.

Digne fille de son père, courageuse et volontaire, terminait son intervention.

- « Voilà Messieurs ce que j’avais à vous dire, voila la raison de notre rencontre concernant les progrès réalisé. Pour finir, permettez-moi de vous donner quelques informations concernant les fouilles de la cité « Leblanc ».

Comme vous avez put le voir dans les dossiers qui vous ont été transmit, les découvertes stupéfiantes qui ont été réalisées.

Je puis en outre vous révéler plusieurs informations concernant les symboles découverts sur les différents supports rencontrés au cours des fouilles dirigées par Quentin Leblanc sur le site anciennement connu sous le nom de «la cité maudite », plus précisément sur « La tombe de la grande reine ».

Un silence religieux planait sur l’assemblée, tous attendaient de savoir.

- Le premier symbole que nous avons découvert et déchiffré est PI 314 nous pensons que ce signe porté sur le mystérieux message est un code laissé par les prêtres pour nous montrer qui maitrisaient les sciences de l’espace et les lois de la physique. Un autre signe est une date qui évoquerait vingt et un siècles, nous en concluons que cette civilisation c’est développé sur le même modèle pendant plus de deux milles ans.

Suivi d’une phrase que nous venons de traduire :

« Après le cataclysme,

Sommes six personnes

Et des enfants géants,

Nous partons ce jour en

Direction du soleil levant ».

Cette phrase nous assure de la présence de géants sur la planète, recoupant en cela les travaux de Quentin Leblanc sur l’existence de corps embaumés conservés secrètement dans un endroit que malheureusement je n’ai pas put situer.

Le professeur Leblanc affirmait qu’il les avait vus, nous n’en avons aucune preuve.

A coté des écritures nous avons trouvé un tour de doigt portant des signes mystérieux que nous pensons être la clé de voute de leur culture.

Nous l’avons étudié, malheureusement sans résultat ceci est un code relativement simple.

AB+BC=1+1=1 que cela signifie t’il ?

Je n’en ai aucune idée.

Tout ceci restant évidement hautement confidentiel.

Elle ferma son dossier dans un « clac ! ».

- Voila. merci de votre attention.

Tout le monde se levait et se réjouissait. Ils quittaient la table en laissant les dossiers qu’ils avaient lus sur celles-ci. Valérie Langeôt serra quelques mains puis elle fut entrainée par le bras par un homme qui semblait vouloir s’entretenir avec elle.

- J’ai des nouvelles pour vous mademoiselle Langeôt, Il semble que suite à un évènement extérieur lié à la climatologie, le site de fouilles n’existe plus.

D’autre part nous avons enfin situé les carcasses des deux navires ou ont pris place les équipes de chercheurs lors du retour de fin de chantier, il semblerait qu’il n’y ait pas de survivants et tous les prélèvements soient perdus dans la tempête.

Valérie Langeôt restait silencieuse, le visage impassible Anxieuse, elle mit sa main dans sa poche et laissait ses doigts glisser sur une petite boite en argent trouvée il y a une trentaine d’année sur un chantier de fouille, seul souvenir physique sa mission.

- C’est une zone de naufrage dangereuse mon général.

- Je suis très fier de vous mademoiselle Langeôt, dit l’homme en uniforme avec un sourire de fierté.

- Merci mon général.

Elle se mit au garde à vous.

- Rompez !

- J’ai une nouvelle pour vous mademoiselle Langeôt. Le comité directeur à décidé de vous remettre en guise de remerciement, et en gage se sa confiance, la direction du comité scientifique international. Je regrette d’avoir put douter de vos capacités Mademoiselle Langeôt.

Nous pourrions peut être téléphoner à ta mère pour lui donner la bonne nouvelle. Félicitation ma chérie

- Oh papa !

Au moment de téléphoner, il n’y avait pas de réseau.

Dehors des gens criaient.

Par la fenêtre, on pouvait voir dans le ciel se développer un grand nuage à l’allure synthétique qui semblait se former seul et à grande vitesse…

Fin.

Et après ?...

Sébastien A. BOUHOT 06 40 45 11 37

Le 11.07.2011 pour la version dactylographiée à Vittoria